Tolérance ? Les mots pour la dire

Thierry Verhoeven
 Cahiers >  Attentats : la tension, et l’attente Le 17 novembre 2015 | Mise en ligne : Lydia Magnoni

Comment parler de tolérance trois jours après les attentats de Paris ? Sans doute en voyant et en allant au-delà. En continuant à échanger avec l’autre, à le connaître et à s’enrichir de ses différences.


Le 16 novembre, journée internationale pour la tolérance. Cette année, cela a été une journée particulière. C’était trois jours après les attentats de Paris. Et pourtant, un peu partout, il y a eu des rencontres, des animations pour célébrer la tolérance (1). Cela s’est fait à Charleroi, une ville de Belgique de plus de 200 000 habitants. Une ville au passé industriel avec les charbonnages, la sidérurgie, la verrerie, … Une ville où beaucoup de gens venus d’ailleurs sont venus y travailler. Une ville qui connaît encore aujourd’hui l’immigration. Une ville où la tolérance a un sens peut-être plus fort qu’ailleurs.

Faire avancer la tolérance

A Charleroi donc, à la bibliothèque de l’Université du travail, on a organisé des animations autour de l’idée de tolérance. Toutes ces activités étaient coordonnées par une association qui a le beau nom de Marchienne Babel. Le public ? Des responsables d’associations et les gens avec qui ils travaillent. Des femmes à foulard et d’autres sans, des « Blancs », des gens originaires d’Afrique noire, d’Afrique du Nord, d’Asie, …
La journée était organisée avec le soutien du CPAS CPAS Centre public d’action sociale de la ville. Et donc forcément, le président du CPAS, Eric Massin, a fait un petit discours de bienvenue, c’est ce qui se fait toujours… Sauf que c’est 3 jours après les attentats de Paris. Qu’allait-il pouvoir dire et comment ? Quand il prend la parole, Eric Massin a un ton désabusé : « J’avais préparé un discours mais voilà… (il range les feuilles dans un farde) Enfin je vais quand même essayer de vous en dire deux ou trois choses. » Il dit évidemment qu’il y a eu les attentats à Paris, sans insister. Il rappelle celui arrivé récemment à Beyrouth et l’explosion de l’avion russe. « C’est quelque chose qui est devenu banal », dit-il. Il poursuit : « A quoi sert encore la tolérance ? » Et il donne des exemples de tolérance, : accepter la différence d’opinion, accepter des dessins, respecter l’autre, respecter les règles décidées par la majorité pour que tout le monde puisse vivre ensemble pour qu’il y ait une cohésion sociale.

Puis il revient sans le dire aux attentats : « Certains disent que l’on est en guerre. En tout cas, ce n’est plus la guerre comme en 14-18 ou en 40-45. Ce n’est plus la guerre froide entre les Etats-unis et l’Union soviétique. C’est une guerre multipolaire. C’est une guerre économique, de religion, de société, politique, … » Eric Massin revient alors à la tolérance et cite la phrase connue : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. » Il s’empresse d’ajouter : « On ne peut pas tolérer l’intolérable. » Mais comment réagir ? « Faut-il lâcher des bombes comme l’a fait la France ? », Eric Massin ne dit ni oui ni non. « Certains proposent de fermer les frontières », dit-il encore. Il propose de répondre à l’intolérance en défendant une laïcité ouverte qui accepte tout sauf l’intolérable. Eric Massin dénonce d’ailleurs les dérapages connus de l’humoriste français Dieudonné.

Les conséquences de l’intolérance

Pour Eric Massin, le CPAS participe à cette journée de la tolérance car c’est un des organismes publics où l’on voit de près les conséquences de l’intolérance sous toutes ses formes : religieuse, économique, physique, etc. Il souligne aussi que le « cœur ouvert, c’est typique de Charleroi, que Charleroi est une terre d’accueil et que les quartiers mélangés comme Marchienne ne sont pas des quartiers insécurisés où il y a des scènes de violence : « Je suis fier de Marchienne, il y a de la solidarité, il y a beaucoup d’associations, on apprend à connaître l’autre et comment l’autre peut m’enrichir. »
Presque sans y toucher, sans entrer dans les détails d’exemples ou d’anecdotes. Eric Massin a préféré dire la tolérance sans trop parler de ses ennemis et leur faire ainsi trop d’honneur. Eric Massin a ouvert la journée de la tolérance avec sérénité pour que le public présent donne à son tour avec sérénité de la consistance à la tolérance par des activités et des débats. Tout cela dans un monde, paraît-il, en guerre…

(1) Lire Vivre ensemble avec nos différences


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