chinois

Face à l’arrivée massive de textiles chinois sur leur marché,
les Etats-Unis, puis l’ UE, ont demandé au gouvernement chinois
de limiter son exportation de textiles. Les Américains ont déjà imposé des
restrictions à certaines catégories de produits. L’UE envisage
de le faire. Dans ses déclarations, la Chine a durci sa position. Mais
dans la pratique, elle a fait quelques gestes.

En mai dernier, les Etats-Unis annonçaient qu’ils allaient limiter
les importations sur leur territoire de trois catégories de produits
textiles fabriqués en Chine. Une semaine plus tard, les Américains étendaient
ces limitations à quatre nouvelles catégories.

Pour sa part, Peter Mandelson, le commissaire européen pour le commerce,
annonçait le 17 mai qu’il voulait limiter d’urgence les
importations chinoises de tee-shirts et de fils de lin. Et une enquête
est menée sur neuf catégories de produits textiles pour lesquels
le marché a été fortement perturbé par les importations
chinoises. Après avoir prié la Chine de limiter elle-même
ses exportations, l’UE et les Etats-Unis ont élevé la voix.
Ils sont poussés par leurs propres industries et secteurs textiles.
Ceux-ci ne peuvent pas résister face aux produits asiatiques. Cette
situation était pourtant parfaitement prévisible.

Crise prévisible

Il n’y a plus de règles spéciales pour le commerce du secteur
textile depuis le 1er janvier 2005. C’est la dernière étape
d’un processus commencé depuis plusieurs années. Depuis
janvier 2005, les quotas, notamment, n’existent plus. L’industrie
textile est maintenant soumise aux règles normales du commerce international.
Comme les produits chinois sont très bon marché, ils ont donc
un énormenombre qui donne la mesure règlementaire succès auprès des gros acheteurs américains
et européens. Les produits textiles plus locaux sont donc délaissés.

En Europe, au cours des premiers mois de l’année, les importations
en provenance de Chine ont augmenté de 187% pour les tee-shirts et de
56% pour le fil de lin, par rapport à la même période de
2004. La situation du textile européen s’est, quant à elle,
fortement détériorée. La production de tee-shirts a baissé de
12 % en Grèce, de 30 à 50 % au Portugal et de 8 % en Slovénie.
Pour ce qui est du fil de lin, la production et le chiffre d’affaires
ont reculé de 25 % en Europe. Et l’emploi a baissé de 13
%.

Des diminutions temporaires

Pourtant, l’OMC a prévu des mesures si les marchés sont
gravement perturbés. Ou la Chine limite ses exportations, ou les autres
Etats peuvent prendre des mesures pour éviter que leur marché soit
trop perturbé. C’est pour cela que les Etats-Unis et l’Europe
ont demandé à la Chine de limiter ses exportations et ont envisagé ou
décidé des restrictions des importations.

Ces restrictions sont de toute façon limitées dans le temps (2008
est la dernière limite).

Face à ces pressions, la réponse de Pékin n’a pas été claire.
Dans un premier temps, le chef du gouvernement chinois a déclaré que
la Chine ferait des efforts pour contrôler l’exportation de certains
vêtements. Mais après l’annonce des premières limitations
américaines, le ministre du commerce a annoncé que la Chine ne
limiterait pas elle-même ses exportations de textiles. Et puis, le ministre
des Finances a annoncé, le lendemain, une forte augmentation des taxes à l’exportation
sur certains produits textiles. Cela devrait freiner un peu la vente à l’étranger.
Mais le bras de fer ne fait que commencer.

Olivier Brouet