vendredi 19 avril 2024

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Zaia, en mal de logement

Je l’appellerai Zaia. C’est une femme magnifique et accueillante. Souriante et généreuse. Zaia a deux enfants. Jusqu’il y a peu, elle vivait avec ses deux enfants dans un appartement, avec son mari, à Bruxelles. Puis Zaia a pris la décision de divorcer. Et quelques mois après, son propriétaire lui a annoncé qu’elle et ses deux enfants devaient quitter l’appartement. «Je vais relouer à un membre de ma famille», a-t-il prétexté. En quelques mois, Zaia et ses enfants se retrouvent sans logement, sans chez soi… Expulsés… Personne chez qui aller, car Zaia connaît peu de monde ici. Sa famille habite dans un autre pays. Elle est arrivée en Belgique il y a quelques années seulement. Et qui voudrait héberger une mère et ses deux enfants ? Et puis, elle a sa dignité, aussi…

Maison d’accueil

Aujourd’hui, Zaia et ses enfants vivent dans une maison d’accueil. Elle paie environ 1 000 euros par mois (certains repas sont compris). Je dois avouer que j’ignorais, avant d’avoir rencontré Zaia, que les maisons d’accueil étaient payantes et coûtaient si cher… Cette somme engloutit quasi les deux tiers du Revenu d’Intégration Sociale (RIS) que Zaia reçoit du CPAS. Et puis, une maison d’accueil, ça dépanne, mais ce n’est pas très intime. Certains espaces sont communs. Il faut partager les toilettes, les sanitaires, la cuisine, le salon…

Logement social

Zaia a voulu déposer une demande de logement social. Elle est allée dans une association pour qu’on l’accompagne dans ses démarches, pour qu’on l’aide à remplir les documents nécessaires. La personne qui l’a reçue l’en a dissuadée : « Vous allez devoir attendre longtemps, madame, peut-être 10 ans… On ne veut pas vous donner de faux espoirs. » Alors, Zaia est repartie bredouille et elle ne sait pas trop vers qui se tourner maintenant.

Logement privé

Zaia cherche activement un logement privé. Un loyer si possible autour des 700 euros. Elle rêvait d’un appartement ou d’une petite maison, avec une cour ou un petit jardin, dans un quartier calme. Elle a dû vite ranger ses rêves au placard. Elle m’explique : « Une chambre pour mes enfants suffit, je dormirai dans le salon, ce n’est pas un problème pour moi. » Zaia cherche et cherche encore. Elle cherche tellement que je pense qu’elle serait prête à fermer les yeux sur l’insalubrité des lieux… Du moment qu’elle parvienne à trouver un nouveau « chez soi » pour elle et ses enfants. Un logement pas trop loin de l’école des enfants, de préférence.

Chercher sans fin

Quand Zaia tombe sur un appartement qui pourrait correspondre à ses maigres revenus et ses modestes attentes, la plupart du temps, le propriétaire ne veut pas le lui louer… C’est une mère seule. Elle n’a pas de travail. Elle dispose du RIS. Elle n’a pas de quoi payer une garantie locative. Le CPAS est son seul garant. Les propriétaires se méfient de ce genre de « profil ». Et puis, Zaia porte le voile. Et moi, je pense que ça, ça ne plaît malheureusement pas à certains propriétaires… même s’ils ne lui disent pas. Alors, Zaia cherche et cherche encore.
Malgré tout, Zaia reste toujours souriante, toujours généreuse. Mais plus le temps passe, plus son visage se ferme. Plus le temps passe, plus le poids des tracas se dessine sur ses épaules.
Des Zaia, il en existe beaucoup d’autres… Beaucoup trop d’autres…

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