samedi 20 avril 2024

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Un pays artificiel dans le chaos

Le mois dernier, au Tchad, des rebelles ont lancé une grande attaque
jusque dans la capitale, N’Djamena. Ils voulaient renverser le président
en place Idriss Déby. Cette attaque a échoué, avec l’aide
de l’armée française. Mais les problèmes du Tchad
ne sont pas réglés
pour autant.


Photo: Belga

Le Tchad est comme beaucoup de pays d’Afrique. On n’en parle qu’en
cas de grande catastrophe, de guerre ou de coup d’Etat. Pourtant, au
Tchad, la situation est grave depuis plusieurs années. Tout d’abord,
le Tchad est un des pays les plus pauvres du monde. Ensuite, le Tchad abrite
plusieurs ethnies qui s’opposent. Enfin, à cause du génocide qui
se passe au Soudan, pays voisin, la situation du Tchad se complique encore.
Le mois dernier, le Tchad a fait l’actualité. Des rebelles du FUC avaient
lancé une grande attaque jusque dans la capitale tchadienne, N’Djamena.
Cette attaque s’est passée alors que le président Déby était à l’étranger.
Il est vite rentré au pays.

Pauvre et artificiel

Grand comme trois fois la France et très peu peuplé, le Tchad
est un pays indépendant depuis 1960. Mais il n’est indépendant
que sur papier. En réalité, la France influence encore énormément
la politique du Tchad. C’est d’ailleurs l’armée française
qui a fait échouer la dernière attaque des rebelles contre le
pouvoir en place. 1 100 soldats français sont dans le pays. De plus,
des avions français auraient livré des armes à Déby
pour lutter contre des attaques rebelles. La France a donc beaucoup d’influence
sur le pouvoir tchadien. Mais les pays voisins, surtout le Soudan et la Libye,
veulent aussi influencer la politique du Tchad.

A la décolonisation,
la France et le Royaume-Uni, se sont mis d’accord
pour créer le Tchad. Résultat? Le Tchad est un pays artificiel.
Il y a deux grandes religions différentes : l’islam et le
christianisme. Des groupes ethniques très différents y vivent.
Et le tracé des frontières divise ces ethnies sur plusieurs pays
de la région. Au Tchad, les alliances et les renversements d’alliance
entre ethnies pour prendre le pouvoir sont fréquents. Tout cela fait
que le Tchad ne connaît pas la démocratie. Le gouvernement du
pays est très autoritaire et souvent corrompu.

Noirs, Arabes et pétrole

Deux événements expliquent la tension qui ne cesse de monter
et le risque d’éclatement du pays. Il y a d’abord la guerre
civile au Soudan voisin. Le Soudan vit sous un régime islamiste extrémiste.
Pour des raisons politiques, la Russie et la Chine soutiennent le pouvoir au
Soudan. Le pays est peuplé d’habitants d’origine arabe et
de Noirs. Les Arabes sont de religion musulmane. Les Noirs sont chrétiens.
Une très grande région du Soudan, le Darfour, est en révolte
contre le pouvoir central depuis 3 ans. Cette province compte six millions
d’habitants. Surtout des Noirs. La révolte est écrasée
dans le sang. Cette guerre civile a déjà fait plus de 300 000
morts. Et 2 millions de réfugiés soudanais ont fui, principalement
au Tchad et en République Centrafricaine. Or, la majorité des
Noirs du Darfour sont de la même ethnie que le président tchadien,
Idriss Déby. Le Soudan accuse donc Déby de soutenir les rebelles.
C’est vrai, mais en partie seulement.En plus, au Tchad, les Arabes musulmans
s’opposent au président
Déby. Ils aident donc l’armée du Soudan à lutter
contre la rébellion du Darfour. Et le Soudan, de son côté,
appuie la rébellion tchadienne du FUC.

Le deuxième événement qui explique la crise actuelle est
qu’on a découvert du pétrole au sud du Tchad. Du coup,
l’alliance qui permettait au président Déby de se tenir
au pouvoir a éclaté. Chacun a voulu prendre l’argent du
pétrole. Pour lutter contre la pauvreté, le président
Déby s’était engagé face à la Banque mondiale à consacrer
une partie de l’argent du pétrole à l’enseignement
et à la santé. Cette promesse n’a pas été tenue.
Et la Banque mondiale a donc bloqué l’argent.

Personne ne peut
dire ce qui va arriver au Tchad. Le Conseil de sécurité de
l’ONU avait décidé d’envoyé au Darfour
une force de sécurité bien armée. Mais à cause
de la forte opposition entre le Soudan et la France, amie du gouvernement tchadien,
les choses sont bloquées. Et les massacres continuent.

Marc Vandermeir

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