Boycotter ou pas la Coupe du monde de football au Qatar ? La question s’est posée. On y a assez vite répondu. Il y a eu quelques déclarations, quelques actions pour le boycott. Très vite, le foot a fait oublier que la Coupe au Qatar est quand même un scandale pour l’environnement et les droits humains, donc un scandale pour la démocratie. Et ce n’est pas la première fois que le foot fait oublier tout le reste ou presque.
Boycotter ou pas la Coupe du monde de football ? La réponse à cette question est venue assez vite. Il y a eu de timides positions de responsables politiques. Par exemple, des bourgmestres en Belgique, des maires en France et dans d’autres pays, n’ont pas organisé de projection sur grand écran des matches. Mais s’il n’y a pas eu beaucoup de gens mécontents c’est aussi parce qu’il fait froid et donc peu agréable de regarder un match en plein air. Il y a eu aussi une ancienne star du foot comme Éric Cantona qui a annoncé qu’il ne regarderait pas les matches. Mais il n’y a pas eu de boycott généralisé de la Coupe du monde au Qatar. C’est le moins que l’on puisse dire.
Un ballon tout propre
Alors, faut-il aller jusqu’à être d’accord avec le grand joueur Maradona : « Le ballon ne se salit pas » ? Autrement dit, quand il y a du foot, c’est la fête. Sans doute, mais le reste ne doit pas être oublié. Les droits humains individuels, le droit du travail ne sont pas respectés au Qatar, l’environnement non plus.
Faut-il aller jusqu’au boycott ? La question s’est déjà posée. On en a, par exemple, un peu parlé lors de la Coupe en Russie en 2018. Mais il faut remonter à 1978 pour que cette question se pose aussi fortement. Cette année-là, c’était la Coupe du monde en Argentine. Retour en arrière.
Retour en arrière
En 1966, les dirigeants de la FIFA choisissent l’Argentine comme pays d’accueil pour la Coupe du monde de 1978. En 1976, il y a un coup d’Etat en Argentine et une dictature militaire arrive au pouvoir. Les militaires arrêtent des milliers d’opposants politiques qui sont parqués dans des stades. Beaucoup d’entre eux sont torturés et assassinés. La question se pose alors : faut-il quand même faire la Coupe du monde en Argentine ?
Camps de concentration
Il y a une majorité de gens pour garder la Coupe en Argentine, mais il y a aussi des gens qui veulent le boycott. Pour eux, non seulement l’Argentine est une dictaturepouvoir qui ne donne aucune liberté à la population et qui utilise la violence, mais les stades sont des « camps de concentration » des opposants politiques. C’est tout un symbolePersonne ou chose qui représente bien un sentiment, une idée, qui sert d'exemple.
Une affiche
L’association boycott-qatar2022 nous rappelle qu’un graphiste français Alain Le Quernec avait à cette occasion dessiné une affiche pour illustrer la situation. On y voit de la boue dégoulinant d’un ballon de football. La boue représente la boue des stades où des opposants sont morts. Avec cette boue, le ballon ressemble à un crâne. Il y a aussi cette phrase : « Les stades sont-ils propres ? »
Heureusement aujourd’hui, il n’y a plus de dictature en Argentine. Mais la Coupe du monde au Qatar est aussi contestée car si le Qatar n’est pas une dictature comme l’était l’Argentine, c’est loin d’être une démocratie.
Retour vers le futur ?
En 2022, un autre graphiste français, Sébastien Marchal, dessine donc une affiche qui rend hommage et rappelle l’affiche pour le boycott de l’Argentine. Il s’agit cette fois du boycott du Qatar. Et ce qui dégouline du ballon, ce n’est pas de la boue, mais du pétrole. Avec ce pétrole, le ballon ressemble aussi à un crâne. Le crâne symbolise les migrants morts d’accidents de travail sur les chantiers de stades et de bâtiments construits pour la Coupe du monde.
Il n’y a pas eu de boycott généralisé de la Coupe du monde au Qatar comme il n’y a pas eu de boycott généralisé de la Coupe du monde en Argentine. La fête mondiale du foot ne doit pas faire oublier les droits humains et l’environnement.
Pour ne pas « oublier », on peut visiter le site boycottqatar2022