![]() Bruxelles a accueilli un sommet européen contre le terrorisme – Photo: Belga |
Les attentats du 11 mars à Madrid ont eu l’effet
d’un électrochoc
sur l’Union européenne (UE) et sa politique de lutte contre le
terrorisme. Les pays membres ont pris différentes mesures pour répondre
à cette menace “invisible”.
Au-delà des manifestations de solidarité et des minutes
de silence dans de nombreuses villes, l’UE devait absolument réagir
aux attentats de Madrid. Le 19 mars, Bruxelles a accueilli une session extraordinaire
du Conseil. Les ministres de la Justice et des Affaires intérieures des
15 membres actuels et des 10 Etats qui rejoindront l’UE le mois prochain
y étaient réunis. La Belgique était ainsi représentée
par les ministres Laurette Onkelinx et Patrick Dewael. Mais quelles sont les
principales pistes qui sont ressorties de cette réunion?
De nouvelles mesures
Les ministres ont d’abord demandé d’appliquer immédiatement
la “clause de solidarité”. Cette clause prévoit que
lorsqu’un Etat membre est victime d’un acte terroriste, il peut
recevoir l’aide des autres Etats membres, y compris un soutien militaire.
Cette clause est également reprise dans le projet de Constitution européenne,
qui devrait être adoptée d’ici le mois de juin. Les ministres
européens ont ensuite recommandé qu’un responsable de la
lutte antiterroriste soit nommé. Le 25 mars, le Néerlandais Gijs
de Vries a été nommé “Monsieur antiterrorisme“.
Cet homme est désormais responsable de la coordination de toutes les
activités de l’UE dans ce domaine. Il est rattaché aux services
du secrétaire général de l’Union européenne,
l’Espagnol Javier Solana.
De plus, les ministres de la Justice et des Affaires intérieures ont
étudié la possibilité que l’on introduise des données
biométriques dans les documents d’identité des Européens,
plus tôt que prévu. Et ils ont aussi demandé que la directive
sur l’indemnisation
des victimes d’attentats soit adoptée le plus rapidement possible.
S’attaquer à l’origine du problème
Ces nouvelles mesures sont une chose. Mais les responsables européens
ont également demandé aux Etats d’accélérer
la mise en place des mesures déjà adoptées, suite aux attentats
du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. A cette époque, l’UE avait
adopté un plan pour se protéger contre le terrorisme et pour garantir
sa sécurité. Ce plan recommandait d’adopter de nombreuses
mesures. Par exemple: lutter contre le financement du terrorisme, améliorer
la coopération entre les services de police et de renseignement, renforcer
la sécurité dans les moyens de transport. Or, actuellement, tous
les Etats membres n’ont toujours pas fait les démarches nécessaires
pour que toutes ces mesures puissent être appliquées. C’est
notamment le cas du mandat
d’arrêt européen.
Quoi qu’il en soit, l’UE bouge et la lutte contre le terrorisme
est une priorité pour elle. Mais lutter contre le terrorisme, ce n’est
pas seulement mettre en commun des mesures en matière de police et de
justice. Comme l’a souligné, Dominique de Villepin, le ministre
français des Affaires étrangères, cette approche sécuritaire
ne servira pas à grand-chose si “elle n’est pas complétée
par une stratégie politique qui s’attaque aux racines du problème”.
En d’autres mots, si on ne s’attaque pas aussi aux situations d’injustices
et aux frustrations qui naissent de trop nombreuses crises à travers
le monde…
Olivier Brouet