Quand on nous décrit par le menu les désastreuses conséquences du réchauffement climatique si on ne prend pas des mesures urgentes, on est pris de la subite envie d’isoler sa maison, d’installer des panneaux photovoltaïques, de rouler au colza et de délaisser le steak pour le quorn.
Et bien sûr, on applaudit à deux mains à l’implantation d’éoliennes et autres systèmes de production d’énergie verte, jurant ses grands dieux qu’on ne se laissera jamais, ô grand jamais, gagner par le phénomène Nimby (never in my backyard, qui signifie en français « jamais dans mon jardin »).
Et pourtant, cette semaine, je me suis surpris en flagrant
flagrant
évident, qui saute aux yeux
délit de pensées « Nimby » quand on m’a annoncé un projet de construction d’une unité de « bio-méthanisation » à un jet de pierre de chez moi.
C’est une sorte d’usine qui va fabriquer du bio-gaz à partir de fumier et de lisier. Le carburant ainsi produit servira à chauffer les bâtiments communaux de mon patelin.D’un côté, on élimine des déchets agricoles en les valorisant et de l’autre, on produit de l’énergie propre à moindre coût. C’est-i-pas beau tout ça ?
Oui, sauf que pour les riverains assez proches de la future installation dont je suis, on nourrit quand même quelques petites appréhensions.
D’abord, la matière première à partir de laquelle on va produire le méthane, il faudra bien que les fermiers du coin l’acheminent d’une manière ou d’une autre. Elle va pas venir par pipe-lines mais plutôt par tracteurs ou camions. On appelle cela le charroi.
Et puis il y a le procédé : on m’explique que cette unité fonctionnera comme l’appareil digestif d’un ruminant qui transformera des déchets verts et des déjections animales en gaz. Ce qui reste après que la dégradation biologique ait agi s’appelle le « digestat ». Bon appétit si vous passez à table.
Bref, on ne voudrait pas se montrer exagérément alarmiste, mais on ne peut s’empêcher de penser que ce ne sont pas des senteurs de Chanel n°5 qui vont sortir de cette espèce d’usine à proutes...
Soyons de bons comptes, les autorités communales questionnées par la presse sont rassurantes. Le charroi, d’un volume quotidien limité, sera tenu à l’écart des habitations.
Quant aux éventuelles odeurs, elles devraient êtres chassés du quartier par les vents dominants. Tout au plus subsisterait-il épisodiquement quelques effluves de ferme, concède un responsable.
Personnellement, l’épandage du fumier au moment des semailles ne m’a jamais dérangé -quand on fait choix d’un habitat rural
rural
qui concerne la vie dans les campagnes
, on en accepte les inconvénients- mais il y a odeur de ferme et odeur de ferme. Un léger relent toutes les lunes, passe encore mais si ça chlingue à longueur d’années, bonjour les braisiers en été.
Vous voyez je nage en pleins délires Nimby alors que je viens de lire intégralement le dossier spécial du Soir sur le Sommet de Copenhague. Et si j’étais simplement comme la plupart de mes semblables, bourré de contradictions ?
Roger
Vos commentaires
dupont
Le 15 avril 2012 à 20:36
Il y a de quoi être plein de contradictions,au plus je sais au plus j’hésite.
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