Qu’est-ce que le sans-abrisme ? Qui sont les personnes sans-abri, sans logement, sans « chez soi » ? Pas facile de répondre à ces questions. En effet, les parcours de vie et les situations sont toutes différentes. N’importe qui, et n’importe quelle famille, à un moment donné de leur vie, pour des raisons différentes, pour une courte ou longue durée peuvent se retrouver sans logement. Certains vivent en rue et dorment dans des hébergements d’urgence depuis plusieurs années. D’autres passent d’un logement à l’autre, parce qu’un ami ou la famille veut bien les « dépanner ». D’autres encore, vivent quelques mois en maison d’accueil dans l’attente d’un logement social qui n’arrive pas ou dans l’espoir de trouver une location privée.
Définir le sans-abrisme
Le service officiel de l’Intégration Sociale définit le sans-abrisme comme : « une situation dans laquelle une personne ne dispose pas de son logement, n’est pas en mesure de l’obtenir par ses propres moyens et n’a dès lors pas de lieu de résidence, ou réside temporairement dans une maison d’accueil en attendant qu’un logement soit mis à sa disposition. » La Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA) donne une définition moins officielle de la personne sans-abri comme « une personne qui ne peut temporairement accéder à un logement à usage privatif adéquat, ou le conserver, à l’aide de ses propres ressources. »
Rendre visible
Il est aussi très difficile de savoir combien de personnes sont sans-abri. Il n’y a pas de chiffres officiels en Belgique. Heureusement, des associations qui luttent contre le sans-abrisme essaient de les compter. Elles comptent le nombre de personnes qui viennent dans les services d’aide aux sans-abri : hébergement d’urgence, maison d’accueil… Et comme certains ne vont pas dans les services d’aide, les associations font aussi des comptages en rue, sur une journée ou une nuit. C’est l’ensemble de ces données qui permet de calculer le nombre de personnes touchées par le sans-abrisme. C’est important de savoir combien il y a de personnes sans-abri. Car les autorités ont tendance à les cacher ou à les chasser.
Un recensement en 2020
Fin 2020, par exemple, un recensement, organisé par des universités, en collaboration avec des administrations et des associations locales, a dénombré les personnes en situation de sans-abrisme ou mal logées dans différentes villes belges. A Bruxelles, on comptait 5 313 personnes (4 380 adultes et 933 enfants). Sur ces 5 313 personnes, 49,8% étaient sans-abri, 21,5% sans logement et 28,1% en logement inadéquat. A Liège, on a compté 422 personnes ; à Arlon, 149 personnes ; et à Gand, 1873 personnes. Comme l’explique Marion Lorge, du Relais Social de Charleroi : « On sait qu’il y a une augmentation au fil des années, notamment du public jeune, donc des moins de 30 ans. Il y a aussi une part importante de femmes et d’enfants. »
Des personnes, avant tout…
Derrière ces définitions, derrière ces chiffres, il y a avant tout des êtres humains… Des hommes, des femmes, des familles qui se retrouvent dans une situation de grande précarité, parfois accompagné de problèmes de santé. De plus, des personnes sans-abri, il y en a toute l’année et pas seulement pendant les grands froids d’hiver lorsque les médias s’emparent du sujet et les politiques s’agitent (un peu) pour en parler…
Marion Lorge du Relais Social de Charleroi explique encore : « En Belgique, le secteur associatif d’aide aux personnes sans-abri est important. Mais au niveau politique, le souci, c’est qu’il n’y a pas une politique concertée de lutte contre le sans-abrisme. Ce sont des pièces de puzzle qu’on met ensemble et trop souvent, on se retrouve avec des trous dans ce puzzle. »
Auteur : Céline Teret