Baker, l’étoile noire

Le 22 mars 2021 publié dans Articles Lydia Magnoni

Dans le cadre de Femmes de Mars, Cinergie.be, la Bibliothèque Langlois, PointCulture, Campus Danse et Charleroi danse, nous ont fait découvrir le film "Joséphine Baker, première icône noire" d’Iliana Navaro. Une jolie découverte mise en contexte contexte Les circonstances, les conditions, les explications d’un événement, d’un fait, d’une action par Elodie Verlinden, Professeure à l’ULB d’histoire et esthétique de la danse...

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Mais qui était Joséphine Baker, première star noire ? L'événement nous invite à découvrir toutes les facettes de sa personnalité, et comment elle a fait évoluer les mentalités. Car L'histoire de Joséphine Baker , ce n'est pas seulement celle de sa célèbre ceinture de bananes. Joséphine a mené de multiples combats dans sa vie.

Joséphine Baker est née Freda Josephine McDonald, à St Louis, dans une famille noire pauvre du Missouri le 3 juin 1906, à une époque où les Afro-Américains n'avaient aucun droit.

Elle n'a que 7ans quand elle va travailler chez les Blancs.

Comme beaucoup de petites filles noires, elle s'occupe des enfants et des maisons des blancs. Ses patronnes blanches la traitent mal.

Un jour, elle fait trop bouillir l'eau de la vaisselle et casse des assiettes. Sa patronne blanche, en fureur, lui plonge les mains dans l'eau bouillante pour la punir.

Elle n'a que 13 ans quand elle quitte Saint Louis. Elle suit une troupe de théâtre itinérante (qui voyage).

En 1922, elle arrive à New York, ville du music hall. Dans un cabaret du quartier de Harlem, elle se fait embaucher comme costumière. Mais très vite elle est sur scène : elle danse comme personne.

Elle ose tout : elle fait rire, elle roule des yeux. Elle veut se faire remarquer par les blancs.

Et ça marche ! Elle rencontre un productrice blanche qui monte un spectacle noir à Paris. Elle embarque sur un bateau. Et en 1925, elle arrive à Paris. Elle n'a que 19 ans.

Le spectacle dans lequel elle est engagée à Paris n'a pas beaucoup de succès. Trop "sage", trop conventionnel. Mais Joséphine ose tout car elle n'a rien à perdre. Très vite, on fera appel à son audace et à sa fantaisie.

Joséphine est à la fois sexy et drôle. Elle danse les seins nus. Elle va sauver le spectacle. Elle est la reine de ce que l'on appelle les années folles, les années 1920, où tout le monde a besoin d’oublier les blessures et les deuils de la guerre 1914-1918.

Les critiques, les gens du monde, les artistes, le grand public... Tout le monde veut la voir. Pour les femmes, elle représente la femme libérée.

Joséphine danse un charleston complètement fou. Elle est à la fois clown et séductrice, américaine et africaine. Elle invente un style jamais vu. Elle a tous les talents : actrice, chanteuse, danseuse. Ce n'est pas la "sauvage" que les gens ont l'habitude d'imaginer. Elle en donne une autre image. Elle fascine par sa liberté et scandalise les bien-pensants. "Les baveux bavent, les intellectuels intellectualisent et le public s’amuse : il y en a pour tous les goûts."

Si en Europe, on acclame Joséphine et semble l'accepter, tout n'est pas parfait. Joséphine souffre car aucun des hommes qui l'ont aimée ne l'a demandée en mariage. On ne veut pas s'engager avec une femme noire. Elle chante : "Je voudrais être blanche".

En 1936, alors qu'elle est une star partout en Europe, elle tente de se produire aux Etats-Unis. Mais elle y est très mal accueillie : pour les Blancs, elle n'est qu'une négresse. Pour les Noirs, elle a abandonné les siens. Ce voyage la confronte avec les vieux démons de son pays d'origine : le racisme.

Joséphine rentre à Paris. Elle y est accueillie par son public. Mais Pépito, son compagnon et manager est mort pendant son absence. Pendant cette période, Joséphine sort beaucoup pour oublier sa solitude.

Joséphine Baker rencontre Jean Lion, un industriel français. Elle réalise son rêve d’épouser un prince charmant. Mais cette vie n'est pas pour elle. Elle divorce et reprend sa carrière.

Pendant la guerre, elle se bat contre le nazisme. "La France a fait de moi ce que je suis, en marge de tous les préjugés. J'étais prête à lui donner ma vie." Elle se sert de sa célébrité pour cacher qu'elle est en fait une espionne pour la France libre, pour la résistance.

Après la guerre, elle retourne aux Etats-Unis . Dans un état du Sud, elle entre dans la partie réservée aux blancs d'un snack. Elle est surprise que les noirs la critiquent pour cela. Mais elle comprend que ce qu'ils lui reprochent, c'est d'être une privilégiée.

Quand elle retournera aux Etats-Unis trois ans plus tard pour une tournée en Floride, elle posera ses conditions : pour ses spectacles, elle exige que le public noir soit admis au même titre que le public blanc. Une première à cette époque aux Etats-Unis. C'est un triomphe. Il aura fallu 25 ans pour ça.

Pendant sa tournée Joséphine Baker prend position pour les droits civiques. Mais le racisme la rattrape. Alors qu'elle fête son succès dans un club, on "oublie" de la servir. Elle dénonce cet acte raciste. II y a une manifestation. Accusée de communisme, elle sera expulsée des Etats-Unis.

Elle rentre en France, et avec Jean Bouillon, qu'elle a épousé en 1947, elle achète un château et adopte 12 enfants d'origines différentes. Elle veut faire une tribu arc-en-ciel. Une façon de montrer que tous les êtres humains sont égaux et que l'on peut vivre ensemble, dans le respect des différences de chacun.

En août 1963, Martin Luther King appelle les noirs à marcher pour leurs droits à Washington. Il demande à Joséphine Baker de les rejoindre. C'est en résistante qu'elle apparaît. Elle dit : " C'est le plus beau jour de toute ma vie". Elle dit aussi : "Vous ne pouvez pas échouer, le monde est derrière vous. "

Joséphine Baker, artiste complète et femme de combat s'éteint en 1975 à l'âge de 69 ans.

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