vendredi 19 avril 2024

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Non à la guerre silencieuse

Jeudi 19 juin, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté une résolution. Cette résolution exige que les parties en présence dans un conflit armé mettent fin à tous les actes de violences sexuelles. Les représentants des 30 pays membres du Conseil ont tous voté la résolution. Les Etats-Unis présidaient la séance du Conseil de Sécurité. Et la secrétaire d’Etat américaine, Mme Rice, en a notamment profité pour critiquer la Birmanie où, "des soldats ont régulièrement violé des femmes et des filles âgées parfois de pas plus de huit ans".

Charles Michel, Ministre de la coopération au développement de la Belgique, a parlé du viol en tant qu’arme de guerre comme d’une pratique monstrueuse qui a tendance à continuer même après le conflit.

La résolution des Nations Unies ne règle évidemment pas le problème. Mais l’organisation américaine des droits de l’homme, Human Right Watch, a quand même dit que cette résolution était un«acte historique de la part de l’ONU qui a trop souvent ignoré le sort des femmes et des filles dans les conflits. »

Depuis de nombreuses années, Amnesty International et d’autres organisations, dénoncent le viol comme véritable arme de guerre. Dans une guerre, il y a des morts, des blessés, des destructions et toute une série d’autres violences comme les violences sexuelles. Le viol de femmes du groupe ennemi par les soldats vainqueurs est parfois considéré comme une récompense, un défoulement «mérités». Et le viol peut donc être toléré par les supérieurs militaires. Il y a pire encore.

Le viol peut être décidé et organisé à grande échelle. Il est alors une arme pour déshumaniser, humilier et chasser les civils d’une région. Le viol est un acte de torture lié au genre : les victimes sont des femmes, parfois très jeunes. Ce viol généralisé ne détruit pas seulement la femme mais aussi des populations entières. Le viol se fait publiquement. Les femmes, les familles et la communauté sont ainsi humiliées. Les conséquences du viol généralisé sont terribles. Elles durent encore longtemps après la fin de la guerre. Après le viol, comment la femme peut-elle se soigner dans une région en guerre et souvent pauvre ? Si elle est enceinte, comment avorter? Si l’enfant naît, comment l’élever? Les femmes violées sont souvent rejetées par leurs voisins et leurs communautés. Des femmes ont pourtant le courage de porter plainte. Mais la justice et les Etats prennent rarement en compte leur plainte. Car « on » préfère oublier.

Par exemple, on sait que 200 000 femmes ont été violées pendant la guerre entre le Bangladesh et le Pakistan en 1971. Après la guerre, le gouvernement du Bangladesh a créé des foyers pour les femmes violées. Des associations humanitaires ont aidé aux adoptions ou aux avortements. On savait donc. Les violeurs, des soldats pakistanais pour la plupart, ont été arrêtés, faits prisonniers de guerre et finalement renvoyés dans leur pays. Ils n’ont pas été jugés pour les viols qu’ils avaient faits. Dans les années 1990, on a voulu enquêter sur ces viols généralisés. Et on n’a plus trouvé de témoignages directs sur les crimes commis. Comme c’est souvent le cas dans les de viols généralisés.

Le viol comme arme de guerre a été utilisé en ex-Yougoslavie, en Inde, au Soudan, en Ethiopie, au Burundi, au Rwanda. Au-delà des actions des associations humanitaires et de défense du droit des femmes, il est important que les Etats condamnent le viol généralisé, fassent tout pour l’empêcher et punissent les coupables quand il a lieu. L’Organisation des Nations unies avait déjà voté, en 2000, une résolution importante sur «les femmes, la paix et la sécurité».

Jeudi 19 juin 2008, le Conseil de Sécurité va plus loin. Les représentants des 30 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU exigent que les parties en présence dans un conflit armé mettent fin à tous les actes de violences sexuelles et "prennent immédiatement les mesures voulues" pour protéger les civils, femmes et filles en particulier, contre toute forme de violence sexuelle. Et surtout, l’Organisation des Nations Unies va mieux s’informer sur les violences sexuelles faites pendant les conflits et en débattre au Conseil de sécurité. Cette résolution est aussi une menace contre les personnes suspectées de viol en cas de guerre. Ils pourraient être jugés par la Cour pénale internationale (CPI).

A cette occasion, le secrétaire général de l’ONU, Ban Khi Moon, a déclaré : « Faire face à cette guerre silencieuse contre les femmes et les filles demande une prise de responsabilité au niveau national. Les autorités de chaque pays doivent prendre l’initiative de politiques  pour lutter contre le fléau, et l’ONU doit apporter "son soutien". » Il a aussi ajouté : « Nous devons considérer ce problème dans le contexte plus vaste de l’autonomisation des femmes (…) Nous devons faire beaucoup plus pour les impliquer dans la prévention des conflits, les négociations de paix et la reconstruction une fois que les armes se sont tues. »

A lire aussi :
Le texte de la résolution de l’ONU
Le site du droit des femmes d’Amnesty International
Observatoire des violences sexuelles en cas de guerre 
L’Essentiel : Burundi, le viol malgré la paix (octobre 2007)

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