![]() Une irakienne montre son doigt marqué d’encre après le vote – Photo: Belga  | 
En décembre 2005, beaucoup d’Irakiens sont allés voter pour leurs
    représentants au Parlement. Contrairement aux élections de début
    2005, les sunnites irakiens ont participé aux élections. Un signe
    pour une collaboration entre les communautés du pays.
 Au début de l’année dernière, les premières élections
  pour un gouvernement provisoire irakien s’étaient déroulées
  dans un climat de violences. 36 personnes avaient été tuées
  dans des attentats. En plus, les musulmans sunnitesqui respectent l'enseignement, les dires, les faits et les gestes (vrais et/ou supposés) du prophète Mahomet, majoritaires dans le pays,
  avaient peu participé au vote. En octobre, pour le référendum
  sur la Constitution, c’était la même chose: violences et peu de
  participation des sunnites. 
 Le jeudi 15 décembre 2005, les choses ont été très
  différentes. Les 15 millions d’électeurs irakiens devaient élire
  275 députés parmi 7 500 candidats. 
 Les 275 députés élus formeront le Parlement irakien pour
  quatre ans. Le jour des élections, il n’y a presque pas eu d’attentats
  (deux tués seulement, si l’on peut dire, et neuf blessés). Et,
  surtout, il y avait sur les listes des candidats sunnites. Les électeurs
  sunnites, tout comme les musulmans chiites et la population kurde, ont donc voté en
  masse. La manière dont ces élections se sont déroulées
  crée un espoir, même s’il est encore très faible.
Le désaveu des groupes terroristes
 Cette large participation des sunnites est très importante. Beaucoup de
  rebelles et de terroristes viennent de mouvements sunnites. En participant aux élections,
  la population sunnite a voulu montrer son désaccord avec le terrorisme
  et les attentats très sanglants qui marquent la vie quotidienne en Irak.
  Plus généralement, les communautés irakienne, sunnite, chiitequi suit le chiisme, 2e principale branche de l'islam avec le sunnisme. Le chiisme suit les principes d'Ali considéré comme le prophète successeur de Mahomet.
  et kurde, ont marqué leur volonté de participer au retour à la
  démocratie.
 Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se sont bien sûr réjouis du
  bon déroulement du vote. L’ONU a parlé de «journée
  historique».
 Les sunnites vont au nouveau gouvernement et au Parlement. Et si, dans la
  population sunnite, la fin de l’appui aux rebelles se confirme, les mouvements rebelles
  et terroristes pourraient perdre une bonne partie de leurs moyens d’action.
  Bien sûr, rien n’est réglé. Pour le moment, les attentats
  restent quotidiens. Les mouvements politiques, rebelles et terroristes, sont
  puissants. Mais il ne faut pas non plus tout mettre sur le dos des rebelles.
  Les groupes qui organisent des enlèvements et qui font certains attentats
  ne sont pas tous politiques. Leurs slogansphrases courtes et frappantes pour défendre une idée, une opinion. politiques ne sont qu’une façade
  pour cacher un banditisme. 
Petit pas
 Les troupes américaines et britanniques vont encore devoir rester très
  longtemps en Irak parce que la police et l’armée irakiennes sont
  incapables de faire face aux rebelles. Le pays est encore très désorganisé.
  Beaucoup de régions sont encore privées d’eau et d’électricité.
  La population vit très mal la présence des troupes américaines,
  considérées comme une armée d’occupation.
 Mais, malgré cela, il y a eu, avant ces élections de décembre
  et après, de vraies paroles de négociations pour un travail en
  commun des communautés chiite, sunnite et kurde. Cela aussi, c’est
  nouveau. Avant, la collaboration entre ces communautés était impossible.
  Il ne faut évidemment pas tomber dans un optimisme stupide. Tant de choses
  restent à faire. Mais chaque pas est important.
Marc Vandermeir
															