Le 4 novembre, environ 100 millions d’Américains voteront pour leur nouveau président. Enfin, pas tout à fait. Ils voteront pour des grands électeurs qui voteront, en décembre, vraiment et officiellement pour le président et le vice-président des Etats-Unis d’Amérique. Les Etats-Unis, c’est 50 Etats et la machine électorale est compliquée. Points de repère.
Le 4 novembre, environ 100 millions d’Américains participeront à l’élection présidentielle. Mais ils ne seront que 538 à voter vraiment et officiellement pour le président des Etats-Unis. Comment est-ce possible ? Aux Etats-Unis, les citoyens ne votent pas directement pour leur président. Dans chacun des 50 Etats, ils votent pour des « grands électeurs ». Les grands électeurs sont les porte-parole des électeurs de « base ». Il y a 538 grands électeurs au total. Pour être élu, le candidat doit avoir au moins 270 voix, soit la majorité absolue.
Pour chaque Etat, ce sont les responsables du parti qui choisissent les grands électeurs. Les grands électeurs sont des dirigeants du parti, des élus locaux, des proches du candidat. Ce sont des personnes en qui le parti a confiance. La loi n’oblige pas les grands électeurs à respecter le vote des électeurs de leur Etat. Mais dans la pratique, depuis la 1ère élection en 1789, plus de 99% des grands électeurs ont respecté le vote des électeurs de leur Etat.
Les Américains votent le 4 novembre. Les grands électeurs voteront, eux, le 15 décembre 2008 pour le président et le vice-président des Etats-Unis. C’est pour cela que l’on parle du « ticket » démocrate : Barack Obama avec Joe Biden comme vice-président. Et l’on parle du « ticket » républicain : John Mc Cain avec Sarah Palin comme vice-présidente. C’est pour cela aussi que l’on parle tellement de la personnalité des candidats à la vice-présidence qui peuvent influencer le choix des électeurs.
Les Etats n’ont pas le même poids
Chaque Etat a droit à un certain nombre de grands électeurs. Ce nombre est égal au nombre de sénateurs (toujours 2) + le nombre de députés de cet Etat à la Chambre. Le nombre de députés varie avec la population. Il y a 1 député pour les Etats les moins peuplés, comme le Montana par exemple. Il y en a 53 pour l’Etat le plus peuplé : la Californie. Le nombre de grands électeurs varie donc de 3 à 55 selon la population des Etats. Les voix de la Californie comptent donc plus que celle des 13 Etats les moins peuplés.
New-York (33 voix), le Texas (32 voix), la Floride (25 voix) sont aussi des Etats très importants pour l’élection. On peut dire que ce système est compliqué mais qu’il est démocratique : un Etat peu peuplé a moins de voix qu’un autre Etat, plus peuplé.
Par contre, il y a une autre règle qui peut surprendre. C’est la règle du « gagnant emporte tout ». Pour comprendre, prenons un exemple. Imaginons que les électeurs du Texas votent à 50,1% pour des grands électeurs républicains (donc pour Mc Cain) et à 49,9% pour des grands électeurs démocrates (donc pour Obama). Et bien, les 32 voix des grands électeurs du Texas iront à Mc Cain. Cela peut créer des surprises.
En 2000, George Bush a été élu président car il a eu 271 voix des grands électeurs. Pourtant, à la base, les Américains avaient choisi Al Gore, le candidat démocrate. Al Gore avait 540 000 voix de plus que Bush au niveau national. En plus, en 2000, il y a eu une grande bataille juridique après le vote. Car dans certains cas, l’organisation du vote n’est pas très fiable.
Machines de vote
Chaque Etat organise le vote à sa manière. Il peut y avoir des moyens très modernes comme l’ordinateur ou le vieux système du bulletin papier. Il peut y avoir beaucoup de bureaux de vote ou trop peu. En 2000, les démocrates avaient contesté certaines procédures de vote et certains comptages de bulletins.Pendant plusieurs semaines, on ne savait pas qui de Al Gore ou de George Bush allait gagner. Dans l’Etat de Floride, on avait commencé à recompter les bulletins. Finalement, c’est la Cour suprême, le plus haut tribunal du pays, qui a déclaré que le premier comptage était valable. Certains ont dit que George Bush avait « volé » son élection à la présidence des Etats-Unis. Même si en 2004, Bush a été réélu sans contestation. Pour les élections de novembre 2008, des milliers d’électeurs ont pris les devants. Pour éviter les trop longues files d’attente ou que les bureaux de vote soient débordés, ils sont allés voter plus tôt en déclarant qu’ils ne pouvaient y aller le 4 novembre.
Les « swing states »
Si on regarde la carte électorale des Etats-Unis de ces dernières années, on voit que les électeurs qui votent démocrate sont plutôt dans les Etats des côtes de l’océan Atlantique et de l’océan Pacifique. Les électeurs républicains se trouvent, eux, plutôt dans les Etats du centre et du sud du pays. Mais dans certains Etats, les votes sont difficiles à prévoir. Et avec la règle du « gagnant emporte tout », les résultats du vote dans certains Etats sont très importants. Ce sont les Etats qui balancent. En anglais, on dit les « swing states ». Dans ces Etats, les sondages montrent que les 2 candidats sont très proches. On ne sait donc pas prévoir le résultat. Les candidats sont donc très actifs pour essayer d’avoir la majorité des électeurs de ces Etats. Pour cette élection, 2 Etats à tendance républicaine sont considérés comme les « swing states » importants : la Floride et l’Ohio.
D’autres candidats
Dans la vie politique américaine, il y a 2 grands partis : le parti démocrate et le parti républicain. Il y a donc 2 grands candidats à l’élection présidentielle : le démocrate Barack Obama et le républicain John Mc Cain. Mais il y a aussi des petits candidats. Par exemple, il y a des candidats très à droite : un candidat très conservateur, un candidat ultrareligieux et ultranationaliste. Il y a aussi un candidat très à gauche, du parti socialiste américain. Il y a encore un candidat « écologiste », Ralph Nader. Nader se présente pour la 5e fois aux élections présidentielles américaines. Certains pensent qu’en 2000, il a pris des voix au candidat démocrate Al Gore. Et qu’Al Gore aurait peut-être pu gagner si Nader ne s’était pas présenté.
Les petits candidats n’ont ni l’argent ni les structures politiques pour espérer gagner les élections. Mais dans certains Etats qui « balancent », ils peuvent prendre des voix à l’un des 2 principaux candidats. Et donc favoriser la victoire de l’autre.
La carte des 50 Etats avec le nombre de grands électeurs par Etat
2 Etats n’appliquent pas la règle du « gagnant emporte tout » : le Maine et le Nebraska. Dans ces 2 Etats, les voix des grands électeurs sont mieux partagées selon le résultat du vote des électeurs de « base ».Pour les 50 Etats, le total des grands électeurs est égal au nombre de députés + le nombre de sénateurs : 435 + 100 sénateurs = 535 grands électeurs. Il faut y ajouter 3 représentants du district fédéral de Columbia (Washington DC). Pour être élu, le président doit obtenir au moins 270 voix des 538 grands électeurs.