Amnesty International a analysé l’évolution du droit à l’avortement dans 40 pays d’Europe. Le rapport montre que l’avortement est autorisé dans presque tous les pays d’Europe mais dans beaucoup de pays, il reste «de nombreux obstacles administratifs, sociaux et pratiques».
Comment certains pays rendent difficile l’accès à l’avortement ?
Le coût
En Allemagne, en Autriche ou en Bulgarie, quand l’avortement n’est pas remboursé par la sécurité sociale, les coûts sont très élevés. Seules les femmes qui ont beaucoup de moyens peuvent y accéder. Pour les autres c’est un parcours de la combattante. Le coût est prohibitif. Prohibitif, ici veut dire que même si on ne l’interdit pas, du fait de son prix tout le monde n’y a pas accès. Alors, des femmes se l’interdisent.
En Italie, en Croatie ou en Roumanie, ce sont les croyances des médecins et des professionnels de la santé qui rendent difficile son accès. De plus en plus de professionnels de la santé refusent de pratiquer l’avortement à cause de leur croyances religieuses ou philosophiques.
Les freins administratifs
Certains pays imposent des contrôles médicaux injustifés, ce qui allonge le délai et qui au final rend impossible la pratique de l’avortement puisque la femme se re trouve hors du délai légal. En Hongrie, on oblige la femme à écouter les battements du coeur de l’embryon avant de prendre une décision. Ces règlements sont faits pour pousser les femmes à renoncer ou si elles ne renoncent pas, parfois les délais sont dépassés et il est trop tard pour elles. A Malte, par exemple, l’avortement est autorisé seulement si la vie de la femme enceinte est en danger et il faut l’avis de 3 médecins….
Des pressions
En plus du cadre des lois imposé par chaque pays, les militantspersonnes qui s'engagent et qui agissent pour défendre une idée, une cause. anti-avortement ont de plus en plus de moyens financiers. Ils ont donc plus de pouvoir. Amnesty international constate aussi qu’ils sont de plus en plus agressifs. Certains gouvernements de droite comme celui de Meloni en Italie permettent aux « antis » de faire des actions aux abords des centres, ils insultent, harcèlent et intimident les femmes et les travailleurs de la santé dans les centres de planning familiaux. On les laisse faire…
En Belgique ?
En Belgique l’avortement est légal jusqu’à 12 semaines de grossesse et on demande à la femme de réfléchir 6 jours après la consultation chez le médecin. Au-delà de ce délai, ce n’est plus légal : la femme et les personnes qui l’auraient aidée risquent une sanctionpunition, amende pénale.
Depuis des années, il y a des débats au parlement pour prolonger ce délai à 18 semaines et dépénaliser totalement l’avortement. On n’y est pas encore…
Lire l’article Avortement dépénalisé ? Pas encore
La France à l’avant-garde
En France le droit à l’IVG (interruption volontaire de grossesse) est inscrit dans la Constitution depuis le 8 mars 2024. La France devient le premier pays au monde à garantir la liberté aux femmes de choisir l’IVG, sans être inquiétées, et en toute sécurité.
Lire l’article En France, l’IVG dans la Constitution
Les droits des femmes ont été durement acquis et encore aujourd’hui ils ne sont pas acquis une fois pour toutes. Quand un état rend compliqué l’accès au droit à l’avortement, c’est de la violence faite aux femmes. On ne répétera jamais assez la phrase de Simone de Beauvoir qu’elle a dite à son amie après l’adoption de la loi sur l’IVG en 1974 :
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »