Discussion entre Suraphi, belge née en Thaïlande en 1975, arrivée en Belgique en 2007 ; Nicole, belge, née au Congo en 1965, arrivée en Belgique en 1998 et Djahida arrivée en Belgique 1999, 2 enfants, Algérie
Qui parle le mieux français ?
Djahida : Ce sont les profs et les avocats.
Suraphi : Les avocats ce sont des menteurs, ce sont des profiteurs. Les mots sont corrects peut-être. Quand le juge parle, on ne comprend rien. C’est la langue du tribunal.
Nicole : S’il n’y a pas d’avocat, qui va te défendre ?
Suraphi : Ce n’est pas la question.
Djahida : On peut bien utiliser la langue mais cela ne veut pas dire que l’on dit la vérité.
Le français, langue de « luxe »
Suraphi : Je connais le thaï, un peu le chinois mais je préfère le français. Le chinois... Je parlais le chinois avec ma mère. En Thaïlande, le roi et sa famille, ils parlaient français pas l’anglais. Aux Jeux Olympiques, je crois que la langue c’est pas l’anglais, c’est le français. C’est une langue très importante. C’est une langue plus politique par rapport à la langue « business ». J’ai été à Paris, à la tour Eiffel, tout ça... Tout le monde parle anglais, c’est la langue pour les touristes. C’est la langue du business. Le français, c’est compliqué mais c’est autre chose, c’est plus luxe, plus propre, je ne sais pas comment dire... En Thaïlande, on parle thaï oui. Mais dans les grandes villes, on parle français. Et si tu veux montrer que tu es une grande famille, tu parles français.
Nicole : L’anglais, c’est plus facile que le français. Le français, c’est trop compliqué. Il y a un mot mais on peut l’écriture de plusieurs façons. Moi, j’ai eu un mari russe. Je parle russe, le russe c’est moins compliqué : « Da, karacho. » (Rires)
Djahida : L’anglais, c’est aussi une mode. Beaucoup de gens disent que l’anglais, c’est plus facile. Le français, cela fait plus civilisé. Et le néerlandais... je ne comprends pas le néerlandais mais j’aime bien comme ils parlent, j’aime bien le son.
La photo illustrant cet article a été réalisée par Francine D’Hulst dans le cadre de l’exposition itinérante Trajectoires de vie