jeudi 25 avril 2024

L’ESSENTIEL L’information simple comme bonjour

Fidel, c’est fini

Dimanche 24 février, Raul Castro a été élu chef de l’Etat cubain. Raul succède à son frère Fidel Castro. Fidel Castro, 81 ans, avait abandonné officiellement le pouvoir, mardi 19 février. Fidel Castro dirigeait Cuba depuis plus de 49 ans. Il était le symbole de Cuba et de la révolution cubaine.


Photo: Belga

Cuba est une île des Caraïbes de 111 000 km2 et de 11 millions d’habitants. Cuba est une image ensoleillée et originale du socialisme. Cuba est aussi un symbole de la résistance aux Etats-Unis, « un hameçon planté dans la gueule du requin impérialiste ».  Cette expression rappelle la forme de l’île, sa situation géographique et politique. Cuba est située à seulement 200 km des côtes américaines de Floride. Depuis 49 ans, Cuba était dirigé par Fidel Castro, le « Comandante » ou plus simplement « Fidel » comme l’appellent les Cubains. Fidel a dû abandonner le pouvoir à cause de l’âge et la maladie. Il a désigné son frère Raul comme successeur. C’est une page de l’histoire de Cuba qui se tourne.

Le n° 2 devient n°1

Comme prévu, Raul Castro, 76 ans, a donc été élu par les députés cubains. Il devient président du Conseil d’Etat et du Conseil des ministres. Raul Castro jouait déjà le rôle depuis plus de 18 mois. En juillet 2006, Fidel Castro très malade est hospitalisé. Il désigne son frère, Raul Castro, comme président intérimaire entouré de 7 personnalités. Fidel Castro fera encore quelques apparitions à la télévision mais il ne reviendra pas à la tête de l’Etat. Raul Castro est plus discret que son frère. Il a été « l’éternel n°2 » du régime. Raul a dirigé la révolution cubaine avec son frère Fidel et Ernesto Che Guevara. Et depuis 1959, il est ministre des forces armées. Or à Cuba, l’armée a un rôle très important.

La révolution ? Elle a été faite par des guérilleros, en tenue kaki et fusil au poing. Après la révolution, l’armée symbolise l’indépendance de Cuba face aux menaces des Etats-Unis d’Amérique. Les militaires cubains sont aussi intervenus pour aider à l’indépendance d’autres pays (en Angola, par exemple). A l’intérieur du pays, l’armée a une forme de contrôle sur la société. Elle intervient aussi beaucoup dans l’économie.

Raul Castro a 76 ans. Il ne fera sans doute qu’un seul mandat de 5 ans à la tête de l’Etat. Le temps qu’une génération plus jeune arrive au pouvoir. Raul Castro a promis de changer le système « cubain » à petits pas pour améliorer la vie quotidienne de la population. Il a aussi fait des propositions aux Etats-Unis pour négocier ce qui oppose Cuba aux Etats-Unis depuis 50 ans.

Symboles

Cuba et Fidel incarnent la lutte d’un petit peuple contre la domination américaine. La révolution cubaine, c’est d’abord un combat pour l’indépendance nationale et un combat gagné contre les Etats-Unis d’Amérique. Cuba résiste depuis 50 ans aux Etats-Unis. En 1959, les guérilleros de Fidel Castro renversent le dictateur cubain Batista. Sous Batista, Cuba était « le bordel » des Etats-Unis et la patrie des casinos. Les Etats-Unis acceptent mal le nouveau pouvoir cubain. En 1961, des mercenaires anti-Castro aidés par les Etats-Unis débarquent à Cuba pour reprendre le pouvoir: ils sont repoussés.

En 1962, les Etats-Unis découvrent que Cuba installe des missiles soviétiques. Celles-ci peuvent atteindre le territoire américain. Les Soviétiques démantèleront finalement leurs missiles. Ce que l’on appellera la « crise des fusées » montre que Cuba est passé dans le camp de l’Union soviétique pour se protéger des Etats-Unis. Et Cuba est passé aussi de la révolution nationale à la révolution socialiste. Il y a un seul parti, le Parti communiste cubain. Mais, sous le soleil des Caraïbes, Cuba et Fidel Castro incarnent un socialisme différent, plus ouvert, plus jeune que le socialisme soviétique né de la révolution de russe de 1917. Et puis, à côté de Fidel, il y a Ernesto Che Guevara, lui aussi héros de la révolution cubaine. Tout cela fait de Cuba et de Fidel, des symboles d’espoirs pour le Tiers-Monde. Depuis 50 ans, Fidel et Cuba gardent cette image de résistance. Malgré les problèmes. Et des problèmes, il y en a eu.

