La réforme des prépensions, les syndicats n’en veulent pas.
Mais le gouvernement veut quand même faire la réforme. La FGTBAbréviation de Fédération Générale des Travailleurs de Belgique. Sa couleur: le rouge. et
la CSCConfédération des Syndicats Chrétiens. Sa couleur: le vert. ont fait une grève générale et une grande manifestation à Bruxelles.
Leur message? Travailler plus longtemps, non. Créer des emplois pour
les jeunes, oui.
Photo: Belga |
Après de longues négociations, le gouvernement a sorti sa déclaration
de politique fédérale. Chaque année, le gouvernement annonce
ce qu’il va faire dans l’année qui suit. Le Premier ministre
Guy Verhofstadt a présenté le texte gouvernemental devant le
Parlement.
Le plan, c’est toute une série de mesures qui touchent aux fins
de carrière, au refinancement de la sécurité sociale et à une
diminution supplémentaire des charges sociales sur le travail. Un plan
pareil, ça se négocie normalement avec des partenaires
sociaux:
les représentants des patrons d’un côté, les trois
grands syndicats du côté des travailleurs. Mais le plan gouvernemental
2005 s’est conclu sans réel accord avec les syndicats. Le Premier
ministre fait la sourde oreille: d’accord ou pas, les mesures décidées
seront appliquées par le gouvernement.
Solidarité entre générations?
Aujourd’hui, la Belgique compte deux pensionnés pour trois travailleurs.
Le plan gouvernemental s’est donc penché sur la question des fins
de carrière. Si l’âge légal de la pension (65 ans
pour les hommes, 63 ans pour les femmes en attendant les 65) ne devrait pas
changer, celui des prépensions devrait s’élever. Avec le «contrat
de solidarité entre générations», les Belges devront
désormais travailler plus longtemps. D’ici 2008, l’âge
de la prépension passera de 58 à 60 ans et le nombre d’années
de travail nécessaire pour accéder à cette prépension,
de 25 à 30 ans. Des exceptions sont prévues pour les femmes,
les personnes travaillant de nuit, ou encore pour les métiers «lourds» (ceux
de la construction, par exemple). Le contrat de solidarité prévoit également
de créer des emplois pour les jeunes et d’aider davantage les
travailleurs plus âgés à retrouver du travail, quand ils
perdent leur poste à cause d’une restructuration.
Dans sa déclaration de politique fédérale, le gouvernement
a aussi prévu de réinjecter de l’argent dans les caisses
de la sécurité sociale mais pas par les cotisations patronales.
Ce qui signifie que les travailleurs coûteront encore moins cher à leurs
employeurs. Mais ces réductions supplémentaires ne concernent
que certains groupes de travailleurs: les jeunes de moins de 30 ans, les plus
de 50 ans et les travailleurs en équipe et de nuit.
Droit de grève… et droit au travail
Les syndicats sont mécontents du plan proposé par le gouvernement,
plus particulièrement du chapitre sur les fins de carrière. Et
ils comptent bien se faire entendre. Déjà avant la fin des négociations,
le 7 octobre, une grève lancée par la FGTB avait paralysé le
pays. Quelques jours après le bouclage du plan gouvernemental, les deux
grands syndicats belges, la CSC et la FGTB, ont fait une grève le 28
octobre.
Mais les patrons et même certains hommes politiques ont haussé le
ton. Ils ne sont pas d’accord avec les pratiques de certains grévistes
qui menacent les personnes se rendant au travail. Les patrons pensent que les
syndicats, en bloquant les entreprises ne respectent pas le droit au travail.
La grande journée de grève du 28 octobre a touché de
nombreux secteurs professionnels et de nombreuses entreprises. Il y a eu des piquets de
grève. Dans l’ensemble d’ailleurs, la grève et
les piquets ont eu lieu dans le calme. Certains se demandent même si
les mises en garde des patrons et de certains hommes politiques aux grévistes
n’étaient pas là pour détourner l’attention
sur le vrai problème social du moment: le plan gouvernemental. Près
de 100 000 personnes ont manifesté dans les rues de Bruxelles contre
le plan. Dans l’espoir que le gouvernement fasse marche arrière…
Ce n’est pas gagné.
Céline Teret