vendredi 19 avril 2024

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Caterpillar, douche froide et eaux glacées

Caterpillar Gosselies, c’est fini en avril 2017! La plus grosse entreprise de la région de Charleroi ferme ses portes. Les 2 200 travailleurs de l’usine vont perdre leur emploi. En plus, il y a les travailleurs des entreprises qui travaillent pour Caterpillar, les sous-traitants comme on dit : plus de 4 000 personnes. Quand ils seront au chômage, ces travailleurs et leur famille dépenseront moins d’argent. C’est un manque à gagner pour l’économie de la région. La fermeture de l’usine de Gosselies de Caterpillar est bien une catastrophe. Mais ce n’est pas vraiment une surprise.

Le début de la fin

En 2013, Caterpillar Gosselies licencie 1400 personnes. La direction déclare alors que cela va relancer l’usine. Les patrons investissent un peu et les travailleurs font beaucoup de sacrifices. Mais, à l’époque, qui y croit vraiment ? Dans notre journal L’Essentiel, nous écrivions en 2013 : « Ces 1 400 licenciements sont sans doute une première étape vers la fermeture définitive de l’usine. »

Et les choses s’aggravent. Entre mi 2015 et mi 2016, Caterpillar est passé de 126 800 travailleurs à 112 900 dans le monde. C’est vrai que ce n’est pas une bonne période pour Caterpillar. Caterpillar vend de gros engins pour les chantiers: bulldozers, pelleteuses, etc. De gros engins pour les carrières, les mines, la construction, le secteur du gaz et du pétrole. Ce sont des secteurs qui ne vont pas très bien. Le chiffre d’affaires de la multinationale est en baisse : 66 milliards de dollars en 2012, contre 40 milliards de dollars en 2016. C’est vrai que l’économie n’est pas au mieux. C’est vrai que Caterpillar ne gagne pas beaucoup de nouveaux marchés. Mais le groupe n’est pas en faillite ! Au contraire…

Des bénéfices

En 3 mois, avril, mai et juin 2016, l’ensemble du groupe Caterpillar a fait 785 millions de dollars de bénéfice pour un chiffre d’affaires de 10,3 milliards. D’accord, mais est-ce alors l’usine de Gosselies qui va mal ? En 2014, l’usine de Gosselies avait un bénéfice de 40,2 millions d’euros. En 2015, il n’était plus « que » de 16,5 millions avant impôt mais quand même. Ce sont peut-être les impôts qui sont trop élevés en Belgique ? Pas vraiment. Officiellement, Caterpillar paie 30% d’impôt. Mais Caterpillar profite de beaucoup d’avantages fiscaux. Selon une étude, en 10 ans, de 1994 à 2015, Caterpillar a pu économiser 149 millions d’euros d’impôt. Et si on compte tous les avantages fiscaux et les manipulations de la multinationale, Caterpillar n’a réellement payé que 3,4% d’impôt en moyenne !

La main-d’œuvre est trop chère alors ? Le coût total des rémunérations, cotisations sociales et pension a baissé de 33 %. Les travailleurs ont fait des sacrifices avec l’espoir de sauver l’entreprise et leur emploi. Ils ont accepté de moins bonnes conditions de travail. Cela n’empêche pas les patrons de la multinationale Caterpillar de fermer l’usine de Gosselies. Car ils ont leur logique : toujours plus de profit, toujours plus d’argent.

Douche froide et eaux glacées

Caterpillar a profité pendant des dizaines d’années de beaucoup d’avantages accordés par l’État : baisse d’impôt, etc. Pendant toutes ces années, l’argent gagné en Belgique passait par les paradis fiscaux comme la Suisse, le Luxembourg, les Bermudes… Caterpillar échappait ainsi à beaucoup de taxes. Aujourd’hui, cela ne suffit plus à la multinationale.

Les travailleurs de Caterpillar ont tout fait pour sauver « leur » boîte, « leur » usine, « leur » entreprise. Mais ce n’est pas la « leur ». Les propriétaires, ce sont des actionnaires : ils se fichent complètement des êtres humains qui leur ont pourtant permis de faire beaucoup de bénéfices. Dans un rapport, les patrons de Caterpillar disent à leurs actionnaires: « En 2015, nous avons racheté pour 2 milliards d’actions et augmenté le dividende trimestriel de 10 %. Nous augmentons le montant du dividende depuis 22 ans et depuis 2007, notre dividende a plus que doublé.» Mais cela ne suffit plus… Les propriétaires de Caterpillar? Des requins qui vivent « dans les eaux glacées du calcul égoïste ».

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