mardi 5 novembre 2024

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Gisèle P., militante, pas martyre!

En France, dans la ville de Mazan, un procès pour viol s’est ouvert début septembre. Dominique Pelicot est accusé d’avoir pendant 10 ans drogué son épouse Gisèle pour pouvoir la violer et la faire violer par des dizaines d’hommes. Au-delà des crimes de cette affaire, c’est aussi la culture du viol qui est en cause.

La honte change de camp

Le procès s’est ouvert début septembre, il va durer 4 mois. Gisèle P1., l’épouse violée a refusé le procès à huis clos, dans l’ombre. Elle a demandé que le procès soit public, au grand jour. Et c’est remarquable. Cela rappelle le combat d’une autre Gisèle, Gisèle Halimi. Gisèle Halimi était avocate et féministe. En 1978, elle a été l’avocate de 2 femmes violées. Elle les a convaincues de demander un procès public. Gisèle Halimi disait à l’époque : « Nous pensons que la femme victime de viol ne doit pas se sentir coupable et qu’elle n’a rien à cacher. » En 2024, Gisèle P. poursuit ce combat. Son avocat a déclaré : « Gisèle P. souhaite sensibiliser le plus largement possible (…) Elle se dit qu’elle n’a pas à avoir honte, que la honte doit changer de camp. »

Gisèle violée

Dominique Pelicot est arrêté en septembre 2020. Il avait filmé sous les jupes de plusieurs clientes d’un grand magasin. Les clientes portent plainte. Les policiers décident de faire une perquisition au domicile de Dominique Pelicot. Ils saisissent un disque dur contenant 128 dossiers avec des noms, des dates et des milliers de scènes de sexe. On y voit toujours la femme de Dominique Pelicot, inconsciente, violée par un homme. Sur les vidéos, on voit 72 hommes différents qui l’ont violée. 51 d’entre eux ont été identifiés. Cela duré duré 10 ans, de 2011 à 2020.

Le mari qui consent

Le mari reconnait tous les faits. Une dizaine d’accusés reconnaissent aussi avoir violé. Les autres, non. Pour se défendre, ils ont dit qu’ils pensaient que la femme était consentante. Certains ont dit qu’ils croyaient que la femme était timide et prenait des médicaments pour être inconsciente pendant l’acte sexuel. Un des accusés a dit qu’il croyait que c’était un jeu du couple. Un accusé a déclaré : « À partir du moment où le mari donnait son consentement, c’était bon, je pouvais y aller. » Cette déclaration donne tout son sens à cette affaire et à ce procès public. Ce qui est en cause, c’est la culture du viol.

La culture du viol

La culture du viol est encore bien présente dans nos sociétés. Cette culture encourage les hommes à être violents contre les femmes. En fait, les hommes dominent la société. Les hommes ont tendance à s’approprier d’une manière ou d’une autre le corps de la femme. Ils ont tendance à la considérer comme un objet, comme une chose. C’est pour cela que les femmes subissent des violences simplement parce qu’elles sont femmes. Et les hommes trouvent souvent cela normal.

Le violeur, l’homme « normal »

Dans cette affaire de viol, on voit que les hommes violeurs sont des hommes « ordinaires ». La fille de Dominique Pelicot, le mari violeur, a dit que son père l’emmenait gentiment à l’école quand elle était petite. Un des accusés est arrivé en retard au procès parce qu’il avait conduit son enfant à l’école… Ces hommes viennent de milieux sociaux différents, le plus jeune a 26 ans et le plus vieux a 74 ans. Dans les violeurs accusés, il y a quelques hommes qui avaient déjà commis d’autres violences sexuelles et il y a aussi des « Monsieur tout le monde ».

Gisèle militante

En voulant que son procès soit public, en témoignant avec dignité, Gisèle P. n’est pas une martyre de la cause des femmes, elle est une militante. L’écrivaine Lola Lafon a écrit dans le journal Libération : « (…) Gisèle a été l’objet d’une entreprise de destruction menée par un homme, son mari, qui n’a rien laissé au hasard ; un système, pensé, organisé dans ses moindres détails. Elle a vécu un calvaire ; mais qu’on ne fasse pas d’elle une martyre, une de ces icônes muettes au regard baissé (…) En refusant le huis clos, Gisèle exige de nous que nous regardions, que nous lisions, que nous écoutions. C’est bien le minimum. » On pourrait peut-être ainsi s’interroger sur ce que disent les féministes depuis des dizaines d’années : dans notre société, il y a quelque chose qui ne va pas entre les hommes et les femmes. 

« Toustes » avec Gisèle n’est pas une faute.
Cela veut dire tous et toutes avec Gisèle,
les hommes et les femmes.
  1. Nous n’écrivons pas le nom de famille de son mari. Gisèle a divorcé en 2020 et a donc son nom de jeune fille. ↩︎

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