jeudi 28 mars 2024

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La Citadelle et la Boutique

Début septembre, plusieurs élus socialistes sont mis en cause dans
la gestion d’une société de logements sociaux, La Carolorégienne.
L’affaire dépasse vite les portes de Charleroi. Jean-Claude Van
Cauwenberghe, ministre président de la Région wallonne et homme
politique fort de la Ville démissionne. Elio Di Rupo, président
du PS, le remplace à la tête de la région. Retour sur un
scandale: quelle affaire?


Plusieurs hommes politiques sont mis en cause
dans l’affaire de La Carolorégienne – Photo Belga

Début septembre, Olivier Chastel, député et conseiller
communal libéral, donne des informations sur la mauvaise gestion d’une
société de logements sociaux de Charleroi, La Carolorégienne.
Un rapport, fait par la Société Wallonne du Logement, montre
des pratiques comptables douteuses et des dépenses non justifiées
de certains administrateurs. On apprend que des problèmes avaient déjà été signalés
en 2002. Trois échevins de Charleroi sont visés. Ils démissionnent
de leur poste d’administrateur de la société de logements
sociaux. Mais ça ne suffit pas.

Le président du PS, Elio Di Rupo, qui a rénové son parti,
demande des gestes forts. Finalement, deux échevins démissionnent.
L’un deux, Claude De Spiegeleer, est arrêté. Le scandale
dépasse les portes de la ville. L’ancien bourgmestre de Charleroi,
M. Van Cauwenberghe est toujours l’associé d’un cabinet
d’avocats qui a travaillé pour La Carolorégienne. Est-ce
bien normal, se demande-t-on? Le vendredi 30 septembre, “Van Cau”,
démissionne de la présidence du gouvernement wallon. Il s’estime
injustement mis en cause. C’est Elio Di Rupo, président du PS,
qui devient ministre président.

Le pouvoir corrompt…

Au-delà de l’affaire de La Carolorégienne, c’est
tout un système de fonctionnement politique qui est mis en cause. Pas
de transparence, pratiques où se mélangent l’intérêt
général et social, l’intérêt d’un parti
politique et les intérêts personnels. De nos jours, un parti doit
favoriser la participation à la vie politique de toutes et de tous.
Un parti ne peut plus, même s’il est majoritaire, avoir un pouvoir
total et absolu.

L’électeur doit être considéré comme citoyen
avant tout. Et pas comme simple “client” qui demande à l’élu
un logement ou un emploi en échange d’une voix ou d’une
affiche collée à la fenêtre. Mais ce n’est pas facile
pour un parti politique de changer. Encore plus sans doute pour le Parti Socialiste
qui domine depuis longtemps certaines villes wallonnes.

Pouvoir des Corons

L’origine du mouvement socialiste, surtout dans les régions ouvrières,
c’est d’abord le pouvoir communal. Il y a plus de 100 ans, les
patrons faisaient la loi. Les villes ouvrières étaient des lieux
de résistance sociale et socialiste contre un Etat qui ne donnait aucun
droit aux travailleurs. Villes et provinces “socialistes” ont ainsi
créé instituts d’enseignement, de santé, sociétés
de logement… La commune est à la base du pouvoir socialiste. Pas étonnant
que certains élus s’y accrochent comme à une citadelle.

Il y a 100 ans, on parlait aussi de “socialisme d’épiciers“.
Le mouvement socialiste est né avant tout de coopératives qui
avaient des clients. Des ouvriers miséreux qui trouvaient là, à bon
marché, pain, vêtements et médicaments. Ces coopératives
n’ont pas su s’adapter à la vie moderne et ont peu à peu
disparu. Voilà ce que l’on peut reprocher à certains élus
socialistes : n’avoir pas su s’adapter à la vie moderne.
Grâce au mouvement socialiste et aux forces de gauche, les travailleurs
ont obtenu des droits politiques et sociaux. L’affaire de “La Carolo“ signale
un peu plus encore la fin d’un monde, celui, entre autres, de la citadelle
et de la boutique.

Thierry Verhoeven

2 réponses

  1. Je peux témoigner qu’à Fontaine l’Evêque, les gens qui habitent dans les logements sociaux ont peur du pouvoir socialiste. Il y a quelques années, j’ai fait une pétition pour qu’une petite liste gauche puisse se présenter aux élections européennes, pas communales. J’ai longuement discuté avec un groupe de personnes de la cité. J’ai essayé de les convaincre de signer ma pétition, que cela ne les engageait à rien d’autre qu’à dire: « oui, cette liste peut se présenter aux élections ». et qu’aux élections, ils pouvaient voter pour une autre liste, notamment PS. Signer cette pétition ne faisait absolument pas d’eux des candidats, etc. Il n’arrêtaient pas de me demander: qui aura ces noms? Le greffe du tribunal leur dis-je, sans plus. Pas de publication des noms dans la presse. Finalement, un homme se décide: « moi, je vais signer ». Les autres sont étonnés: « pourquoi vas-tu signer? » « Parce que ce jeune gars a de bonnes idées. Sa liste a le droit de se présenter. » Je lui tends ma feuille, tout content. Il signe. je lui demande alors d’écrire lisiblement son nom et son adresse à côté de sa signature. C’est le règlement électoral qui veut cela. C’est pour éviter que certains partis ne trichent sur le nombre de signatures. Il était carrément effrayé. Ah non, ça je ne peux pas faire si ça se savait…Mon fils travaille à la commune…

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