Une enquête publiée en Fédération Wallonie-BruxellesInstitution compétente pour les francophones de Wallonie et de Bruxelles tente de répondre à ces questions. Cette enquête montre des pistes pour que les personnes d’origine immigrée apprennent mieux le français. Une des pistes : reconnaître la richesse de la langue « maternelle », « d’origine ».
Nous parlons aussi naturellement que nous respirons ou que notre cœur bat. En Fédération Wallonie-Bruxelles, notre langue est le français. Nous sommes francophones. Enfin, pas tous… Il y a en Wallonie et à Bruxelles des immigrés qui ne maîtrisent pas ou mal la langue française. Leur langue d’origine n’est pas le français. On les nomme « allophones ». Or parler une langue, c’est communiquer, partager, avec les autres. Et beaucoup de personnes d’origine immigrée apprennent le français pour communiquer. Comment voient-elles la langue française ? Dans leur vie, quelle est la place de leur langue dite « d’origine » ? Que faut-il faire pour aider ces personnes à apprendre le français ? Une enquête a été faite en 2008 par une équipe de chercheurs : Langue française, allophonie et défis sociaux.
Dan Van Raemdonck, Professeur à l’Université Libre de Bruxelles et à la Vrije Universiteit Brussel a préfacé cette enquête. Et il n’y va pas par quatre chemins : « La Communauté flamande a décidé de légiférer, imposant un « inburgering », une citoyennisation, avec cours de néerlandais obligatoire : il faut montrer langue blanche pour avoir accès à l’eldorado social flamand. Qu’en est-il pour l’accès à l’eldorado francophone ? » Déjà quand il était président de la Ligue des droits de l’homme, Dan Van Raemdonck avait le goût de la formule et aimait poser des questions dérangeantes. Van Raemdonck souligne les réalités pointées par l’enquête. A savoir :
– Le français n’est pas la seule langue parlée en Fédération Wallonie-Bruxelles. Une terre d’immigration est une terre où il se parle plusieurs langues.
– Apprendre ce que l’on appelle joliment la « langue source » permet de mieux apprendre le français, la langue « cible ».
-Les personnes qui maîtrisent leur langue « source » se construisent plus facilement une identité. Connaître sa langue « source », sa langue d’origine, est une richesse. C’est une richesse qui peut favoriser l’insertion sociale.
Défis sociaux
Voilà des réalités qui dérangent. Et il ne faut pas se contenter de les reconnaître. Il faut faire « avec ». Et on comprend le titre de l’enquête : Langue française, allophonie et défis sociaux. Oui, c’est un fameux défiDémocrate fédéraliste indépendant. Jusqu'en 2015, c'était le FDF (Fédéralistes démocrates francophones). Au départ, parti centré sur la défense des francophones de Bruxelles. social. L’enquête souligne que l’on connaît mal le rapport aux langues des allophones qui vivent en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle recommande plusieurs types d’apprentissage adaptés aux différents publics : cours du jour ou du soir, cours pour exercer une profession ou pour la vie quotidienne, cours pour les immigrés récents ou plus anciens, cours pour les hommes, pour les femmes et cours mixtes, … C’est un défi social et un défi démocratique. Apprendre le français pour les allophones, c’est aussi sortir de chez soi, être moins isolé, rencontrer les autres, mieux « s’intégrer » comme on dit.
Pour relever ce défi, il faut évidemment beaucoup de choses : plus d’outils pédagogiques, plus de moyens. Il faut aussi que cela change dans la tête de certains enseignants pour qui les langues d’origine sont des concurrentes de la langue française. Alors qu’au contraire, de plus en plus d’études montrent que bien et mieux connaître sa langue maternelle permet de bien et de mieux apprendre le français. Ce défi ne concerne pas que les allophones, il nous concerne tous.
Diversité
Reconnaître les langues en Fédération Wallonie-Bruxelles avec leurs richesses, ce n’est pas seulement, à court terme, favoriser l’apprentissage du français. C’est aussi construire une société de diversité où les langues et les cultures des uns et des autres, allophones ou non, s’enrichissent mutuellement. La langue « maternelle » n’est pas une langue « racine » qui favorise le repli sur soi et la communauté « ghetto ». La langue « maternelle » des uns et des autres doit être une langue « source » qui s’enrichit dans le courant de la vie sociale et qui enrichit les individus et les groupes.
Langue française, allophonie et défis sociaux, le cas des adultes en situation postmigratoire, Lissia Jeurissen, Sonia Gsir, Jérôme Jamin, Nathalie Perrin et Marco Martiniello Collection « Français & Société » (2008)
A commander sur :
http://www.languefrancaise.cfwb.be/publications_et_ressources/publications/francais_et_societe/
Les Cahiers Français et Société n°18:
Langue française, allophonie et défis sociaux, le cas des adultes en situation postmigratoire
On parle de plus en plus de langues en Fédération Wallonie-Bruxelles de Belgique. La diversité linguistique a augmenté avec l’arrivée d’immigrés d’origines différentes. Ces langues de l’immigration sont un défi permanent pour les structures d’apprentissage du français, la langue d’accueil. C’est pourquoi la Fédération Wallonie-Bruxelles de Belgique a commandé une recherche à ce propos.
Cette recherche s’est centrée sur le public spécifique des adultes allophones en contexteLes circonstances, les conditions, les explications d'un événement, d'un fait, d'une action postmigratoire. C’est-à-dire, des adultes installés en Belgique depuis un minimum de cinq ans et régularisés.
Quels rapports ces personnes entretiennent-elles avec la langue d’accueil et les langues dites d’origine ? En quoi cela influence-t-il l’apprentissage de la langue française ? Et notamment la pédagogiemanière d'enseigner, d'éduquer. employée et les attentes, les motivations des stagiaires. Quelles fonctions ces stagiaires d’origine étrangère attribuent-ils aux cours de français ?
La recherche montre notamment que pour les allophones, et surtout les femmes, apprendre le français n’est très souvent qu’un prétextefausse raison que l'on donne pour cacher la vérité sur ses intentions. pour sortir de chez eux. Leur but est d’aller à la rencontre de la société belge francophone. Si les cours de français ont surtout cette fonction socialisatrice, il faut adapter les niveaux d’exigence et les compétences visées à cette réalité.
Apprendre la langue française permettra ainsi à chacun des stagiaires de s’épanouir individuellement en échangeant mieux et de mieux s’intégrer dans l’espace culturel francophone.