Ou p’tet ben qu’non à la Constitution européenne? Les
Françaises et les Français vont voter le 29 mai pour ou contre
le fameux traité constitutionnel. Nous, Belges francophones, pouvons dire
merci à la France. Grâce à ce débat, nous entendons
parler de la Constitution européenne.
Vive la France! Zappez sur les chaînes télé françaises:
tous les jours on parle de la Constitution européenne. Pourquoi? Parce
que le peuple de France va dire, le 29 mai, oui ou non à la Constitution.
Et nous, Belges, le gouvernement va-t-il demander notre avis? Il l’a
déjà fait. Au moins en partie. Les sénateurs de notre
pays ont déjà dit oui. Car ce sont nos élus qui décident
sur ce sujet délicat. Il en va ainsi de l’Europe. La Constitution
européenne est bien un texte fondamentaltrès important, de base pour organiser la vie des citoyens
européens et les pouvoirs de l’Union. Mais l’Union européenne,
c’est 25 Etats. Chaque pays choisit sa manière d’approuver
ce texte.
En Irlande, au Danemark, le référendum est obligatoire. En Lituanie,
en Allemagne, en Italie ou en Belgique, ce sont les parlementaires qui votent.
Et puis, dans d’autres pays, les élus nationaux ont trouvé important
de demander l’avis de la population. Même s’ils n’y étaient
pas obligés. C’est le cas de la Pologne, de l’Espagne, du
Royaume-Uni et… de la France. Va-t-on y voir plus clair sur la Constitution
grâce au débat français? P’tet ben qu’oui,
p’tet ben qu’non.
P’tet ben qu’oui…
L’opposition politique gauche contre droite ne fonctionne pas avec la
constitution européenne. A droite, le président Chirac et son
parti défendent le «oui». A leurs côtés, il
y a l’UDF, parti de centre-droit. Mais le PSParti socialiste, à gauche, est aussi
pour le «oui». Il y a d’ailleurs une majorité dans
tous les partis socialistes européens pour le «oui». Les
défenseurs du «oui», gauche ou droite, disent: mieux vaut
cette Constitution que rien du tout. Pour les «oui», la France,
grand pays européen, ne peut bloquer toute l’Union européenne.
En plus, comme la Constitution est un compromisdécision prise après une discussion où chacun a abandonné une partie de ce qu'il voulait pour trouver un accord entre de nombreuses positions,
chacun peut interpréter le texte en sa faveur.
P’tet ben qu’non
Les défenseurs du «non» sont, eux aussi, de gauche et de
droite. A droite, le souverainiste Philippe de Villiers dit «non» pour
que la France ne perde pas son âme. Les souverainistes sont plutôt
contre la construction européenne. L’extrême droite de Jean-Marie
Le Pen est aussi pour le non. A gauche, le Parti communiste est franchement
contre la Constitution. Comme l’extrême gauche. Ces partis estiment
que la Constitution est trop libérale, trop capitaliste, trop ouverte
au marché et à la concurrencecompétition entre entreprises pour être le plus rentable et gagner des marchés. Pas assez démocratique.
C’est aussi ce que dit Jean-pierre Chevènement, classé lui
aussi souverainiste mais de gauche. Pour compliquer encore les choses, certains
socialistes disent «non» contre leur parti. Ainsi, Laurent Fabius,
ancien Premier ministre, votera «non» parce que «le traité n’apporte
pas de solution aux problèmes de l’emploi et des délocalisations».
Peuple de France
Et les Français dans tout cela ? Que vont-ils voter ? Les sondages d’opinion
ont longtemps donné le «non» en tête. Medias et hommes
politiques du «oui» se sont mobilisés: impensable que le «non» gagne.
La France serait le «mouton noir de l’Europe» a dit Chirac.
Début de ce mois, le «oui» rattrapait le «non».
Et le 29 mai ? Je parie que le «oui» va gagner. Et quand je pense
aux Flamands qui ne peuvent peut-être pas suivre les débats français.
Mais les Flamands peuvent suivre le débat sur la Constitution aux Pays-Bas.
Donc, en néerlandais, dans leur langue. Les Néerlandais vont
voter «oui» ou «non» à la Constitution, le 1er
juin. C’est ça l’Europe.
Thierry Verhoeven