Le 30 mars c’était l’Equal pay day. Equal pay day, cela veut dire en français: journée de la paie égale. Cette journée est l’occasion de réclamer une paie égale pour les femmes et les hommes. En effet, trop souvent encore les hommes et les femmes ne touchent pas le même salaire pour un même travail.
Une femme, le visage tout barbouillé de rimmel et de larmes. En bas, une légende : c’est pas sentimental, c’est salarial. C’est l’affiche de l’Equal pay day 2007.
Et c’est vrai qu’il y aurait bien de quoi pleurer. Dans les années 60, les féministes avaient un sloganphrase courte et frappante pour défendre une idée, une opinion. «A travail égal, salaire égal ». Aujourd’hui, ce slogan n’est malheureusement pas encore une réalité. Le combat pour le salaire égal n’est toujours pas gagné, même dans les pays industrialisés. C’est ce que la FGTBAbréviation de Fédération Générale des Travailleurs de Belgique. Sa couleur: le rouge., l’ABVV et Zij-Kant, organisateurs de l’Equal pay day, veulent rappeler.
Même dans les pays riches
L’inégalité de salaire est une des plus grandes injustices qui touchent les femmes dans les pays industrialisés. Ainsi, en Europe, les femmes gagnent en moyenne 15% de moins que les hommes pour un même travail.
Les femmes du Parti des socialistes européens organisaient une action sur l’égalité salariale le 22 février. En choisissant cette date, elles voulaient rappeler qu’en Europe, pour avoir ce qu’un homme gagne en un an, une femme doit travailler presque deux mois de plus… Jusqu’au 22 février plus ou moins. La situation n’est évidemment pas la même partout en Europe. L’écart de salaire entre les hommes et les femmes varie d’un pays à l’autre. Ainsi, en France, en Lituanie, en Hongrie, en Pologne, en Slovénie, en Suède … et en Belgique l’écart salarial est moins important.
La Belgique est donc plutôt bonne élève dans le domaine de l’égalité de salaire. Mais le problème, c’est que la situation n’évolue presque plus depuis 30 ans. On estime que les femmes, en Belgique gagnent entre 13 et 28% de moins que les hommes.
En Belgique
La FGTB a fait une enquête sur la situation en Belgique. Que nous apprend cette enquête? De manière générale, les hommes sont 56,88% de la population active. Ils devraient donc toucher 56,88% des salaires. Or ils en touchent 63,84%. Et les femmes qui sont 43,12% de la population active ne reçoivent que 36,16% des salaires versés.
En Belgique, le salaire mensuel brut moyen des hommes est de 2862 euros. Alors que celui des femmes est de 2113 euros. Pour une heure de travail, un homme touche, en moyenne, 17,8 euros bruts; une femme, 14,2 euros bruts.
L’écart de salaire varie selon les secteurs. L’écart est plus important dans les secteurs «riches». Ainsi, les hommes qui travaillent dans les banques ou dans les sociétés d’assurance gagnent 43 % de plus que leurs collègues féminines. Par contre, l’écart salarial est plus petit dans des secteurs plus « pauvres », où les salaires sont plus bas. Dans le secteur des hôtels, restaurants et cafés, les hommes ne touchent que 11,7 % de plus que les femmes. L’écart de salaire tend à diminuer mais très très lentement.
Pourquoi?
Il y a beaucoup de raisons à cette inégalité de salaires entre hommes et femmes. Tout d’abord, plus de femmes que d’hommes travaillent à temps partiel. Beaucoup plus… En 2004, 652 554 femmes travaillaient à temps partiel et seulement 135 662 hommes. Ce sont surtout les femmes qui travaillent à temps partiel pour s’occuper d’un enfant, d’un parent malade…
De plus, les femmes sont plus nombreuses dans les métiers les moins bien payés. Dans les métiers domestiques, il y a 84,1% de femmes. Dans les soins de santé et les services sociaux, il y en a 77,1%. Dans la fabrication de vêtements, 75,9%. Et dans l’enseignement, 67,4%…
Comme si cela ne suffisait pas, les femmes sont aussi victimes du « plafond de verre ». Peu de femmes occupent des postes à responsabilité et des fonctions dirigeantes dans les entreprises. Comme si un plafond de verre, une barrière invisible,les bloquaient.
Changer les choses
C’est la troisième fois que l’Equal pay day est organisée en Belgique. Cette journée d’action a déjà fait avancer les choses. En 2006 les organisateurs avaient demandé que l’on étudie les causes de l’écart de salarial. Un premier rapport officiel sur l’écart salarial vient de sortir.
Cette année, la FGTB, l’ABVV et Zij-Kant insistent pour que tous les pouvoirs publicsL'Etat, le gouvernement, les administrations travaillent ensemble pour diminuer l’écart de salaire. Par exemple, ils réclament de bonnes structures de soins, des gardes pour les enfants, des transports publics bien organisés. Ils veulent aussi que dans les écoles, on soit plus attentifqui veille, qui protège au genre. Il faudrait encourager les filles et les garçons à faire des études qui n’amènent pas toujours à un métier « fait pour les hommes » ou à un métier « fait pour les femmes ». On pourrait ainsi avoir demain plus de femmes ingénieurs… et plus de garçons professeurs. Une façon comme une autre de rééquilibrer les choses.
Nicolas Simon
Pour obtenir le rapport officiel complet sur l’écart salarial entre les femmes et les hommes :
http://www.abvv.be/PDF/fr/Dossier/Speciaux/femmes/ecartsalarial.zip