Dans l’histoire, le gouvernement a manipulé plusieurs fois l’indice des prix à la consommation pour retarder au maximum l’augmentation des salaires en Belgique. Il voulait ainsi préserver la compétitivité des entreprises.
La compétitivité, c’est le fait que les produits fabriqués en Belgique résistent bien à la concurrencecompétition entre entreprises pour être le plus rentable et gagner des marchés des produits fabriqués à l’étranger. L’idée est simple: si les produits belges sont moins chers, ils se vendent mieux à l’étranger. Oui, mais, dans certains pays, les salaires sont moins élevés qu’en Belgique. Et les travailleurs ont moins de droits sociaux. Or, le niveau des salaires influence le prix des produits…
Les partenaires sociaux s’opposent souvent sur la compétitivité. Dans le dialogue social, les syndicats parlent souvent de pouvoir d’achat. Les organisations de patrons parlent plus souvent de compétitivité. Pouvoir d’achat et compétitivité sont donc souvent opposés. Et c’est le gouvernement qui tranche quand les partenaires sociaux ne sont pas d’accord. Alors, pour éviter que les salaires n’augmentent trop avec l’index, il manipule parfois l’index.
Quelques exemples de manipulation
En août 1962, le ministre des Affaires économiques interdit aux personnes chargées de relever les prix de prendre en compte le prix des abonnements sociaux dans les transports publics. Les syndicats étaient contre cette interdiction qui faussait l’indice. Le ministre a finalement dû retirer cette mesure. En 1965, le même ministre décide de bloquer le prix des petits pains. Mais il laisse augmenter le prix de tous les autres produits de boulangerie. Le problème c’est que c’est justement le prix des petits pains qui sert alors de référence pour tous les produits de boulangerie dans l’index. Cette mesure, une fois, de plus, fait croire que l’inflationaugmentation générale des prix des marchandises est moins forte que ce qu’elle est réellement. Le ministre est finalement obligé de faire marche arrière.
En 1976, la loi Tindemans-Declercq supprime l’indexation automatique pour la partie du salaire au-delà de 40 250 francs belges de l’époque. Suite aux mouvements de protestation sociale, la loi est retirée en décembre 1976.
En octobre 1978, le ministre de l’époque donne instruction aux enquêteurs de relever le prix des «produits blancs» pour un certain nombre de «témoins» du panier de l’index au lieu des prix de produits de marque qui coûtent plus cher. Cette manœuvre permet de réduire l’index de 0,05 point. Les syndicats protestent contre cette décision. Finalement, la Commission de l’indice propose, en juin 1979, une liste qui réduit de moitié le nombre de «produits blancs» retenus.
Dans les années 1980, le gouvernement oblige la population à «se serrer la ceinture» et manipule encore l’index. Et en 1993, on crée, finalement, l’indice santé, une autre attaque contre le pouvoir d’achat.
Olivier Brouet
Une réponse
C’est lamentable et cela prouve à l’excès la triste image que les minitres désignés par nous ont du peuple Belge et donc des votants une bien piètre opinion et un mépris total de la famille ouvrière.