Décoloniser l’espace public


 Articles |  Congo, un passé encombrant >  Cahiers Le 23 septembre 2020 | Mise en ligne : Lydia Magnoni
Auteur : Céline Teret

Statues, noms de rue, monuments… Dans les villes belges, les traces du passé colonial sont partout. Beaucoup de ces monuments rendent hommage à des personnes qui ont joué un rôle dans la colonisation, une période sombre et violente. Des associations et des groupes de militants se mobilisent pour dénoncer cette situation. Ils organisent des visites guidées, ils déboulonnent ou dégradent des statues. Ils demandent que ces monuments soient expliqués et situés dans leur époque.


A Bruxelles, Namur, Liège, Anvers ou encore Ostende, dans une vingtaine de villes de Belgique, de nombreux monuments rappellent le passé colonial belge. Ces statues et monuments sont sur des places publiques, des squares, des parcs. La plupart de ces sculptures représentent des personnes de l’époque coloniale : des explorateurs ou des militaires. Le plus connu et le plus souvent représenté est Léopold II, ancien roi des Belges et colonisateur du Congo. De nombreux noms de rues ou de lieux publics rappellent aussi la colonisation belge. Léopold II est le nom d’un grand boulevard à Bruxelles, d’une place à Ciney, d’une rue à La Louvière, d’une avenue à Bruges… A Bruxelles, il y a encore le Boulevard Général Jacques ou la station de métro Pétillon, du nom du Major Arthur Pétillon. Cela met à l’honneur des anciens militaires belges qui ont joué un rôle dans la colonisation du Congo. Rien qu’à Bruxelles on compte environ 70 références à la colonisation dans l’espace public.

Un passé sombre… glorifié

Bien souvent, on passe à côté de ces statues, on marche sur ces boulevards, sans penser ni connaître l’histoire qui "se cache derrière". Car l’histoire coloniale a été faite de violences, de massacres et de pillages. La plupart des personnes représentées sur ces monuments ont participé à ce sombre passé colonial. Or, donner le nom de quelqu’un dans l’espace public, c’est une façon de l’honorer…
De plus en plus de personnes et d’associations s’opposent à cette glorification des hommes blancs de la colonisation. Car ces représentations montrent le passé colonial de façon positive, loin de la vérité historique. Elles donnent une fausse image de la colonisation dans des lieux où beaucoup de gens passent chaque jour.
Dans l’espace public, il existe peu de représentations de ce qui s’est réellement passé. Par exemple, on y voit peu de Congolais ou d’Africains. Il a fallu attendre 2018, 58 ans après l’indépendance, pour avoir une Place Lumumba, l’ex Premier ministre congolais, à Bruxelles. Lumumba a aussi désormais une plaque commémorative à Mons et une rue à son nom à Charleroi.

Visites guidées et actions militantes

Certaines associations proposent des visites guidées dans des quartiers et des villes de Belgique. Le but de ces visites ? Sensibiliser, éduquer les participants au passé colonial au travers des monuments et statues.
Des actions ont aussi lieu dans l’espace public pour dégrader ou déboulonner certaines statues. Depuis une dizaine d’années, la grande statue qui représente Léopold II dressé sur un cheval, près du Palais Royal à Bruxelles, est souvent dégradée, taguée ou peinte en rouge par des groupes militants militants personnes qui s’engagent et qui agissent pour défendre une idée, une cause. . La peinture rouge rappelle les violences commises au Congo pendant la période coloniale.
Récemment, avec le mouvement international Black Lives Matter (en français : « La vie des noirs compte ») suite à la mort de George Floyd, le débat autour de la décolonisation de l’espace public est revenu dans l’actualité. De nouvelles statues ont été dégradées. Partout en Belgique, il y a eu des pétitions pour que des statues de Léopold II soient retirées de certains lieux, comme à l’Université de Mons ou sur une place publique à Arlon.

Lire aussi notre article Racisme et violences policières

Détruire, déplacer, expliquer ?

Les militants pour la décolonisation de l’espace public voudraient que certains monuments soient retirés de l’espace public pour être ensuite détruits ou placés dans des musées. D’autres, dont certains historiens, s’y opposent. Ils sont très attachés aux traces du passé et souhaitent protéger ces monuments plutôt que les détruire.
Une autre solution proposée est de « contextualiser » ces monuments. Cela signifie : placer une explication du contexte contexte Les circonstances, les conditions, les explications d’un événement, d’un fait, d’une action à côté des statues, dans l’espace public ou dans les musées. Cela permettrait de montrer la réalité de l’histoire coloniale, d’expliquer les massacres et violences qui ont eu lieu pendant cette période. Une autre demande des associations : placer des statues et des noms de rue d’hommes et de femmes africains qui ont lutté contre la colonisation et pour la liberté des peuples. Pour rendre visible ce qui a trop longtemps été caché.

En savoir plus

Collectif Mémoire coloniale et lutte contre les discriminations
Bamko
« Empreintes du Congo belge dans l’espace public bruxellois », Inter Environnement Bruxelles.


Auteur : Céline Teret

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