jeudi 28 mars 2024

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Droit de grève, droit humain

19 octobre 2015, c’est un jour de grève nationale contre les mesures du gouvernement de Charles Michel. Ce jour-là à Liège, 300 personnes, des grévistes bloquent un pont d’autoroute. A la télé le soir, on voit les images de feux de palettes sur le pont, de panneaux détruits, d’énormes embouteillages sur l’autoroute : 400 km de bouchons.

Tous condamnés

5 ans plus tard, le tribunal condamne 17 syndicalistes présents sur ce pont pour « entrave méchante à la circulation par leur présence sur les lieux. » Parmi les condamnés, des responsables syndicaux qui n’ont rien détruit et n’ont fait aucune violence. Ils étaient sur les lieux pour montrer leur solidarité avec les grévistes, mais pour le tribunal qu’importe, les 17 syndicalistes sont condamnés pour, dit le tribunal « entrave méchante à la circulation ».

Bloquer la circulation

Une « entrave méchante à la circulation », c’est-à-dire un blocage de voitures et peut-être même un blocage par malveillance, pour nuire. Pour le tribunal, les syndicalistes ont donc fait cela « par leur seule présence sur les lieux ». 11 syndicalistes sont condamnés à 15 jours de prison avec sursis. 6 dirigeants du syndicat sont condamnés à 1 mois de prison avec sursis. Une toute petite peine pourrait-on dire. Oui, une toute petite peine pour la justice tout court et pour ce que prévoit le droit pénal dans ce cas (jusqu’à 10 ans de prison). Mais une très lourde peine pour la justice sociale et pour les droits humains. Pourquoi ?

Injustice

Quand les gens font grève, c’est rarement par plaisir. Ils perdent de l’argent, ils sont mal vus par le patron et les chefs, ils vivent un grand stress. S’ils font grève, c’est pour garder leur emploi ou avoir un meilleur salaire ou encore être solidaires. avec d’autres travailleurs en difficulté. Une grève est souvent la réaction à ce qui est vécu comme une injustice.

Actions

Faire grève, c’est une façon de lutter contre une injustice sociale et de le faire savoir. Pour que la grève serve à quelque chose, il faut empêcher l’activité économique normale. Les grévistes peuvent bloquer les entreprises, mais parfois ils bloquent les voitures, les bus, les trains ou les bateaux dans un port. Une grève peut donc empêcher la circulation normale des moyens de transport. Ces dernières années, les autorités et la justice acceptent de moins en moins les actions de travailleurs et travailleuses les jours de grève et ils visent aussi leurs dirigeants syndicaux.

Des dirigeants symboles

En 2016 déjà, le président de la FGTB d’Anvers avait été condamné pour « blocage du port d’Anvers » lors d’une grève. En novembre 2020, ce sont 6 dirigeants du syndicat qui sont condamnés, dont Thierry Baudson qui était alors le président de la FGTB pour toute la Wallonie. Une condamnation qui est un symbole puisque Thierry représentait tout le syndicat de la Région wallonne. C’est donc d’une certaine manière tout le syndicat qui est condamné.

Droit de grève

Devant le tribunal, un syndicaliste accusé a déclaré : « Aujourd’hui, le seul moyen de faire passer un message, c’est de bloquer ». Mais pour le tribunal, il y a bien eu un blocage méchant de la circulation même, dit encore le tribunal, si ce blocage « faisait certes partie d’un schéma plus large ». Ce schéma plus large, c’est le droit de grève, le droit de manifestation.

Droits humains

À l’occasion de la journée internationale des droits humains, la Ligue des droits humains de Belgique a déclaré sa solidarité avec les syndicalistes condamnés. Pour la Ligue qui défend les libertés fondamentales des citoyens : « Le droit de grève donne une voix aux travailleurs et travailleuses et est une portée d’entrée vers leurs droits économiques, sociaux et culturels. La liberté syndicale et la liberté d’association ont permis d’obtenir la plupart de nos acquis sociaux et sont également à l’origine de la naissance de notre droit social. »
Condamner ces syndicalistes qui étaient sur les lieux au moment du blocage de l’autoroute, c’est, qu’on le veuille ou non, condamner le droit de grève et la solidarité. C’est, qu’on le veuille ou non, condamner d’une certaine manière la démocratie.

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