vendredi 29 mars 2024

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La banlieue, l’abandon?

Les violences qui ont éclaté dans les communes autour de Paris
posent beaucoup de questions. Depuis des années, tant bien que mal, avec
peu de moyens, l’Etat français a fait du «social» dans
ces quartiers. Cela n’a pas suffi. Alors, face aux violences, l’Etat
français fait la police, durement. Cela ne suffira pas.

La banlieue. Le mot désigne les alentours d’une grande ville.
A Paris, la banlieue est très visible. Le grand boulevard périphérique trace la frontière. A l’intérieur, Paris. A l’extérieur,
la banlieue. Les violences dans la banlieue de Paris ont commencé à Clichy-sous-bois,
l’une des communes les plus pauvres de France. Une commune de Seine Saint
Denis. C’est un département de 40 communes au nord-est de Paris.
Sur les 40 communes, 36 sont appelées des zones urbaines sensibles.
Le chômage y est élevé, les revenus des habitants très
bas. Il y a beaucoup de jeunes et beaucoup d’entre eux ont peu ou pas
de diplômes. Il y a beaucoup de familles nombreuses et les logements
sont trop petits. Une grande partie de la population ne sait pas se soigner
correctement.

La banlieue

La banlieue, surtout au nord et nord-est de Paris, est depuis plus de 100
ans le lieu des pauvres, des immigrés venus d’autres régions
de France puis d’autres pays. Il sont venus travailler dans les grandes
usines de la banlieue. Petit à petit, ces ouvriers ont été organisés
par les syndicats et partis de gauche, socialiste mais surtout communiste.
Des années 1930 aux années 1970, on avait peur de cette banlieue «rouge».
Mais on avait peur parce que ces ouvriers se révoltaient par la grève
et les manifestations. Ces ouvriers avaient un relais politique dans l’Etat
avec le Parti Communiste et les socialistes. Ouvriers qui avaient l’espoir
d’un monde nouveau, plus juste et plus égalitaire. Ces ouvriers
n’étaient pas exclus. Au contraire, ils avaient l’impression
de porter l’avenir de la société. Depuis les années
1970, les usines ferment, le paysage économique change, le paysage social
aussi. La crise est passée par là.

Pourtant si l’on regarde, ce qui s’est passé depuis 20 ans,
l’Etat s’est occupé de la banlieue. En 1982, l’Etat
développe des activités pour les jeunes de banlieue pendant les
vacances scolaires. Il y a les zones où l’école a plus
de moyens parce que les élèves sont socialement et culturellement
défavorisés, souvent fils et filles d’immigrés.
Il y a les zones franches où pour favoriser l’emploi, on attire
les entreprises par moins d’impôt et moins de charges. Aides sociales
particulières, travailleurs sociaux en tous genres, stages en entreprises,
formations particulières, nombreuses associations.

L’abandon

L’Etat a fait du social. Cela ne suffit pas. Cela permet à quelques-uns
de s’en sortir. Cela ne donne pas une place à tout le monde. Beaucoup
de jeunes des banlieues se sentent abandonnés. Abandonnés au
chômage, à l’avenir incertain. Abandonnés dans ces
immenses tours et barres de logements sociaux qui deviennent vieux. Abandonnés à l’ennui.
Contrairement aux ouvriers de la «banlieue rouge», ces jeunes au
chômage ou qui ont des petits boulots se sentent exclus. Alors oui, ils
sont parfois violents. Et face aux violences, l’Etat fait la police:
couvre-feu, état d’urgence. Cela ne suffira pas.

Car ce que l’on appelle «la banlieue» concentre beaucoup
d’inégalités que l’on voit ailleurs. Déjà de
l’autre côté du boulevard périphérique, dans
Paris même. Au nord, ce sont les quartiers les plus pauvres de la ville.
Et en France, il y a 758 zones urbaines sensibles. Dans tous ces quartiers,
il y a des hommes, des femmes et des jeunes, des blancs, des immigrés
arabes ou noirs à qui notre société ne fait pas de place
et ne laisse pratiquement aucune chance. Cette violence de la vie économique
et sociale d’aujourd’hui, nous la sentons toutes et tous. Et quelque
soit notre place dans la société.

Thierry Verhoeven

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