Depuis 1962, Cuba et Fidel ont résisté au blocage des échanges économiques, commerciaux et financiers décidé par les Etats-Unis. Ce blocus a été condamné de nombreuses fois par les Nations Unies. Mais il existe encore aujourd’hui et il empêche Cuba de se développer économiquement. Cuba et Fidel ont résisté aux menaces d’attentats menés par les services secrets américains. Les Etats-Unis mettent toujours une énorme pression sur Cuba. Pression renforcée par les Cubains qui ont fui l’île et vivent maintenant à Miami, en Floride.

Cuba et Fidel ont résisté aux désaccords avec Che Guevara, parti faire la révolution en Amérique latine. Cuba et Fidel ont résisté à la fin de l’aide économique soviétique sous Gorbatchev. Cuba et Fidel ont résisté à la chute du Mur de Berlin, à la fin des régimes socialistes d’Europe de l’est et à la disparition de l’Union soviétique en 1991.

Usure

Dans les années 1990, Cuba était seule mais « orgueilleusement seule », disaient les officiels cubains. Cuba continuait à narguer les Etats-Unis. Depuis quelques années, les choses changent en Amérique latine. Cuba a maintenant de bonnes relations avec le Brésil, l’Argentine, l’Equateur, la Bolivie. Surtout avec le Venezuela et son président Hugo Chavez. En 2004, Cuba et le Venezuela signent de grands accords commerciaux. Le pétrole venu du Venezuela aide beaucoup Cuba. Les médecins cubains sont envoyés au Venezuela pour soigner la population. Car la santé est un des acquis de la révolution cubaine. Tout comme l’éducation. Les Cubains en sont fiers.

Il y a quand même de gros problèmes à Cuba. Pas assez de logements, pas assez de transports. L’industrie sucrière, la principale ressource du pays, doit être réorganisée. Et pour l’alimentation, il y a encore des tickets de rationnement. Le blocus des Etats-Unis, renforcé encore par le président George Bush, n’explique pas tout. Il y a aussi un manque de liberté, un parti toujours unique, des prisonniers politiques…

A ces problèmes, s’ajoute l’usure du pouvoir. Et la révolution victorieuse de 1959 est un lointain souvenir. De moins en moins de Cubains ont connu les débuts enthousiastes du Cuba libéré du dictateur Batista. Les solutions aux problèmes quotidiens et aussi une participation plus démocratique  à la vie du pays sont d’ailleurs déjà en débat dans la société cubaine. Et avec Fidel qui abandonne le pouvoir, c’est, qu’on le veuille ou non, une page de l’histoire de Cuba qui se tourne. Fidel le sait. Il a quand même tenu à préciser qu’il interviendrait encore dans les débats sur l’avenir du pays « Je ne vous fais pas mes adieux. Je souhaite combattre en soldat des idées. Peut-être ma voix sera-t-elle entendue ? Je serai prudent. Merci.»

 

2 réponses

  1. L’article minimise, à mon avis, le problème des droits de l’homme à Cuba. Il n’y a qu’une phrase dans l’article qui parle de ces problèmes…

  2. Le journaliste synthétise bien la situation à Cuba mais je pense que certains points importants doivent être développés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos

Par son existence même, le site de l’Essentiel mène des actions pour encourager la lisibilité des textes écrits. Les articles du site www. journal-essentiel.be sont écrits dans un langage accessible à tous, quelque soit son niveau de lecture de départ. Et les mots incontournables sont expliqués dans un glossaire qui accompagne l’article. Mais le site s’inscrit aussi dans un combat plus large.

Articles récents
image-1
Pour aller plus loin
438231813_276328412207264_2100691291322586033_n
Palestinien, une identité à la carte
image
Voyager dans le cahier "De Palestine"
Newsletter

Restez informé, inscrivez-vous à notre newsletter, c’est gratuit et utile !

Nous suivre