On parle de bruxellisation d’une ville quand on détruit ses bâtiments historiques. Des conséquences de la bruxellisation: la spéculation immobilière, des chantiers fous et inachevés, des bâtiments vides, des quartiers désertés, des habitants dont on change le cadre de vie sans les écouter. Le mot « bruxellisation » vient du nom de notre capitale et de la capitale de l’Europe: Bruxelles. Brüsel de Schuiten et Peeters, est une BD de la série Les cités obscures. Brüsel est le reflet, l’image de Bruxelles.
Brüsel ne s’écrit pas Bruxelles comme en français ni Brussel comme en néerlandais. Brüsel est une ville imaginaire. Mais comme l’annoncent les auteurs dans l’introduction : «Des liens troublants unissent Brüsel, l’audacieuse métropole des Cités obscures, et la ville de Bruxelles, livrée depuis un siècle et demi à l’appétit des politiciens et des promoteurs.»
Brüsel est bien une ville imaginaire. On est dans le monde du fantastique. On ne sait pas si on est dans le passé ou dans le futur. L’histoire est celle d’un fleuriste. Il transforme son magasin car il a décidé de vendre des plantes artificielles et plus de vrais végétaux. Ce fleuriste vit à Brüsel, au bord d’une rivière, la Senne. A cause d’une coupure d’eau, il doit aller au «Palais des trois pouvoirs» pour régler le problème.
C’est là qu’il découvre, par hasard, la maquette du nouveau Brüsel. Un projet imaginé par le bourgmestre, quelques échevins, des architectes et un promoteur immobilier.
Brüsel, façade de Bruxelles
La maquette de Brüsel est un projet énorme et fou. Ce projet prévoit de recouvrir la rivière, de raser les quartiers populaires et de construire des grands boulevards.
Les allusions à Bruxelles sont transparentes. Le Palais des trois pouvoirs de Brüsel ressemble étrangement au Palais de justice. Ce Palais trône sur la ville de Bruxelles. La Senne est une rivière de Bruxelles qui a été voûtée au 19e siècle. A la place de la rivière, on a construit de grands boulevards. Des maisons et des rues entières ont été détruites. Des milliers de personnes ont été expulsées. Le but de ces travaux était d’assainir la ville. Mais rien n’était prévu pour reloger les expulsés souvent pauvres. Ils sont donc allés dans d’autres quartiers déjà surpeuplés. Ou alors, ils ont quitté la ville.
Dans la BD Brüsel, le promoteur accusé de malversations s’enfuit. C’est ce qui est vraiment arrivé à Bruxelles au 19e siècle. C’était pendant le chantier où on a recouvert la Senne. C’était une entreprise privée anglaise qui était chargée des travaux. Un des actionnairespropriétaires d'une partie du capital d'une entreprise de l’entreprise a détourné de l’argent. Dans Brüsel, on fait aussi allusion à d’autres grands chantiers comme la jonction du chemin de fer Bruxelles Nord-Bruxelles Midi, comme les tours du World Trade Center du quartier Nord.
Brüsel, une déclaration
Dans Brüsel, on voit les habitants résister aux démolitions. On lit aussi une histoire d’amour entre le fleuriste et une curieuse et séduisante employée de l’administration. On voit le progrès en marche avec ses avantages et ses folies. On lit aussi une histoire d’amour pour une ville. Dans l’introduction à Brüsel, l’auteur Benoît Peeters écrit : «Défiguré, massacré, parsemé de tours anonymes et de bureaux à louer, Bruxelles aurait tout pour déplaire. Et pourtant de ce chaos (…) naît un charme bien réel. (…) C’est le Bruxelles qui change de style sans crier gare, le Bruxelles grec ou marocain, le Bruxelles turc ou zaïrois (congolais), le Bruxelles des dimanches de pluie et de la Foire du Midi, des silhouettes reconnues aussitôt que croisées. Ce Bruxelles que nous ne pouvons nous empêcher d’aimer.»
Info :
Schuiten-Peeters, série Les Cités Obscures, Brüsel, Editions Casterman, 18,95 euros, réédité en 2008
Site internet très particulier de François Schuiten
Une réponse
Bruxelles a une âme.C’est le coeur du pays ,c’est une grande dame qu’on se doit de respecter pour sa diversité.Dans les anciens quartiers qu’on disait insalubre et où vivaient des gens pauvres,il y avait LA SOLIDARITE,dans ces grandes tours dites sociales,l’insécurité a pris sa place.