Quarante-huit personnes ont trouvé la mort en quatre mois dans des habitations
parisiennes dangereuses. En région parisienne, 976 immeubles sont considérés
comme mauvais pour la santé. Ces “taudis” abritent surtout
des pauvres et des immigrés.
Photo: Belga |
Le 29 août, 7 personnes, dont 4 enfants, sont mortes lors de l’incendie
d’un immeuble. Trois jours plus tôt, 17 personnes, dont 14 enfants,
mouraient dans les mêmes conditions. En avril, 24 personnes, dont 10
enfants, sont tués dans l’incendie de l’Hôtel-Opéra.
Tous ces immeubles sont situés dans les cinq arrondissements populaires
du nord-est parisien. Là vivent des gens modestes, issus de l’immigration,
des sans-papiers,… Un pompier décrit ces habitations comme “l’immeuble
parisien type, avec cinq étages plus un dernier niveau mansardé et
un seul escalier que l’incendie a transformé en cheminée.
Derrière la façade côté rue, il y a une courette
intérieure parfois réduite en simple puits de lumière
qui peut se transformer aussi en un redoutable appel d’air pour le feudécédé et ici "feu" veut dire "n'existe plus", "feu votre firme" veut dire votre firme n'existe plus.” Il
est très difficile de s’échapper de ce type de bâtiment
lorsqu’il brûle. Des gens se sont d’ailleurs jetés
par les fenêtres pour échapper aux flammes.
Insalubrité
En juillet, 976 immeubles ont été recensés comme insalubres à Paris.
En plus, beaucoup d’habitations sont aussi dangereuses parce qu’elles
abritent des rats et contiennent souvent du plomb. Des jeunes enfants présentent
de graves problèmes de santé. Ils ont une maladie liée
au plomb: le saturnisme. Certains de ces bâtiments devraient être
détruits depuis des années. Ils sont occupés par des sans-abri
qui cherchent désespérément un toit. Les SDF ne sont pas
les seuls à vouloir un logement décent. La Fondation Abbé Pierre
estime que plus de 3 millions de personnes sont mal logées en France.
Il existe une centaine de squats à Paris. Plus de 100 000 personnes
demandent des habitations à loyer modéré. Les prix du
logement explosent à cause de la spéculation immobilière et il y a très peu d’offres. Cela explique la difficulté à se
loger dans Paris, la «Ville lumière». Certaines fondations
connues, comme Emmaüs, s’occupent de gérer des immeubles à loyer
modéré et essayent de les moderniser. Une des difficultés
qu’ils rencontrent est de pouvoir reloger provisoirement les habitants
pendant la durée des travaux. Les associations se plaignent de ne pas
recevoir assez d’argent de l’Etat pour cette mission.
Problème politique
Quelques heures après le dernier incendie, le ministre français
de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a défendu l’idée
de fermer “tous ces squatssquat: Logement vide qui sert d'abri à des SDF (sans domicile fixe). et immeubles pour arrêter ces drames.” Plusieurs
immeubles ont d’ailleurs été évacués le jour
même de la rentrée scolaire. Une solution extrême qui devait
aussi frapper l’opinion. Depuis 2002, 152 millions d’euros ont
déjà été dégagés sur six ans pour
rendre plus sains des bâtiments parisiens. Le ministre de la cohésion
sociale, Jean-Louis Borloo, a proposé de construire des hôtels
d’urgence pour répondre à ce genre de situation.
Il est en tout cas temps d’agir efficacement.
Un récent sondage montre qu’un quart des électeurs pense
que le logement et l’urbanisme devraient être des thèmes
essentiels lors des élections législatives et présidentielles
de 2007. Ce problème intéresse donc les futurs candidats aux élections.
Laurent Fabius, socialiste de premier plan, a d’ailleurs déclaré que “le
logement c’est la qualité de la vie, la dignité, la sécurité,
les résultats scolaires.” Quatre bonnes raisons de rénover
et de construire des lieux de vie pour la population modeste.
Vincent Thomasson