mercredi 14 mai 2025

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Basta la muerte!



Les attentats de Madrid feront date dans l’histoire
de l’Espagne, de l’Europe et du Monde – Photo: Belga

L’Espagne a vécu l’horreur du
terrorisme, le 11 mars. Dix bombes ont explosé dans des trains de la
banlieue de Madrid. Deux cents personnes innocentes ont été tuées
et mille cinq cents ont été blessées. Au départ,
on pensait à un attentat de l’ETA.
Le Premier ministre José Maria Aznar a lui-même influencé
cette version, par calcul politique. Mais en quelques heures, la piste islamiste
s’est révélée la bonne.

Cela aurait pu se passer à Londres, dans l’Italie
de Berlusconi ou ailleurs encore en Europe. Le terrorisme est aveugle, toujours.
Il frappe des victimes innocentes, le plus souvent en essayant que le carnage
soit le plus frappant possible. Il faut faire mal, très mal. Les responsables
des attentats de Madrid ont réussi leur coup au-delà de leurs
espérances. Ce qui s’est passé en Espagne, il y a à
peine un mois est un véritable séisme.
Ces actes d’une barbarie inouïe feront date dans l’histoire
de ce pays, dans l’histoire de l’Europe et du monde en général.

De nombreuses analyses possibles

L’inconcevable, l’invraisemblable a eu lieu. Tout s’est
déroulé comme pour les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis,
dans un climat de film de politique-fiction. Pourquoi les commanditaires
de cet attentat terroriste ont-ils choisi Madrid? Madrid est la capitale de
l’Espagne, située au centre de la péninsule. Pendant des
siècles, les trois quarts du sud de l’Espagne actuelle ont été
musulmans. A cette époque, le sud de l’Espagne était très
brillant artistiquement et culturellement. Il reste aujourd’hui encore
beaucoup de traces de cette civilisation, notamment dans la ville de Cordoue.
De plus, le gouvernement espagnol s’est aligné sur la politique
de Bush et Blair à propos du terrorisme international et de l’intervention
en Irak.

La date elle-même n’est pas un hasard: un onze (mars). Le responsable
d’Interpol, Ronald Noble suppose que la date du 11 mars soit 911 jours
après New York a bien été choisie intentionnellement!

Enfin, ces attentats ont eu lieu quelques jours avant des élections
importantes. Le 14 mars, les Espagnols devaient élire leur nouveau Parlement.
On sait aujourd’hui que le PP,
le parti de Maria Aznar s’est largement fait battre par le PSOE.

La droite balayée aux élections

Le 14 mars, les Espagnols ont voté en masse pour le parti socialiste
espagnol. C’est José Luis Rodriguez Zapatero qui va diriger le
pays. Paradoxalement, ces attentats et ces élections ont donc bouleversé
la construction européenne, dans le bon sens.

En effet, les observateurs estiment que la droite espagnole a obtenu des résultats
exemplaires sur le plan intérieur, mais que sa politique européenne
et internationale a manqué de cohérence et de clairvoyance. Rappelons
par exemple le naufrage du pétrolier “Prestige” le long des
côtes atlantiques et la pollution qu’il a provoqué. Le gouvernement
Aznar a tenté de dissimuler sa responsabilité dans cette catastrophe
écologique. Les Espagnols ont réagi, manifesté leur mécontentement
et leur colère, mais sans résultat. D’autre part, Aznar
s’est aligné sans réserve aux côtés de Georges
Bush et Tony Blair pour la guerre en Irak contre Saddam Hussein. Une fois de
plus, les Espagnols ont réagi en descendant dans la rue pour dire non
à la guerre. Ils n’ont pas été entendus. Le camp
Aznar ne s’est jamais montré très européen. Il s’est
opposé aux Français, aux Belges et aux Allemands au sujet de l’intervention
en Irak.

Menteurs et tricheurs au tapis

De la même façon, Aznar s’est opposé au projet d’une
constitution européenne. Et il a lourdement participé à
la faire capoter. Avec les attentats du 11 mars, ce gouvernement est tombé
dans ce qu’il y a de plus inadmissible en utilisant l’émotion
d’un peuple. Ses responsables ont menti sans scrupule jusqu’à
la veille des élections. Ils ont nié l’évidence,
les résultats de l’enquête et les renseignements de leur
service. Par calcul, les responsables du gouvernement ont continué de
prétendre que l’ETA était responsable de ces attentats.
Mieux encore, Aznar lui-même a touché le fond en téléphonant
personnellement aux rédacteurs en chef des grands quotidiens espagnols
pour influencer les titres des quotidiens du matin.

Les voix de la raison

Le parti de monsieur Aznar était pourtant donné vainqueur avant
les attentats. Son gouvernement a donc perdu parce que le peuple a réagi
face au mensonge. C’est une magnifique leçon de démocratie
d’un peuple qui a vécu des dizaines d’années d’une
intolérable dictature sous Franco. José Zapatero va dorénavant
gouverner l’Espagne avec un idéal européen très clair.
L’influence du PSOE va complètement changer les cartes de la future
Europe. D’ores et déjà, José Zapatero a annoncé
que les troupes espagnoles se retireraient prochainement d’Irak. Quel
terrible paradoxe! Des innocents travailleurs, des étudiants tués
dans des circonstances inqualifiables font basculer la politique d’un
pays et sans doute d’un continent européen en recherche d’identité.
Les islamistes de la nébuleuse Al Qaida ont encore frappé très
fort ! Ils ont tué sans états d’âme de pauvres gens
et ils ont semé le trouble dans les esprits sur le rôle qu’ils
peuvent jouer!

Nicolas Simon


Jeudi 11 mars

Dix bombes explosent entre 7h 39 et 7h 42 dans quatre trains
de banlieue venant d’Alcala de Henares et se dirigeant vers la gare
d’Atocha. C’est l’heure de pointe. Le bilan des morts et
des blessés est très lourd: des étudiants, des travailleurs…
Le président du gouvernement autonome basque accuse l’ETA. Le
gouvernement Aznar appelle les médias pour confirmer que c’est
bien l’ETA qui a commis ces attentats. Le Ministre de l’Intérieur
fait une déclaration en ce sens à 13 heures.

A midi, on découvre, dans une camionnette proche de
la gare d’Alcala de Henares, sept détonateurs et une cassette
contenant des versets du Coran. Le Ministre de l’Intérieur ne
donnera cette information qu’à 20 heures.

Les partis qui se présentent aux élections décident
de suspendre la campagne électorale.

Vendredi 12 mars

L’ETA nie toute responsabilité dans les attentats.
Le gouvernement insiste pourtant pour privilégier cette piste. A 19
h, onze millions d’Espagnols descendent dans la rue. Ils veulent montrer
leur rejet du terrorisme et honorer les victimes.

Samedi 13 mars

La police arrête cinq hommes dans l’après-midi:
trois marocains et deux Indiens. Al Qaida revendique les attentats dans une
cassette vidéo. Celle-ci a été déposée
dans une poubelle, près de la grande Mosquée de Madrid.

Des milliers de personnes manifestent à Madrid et à
Barcelone devant les sièges du PP. Ils exigent qu’on leur dise
la vérité à propos des coupables des attentats.

Le nombre de victimes est de 200 morts et de plus de 1500 blessés.

Dimanche 14 mars

Les votes commencent. Avant les attentats, on pensait que le
PP gagnerait ces élections sans aucun problème. Il était
au pouvoir depuis huit ans. A 22h 30, le Ministre de l’Intérieur
annonce que les Socialistes ont gagné les élections. Le PSOE
obtient 164 sièges. Le PP en obtient 148.

 

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