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La direction et les syndicats de la compagnie ferroviaire belge s’affrontent à propos de futures pertes d’emplois. Les négociations seront longues et difficiles...
En octobre, l’avenir de la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB) a, une fois de plus, empoisonné la vie du gouvernement. Et dans ce domaine, les partenaires socialistes et libéraux de la majorité ne sont pas sur la même longueur d’ondes. On sait depuis longtemps qu’il faut restructurer la SNCB: la vieille compagnie des chemins de fer doit devenir une entreprise moderne. Pour cela, elle doit s’adapter aux évolutions de la société et aux obligations européennes. Le tout en garantissant le respect du service public.
Supprimer 10 000 emplois
En mai dernier, l’administrateur délégué de la SNCB, Karel Vinck, avait annoncé qu’il faudrait réduire l’emploi. A l’époque, il avait déposé un “ plan d’entreprise ”. Celui-ci parlait de supprimer 10 000 postes d’ici 2007. Ce chiffre correspond à un quart des travailleurs! Le plan présenté par Karel Vinck prévoyait aussi de réorganiser la SNCB pour qu’elle corresponde aux directives européennes. En effet, depuis mars 2003, le transport de marchandises par train est déjà largement libéralisé et donc ouvert à la concurrence. Mais la SNCB ne s’est pas adaptée à ces nouveautés. Par ailleurs, dans les prochaines années, le transport international des voyageurs ainsi que le transport des voyageurs à l’intérieur du pays vont également être libéralisés.
Les syndicats ont refusé les 10 000 emplois en moins annoncés par Karel Vinck. Ils ne sont pas non plus d’accord avec l’ensemble du plan d’entreprise. En septembre, les négociations ont commencé. Elles se sont déroulées sous la direction du nouveau ministre des Entreprises publiques, le socialiste flamand Johan Vande Lanotte. Le 22 octobre, les portes ont claqué. Les syndicats ont quitté la négociation: ils refusaient le chiffre de 4 544 emplois en moins en deux ans, comme la direction le proposait. Le ministre a demandé à chacun de garder la tête froide et de revenir négocier.
Karel Vinck a ensuite écrit aux syndicats pour leur expliquer les raisons de ses propositions. Malgré tout, le patron de la SNCB garde l’objectif de 4 500 emplois maximum en moins d’ici fin 2005. Il précise toutefois que ces emplois seront perdus par des départs naturels. Pour lui, cette première mesure est le seul moyen de ramener l’entreprise vers l’équilibre financier et de l’adapter aux nouvelles réalités. Karal Vinck a aussi signalé qu’il tiendrait compte des propositions des syndicats. Ces derniers ont alors dit qu’ils étaient prêts à renégocier tout en continuant à affirmer que la direction veut aller trop vite. Les syndicats veulent un plan qui s’étalerait sur 6 ou 8 ans. Ils disent aussi qu’il est impossible de faire fonctionner la SNCB avec 30 000 cheminots.
Du réalisme pour sauver la SNCB
Les négociations s’annoncent donc longues et difficiles. Le danger d’une grève est également présent. Mais les syndicats savent aussi qu’un tel mouvement est mal perçu par l’opinion publique. Tout comme ils savent qu’il faut effectivement restructurer la société qui est en faillite, de fait. Par ailleurs, comme la SNCB est une entreprise publique, l’affaire est aussi politique. Elle embarrasse d’abord les socialistes. Ces derniers disent qu’ils veulent défendre l’emploi tout en voulant sauver la SNCB.
Une fois de plus, la SNCB est un danger très grave pour le gouvernement. Une chose est certaine: dans les prochains mois, direction, syndicats et responsables politiques devront faire preuve de réalisme et de sens du compromis. Sinon, la SNCB n’aura plus d’avenir...
Marc Vandermeir