samedi 20 avril 2024

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Métis du Congo belge, les enfants du péché

Commençons par ce rappel : l’Etat belge a officiellement colonisé le Congo de 1908 à 1960. La Belgique a créé au Congo un système raciste. Les colons blancs avaient tous les privilèges, les noirs étaient victimes de ségrégation et de violences. Les noirs servaient les blancs et travaillaient pour eux. Et bien sûr, il n’était pas question d’union entre les blancs et les noirs ni donc d’enfants métis.
L’Etat belge ne pouvait pas accepter les enfants métis nés au Congo belge. Les pères étaient des colons blancs, les mères des noires indigènes souvent très jeunes. Si certaines femmes étaient consentantes, beaucoup étaient violées. Les enfants métis nés de ces relations sexuelles ont vécu des drames.

Les enfants du péché

On les appelait les enfants « mulâtres ». Un mot qui vient de mulet, l’animal né d’un cheval et d’une ânesse. C’était aussi les enfants « de la honte », les « enfants du péché ». Il fallait les cacher. Selon plusieurs historiens, l’administration coloniale avait peur que ces métis ne se révoltent et entraine dans leur colère la population noire. C’est ainsi que l’Etat belge a obligé les mères à abandonner leur enfant. L’enfant était élevé dans un orphelinat religieux et souvent maltraité.

Crime contre l’humanité

60 ans après l’indépendance du Congo, ces enfants métis réclament justice. 5 femmes volées à leur mère attaquent même l’Etat belge pour crimes contre l’humanité. Les crimes contre l’humanité sont des crimes imprescriptibles.
Ces femmes avaient entre 2 et 4 ans, quand elles ont été volées à leur mère dans les années 1940 pour être placées dans un orphelinat religieux. Lors de l’indépendance du Congo en 1960, les religieuses ont quitté le Congo en abandonnant les jeunes femmes.

Privées de mère, de famille, de droits

Le document présenté au tribunal par les avocats de ces femmes précise qu’elles ont été privées du jour au lendemain de leur mère, de leurs proches, de leur famille, de nourriture convenable et des soins les plus élémentaires. Elles ont été déracinées de leur propre culture, de leurs origines. Elles ont été privées d’identité, parfois victimes de violences, d’abus sexuels et de viols. L’Etat belge les a privées de toute possibilité de lien juridique avec leur famille pour pouvoir hériter par exemple.

Les excuses ne suffisent pas

Le drame qu’elles ont vécu vient d’un véritable système d’enlèvement d’enfants. En 2019, le premier ministre belge Charles Michel a d’ailleurs présenté ses excuses aux métis du Congo. L’Etat belge reconnait donc la ségrégation et l’enlèvement de 15.000 à 20.000 enfants métis. Pour ces 5 femmes, les excuses ne suffisent pas. Elles veulent que l’Etat belge soit condamné. Le procès s’est ouvert le 10 septembre.

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