Marie-Thérèse Coenen, spécialiste de l’histoire ouvrière écrit:
« Du 20 décembre 1960 au 23 janvier 1961, la Belgique connaît un mouvement social d’une ampleur considérable dont le caractère de quasipresque insurrectionsoulèvement pour renverser le pouvoir a marqué les esprits. Pendant près de 5 semaines, les illuminations des villes furent réduites, l’électricité rationnée, les grands magasins et les administrations fermés.
«Dans les foyers, les repas de fin d’année se feront à la chandelle»
Les enseignants, les fonctionnairespersonnes qui travaillent pour l'Etat, les cheminots, les traminots arrêtent le travail et sont rejoints par les mineurs, les métallurgistes, les ouvriers du textile et de l’alimentation… Le port d’Anvers est paralysé. Dans les foyers, les repas de fin d’année se feront à la chandelle par manque d’électricité. Toute la population revit les temps difficiles de la guerre. Cela marque. »
«La guerre n’est pas très loin»
Marie-Thérèse Coenen écrit encore :
« Pendant ces 5 semaines de grèves, il y a des rassemblements, des manifestations quotidiennes parfois houleuses, des bagarres entre syndicalistes, entre grévistes et non-grévistes, entre manifestants et forces de l’ordre. Cela tourne parfois à l’émeuteMouvement populaire violent. Il y a 4 morts : par balle ou des suites de coups reçus. Il y a aussi de nombreux blessés et des centaines d’arrestations.
La guerre n’est pas très loin et les pratiques de la clandestinité et de la résistance ne tardent pas à resurgir. Il y a des actes de sabotage contre des voies de chemin de fer, contre des pylônes pour protester contre l’occupation des centrales par l’armée ou la gendarmerie. »
Source “Un événement entre-deux” dans La Revue Nouvelle de novembre 2010