Le 2 septembre à Bruxelles, 200 personnalités ont lu les noms des 18 700 enfants1 tués à Gaza par l’armée israélienne. Une longue liste pour dire que ces enfants ne sont pas que des nombres. Pour dire que nous voulons la paix et nous voulons un avenir pour les Palestiniens à Gaza. En détruisant Gaza et en tuant ses enfants, Israël veut aussi tuer l’avenir d’un Gaza palestinien. C’est ce que l’historienne Stéphanie Latte Abdallah2 appelle un « futuricide ».
Sur la place de la Monnaie à Bruxelles, plus de 200 personnes du monde culturel et social ont lu les noms des enfants tués à Gaza depuis le 8 octobre 2023. Ce sont 2 cinéastes belges qui ont organisé cette lecture : Thierry Michel et Mourad Boucif. Ils se sont toujours engagés pour la justice et les droits humains. Ils ne pouvaient pas rester sans rien faire face au massacre d’hommes, de femmes et d’enfants de Gaza tués par l’armée d’Israël. On estime que presque 60 000 personnes palestiniennes ont été tuées à Gaza. Parmi elles, 18 700 enfants. Il était impossible de les citer tous, mais c’est le nom de plusieurs milliers d’enfants que l’on a entendu place de la Monnaie pendant 8 heures. Le vent était un peu froid, mais c’était la lecture des noms qui glaçait les os et mouillait parfois les yeux de larmes.
Des noms d’enfants
Pas de grands discours, pas de forte colère, juste des noms d’enfants morts avec leur âge :
Rawaa Qasim al Astal, 5 ans
Sham Abu Ajwa, 7 ans
Naser al Ghazali, 4 ans
Reem Badwan, 3 ans
Ahmed Ismail, 15 ans
4 enfants d’une même famille : Nour, Yasmin, Malak et Malik Sharaf : 3, 6, 10 et 11 ans
Il faudrait plus de 18 000 lignes pour les citer tous…

Photo Véronique Vercheval
Tués, blessés, traumatisés
Et il faudrait encore ajouter les noms des 33 000 enfants blessés. Et il faut ajouter tous ceux qui n’ont pas été tués ou blessés. A Gaza, presque 1 habitant sur 2 a moins de 18 ans. Plus d’1 million de jeunes de moins de 18 ans sont traumatiséspersonnes malades physiquement ou psychologiquement suite à un événement violent. à vie. La guerre empêche un enfant de se développer normalement. On constate que beaucoup d’enfants de Gaza ont des tremblements, des crises d’angoisse. Ils s’enferment dans le silence, se mutilent eux-mêmes parce qu’ils vivent dans une douleur extrême. Depuis l’attaque d’Israël, les traumatismes ont beaucoup augmenté, mais beaucoup de jeunes souffraient déjà avant cette attaque. Gaza vit un blocus imposé par Israël depuis 2007. Beaucoup d’enfants étaient donc déjà mal nourris. Et surtout, la guerre qui a commencé en octobre 2023 n’est pas la première. Pour ne prendre que les dernières attaques, Israël a attaqué la Bande de Gaza en 2008, en 2012, en 2018 et en 2021.
Le futuricide
Au nom d’une guerre contre le mouvement islamistequi veut imposer son interprétation des règles de l'islam à l'Etat et à la société. Hamas, Israël détruit le patrimoine culturel et historique de Gaza. Israël détruit le passé de Gaza. Israël détruit les logements, les écoles et les hôpitaux. Israël affame la population. Israël tue ou blesse des dizaines de milliers de civils et parmi eux presque 19 000 enfants. Les enfants, c’est l’avenir d’un peuple. Israël ne veut pas que les Palestiniens aient un avenir à Gaza. L’historienne Stéphanie Latte Abdallah a un mot juste et terrible pour dire cela, c’est le futuricidetuer le futur ("cide" vient du latin et veut dire tuer).
Plus de 200 personnalités ont lu les noms des enfants morts à Gaza pendant 8 heures, voici un extrait de 60 secondes. C’est l’image et la voix de Pie Tshibanda, écrivain et conteur congolais vivant en Belgique.
- Evidemment, il est difficile de donner le chiffre exact, mais ce nombre est proche de la réalité selon plusieurs sources. ↩︎
- Stéphanie Latte Abdallah a écrit Un futuricide en Palestine dans le livre “Gaza, une guerre coloniale”, Editions Acte Sud ↩︎

Interview de 3 minutes de Thierry Michel sur la chaine TV5
