mercredi 14 mai 2025

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L’impossible dialogue


Trois positions inconciliables se dessinent à
propos de l’affaire et de l’enquête – Photo: Jean-Luc Flémal

Le procès de Marc Dutroux et de ses complices
a débuté le 1er mars, soit depuis plus d’un mois devant
la Cour d’assises d’Arlon. Plusieurs enseignements
peuvent déjà être tirés: il est désormais
certain que des questions resteront sans réponse et que certaines positions
s’affronteront toujours…

Le procès de Marc Dutroux a déjà pris quinze
jours de retard par rapport au programme prévu. Il ne devrait donc s’achever
qu’en juin. Mais certains pensent que les retards vont encore s’accumuler
et qu’il sera impossible d’avoir fini pour cette date. Si c’est
le cas, le procès serait interrompu durant les vacances judiciaires et
s’achèverait à l’automne.

Le retard actuel s’explique surtout par le fait que certaines
dépositions
ont pris beaucoup plus de temps que prévu. Notamment les dépositions
du juge d’instruction Langlois, des deux chefs d’enquête ainsi
que de médecins experts et de spécialistes. Toutes ces personnes
ont dû répondre à de nombreuses questions posées
par certains parents des victimes et par des membres du jury. Leurs explications
et leurs réponses ont donc demandé beaucoup plus de temps que
prévu. Or, fin mars, pas moins de 400 personnes devaient encore être
entendues.

Des questions sans réponse

Par ailleurs, après un mois de procès, on commence à
deviner certaines choses. Ainsi, on peut se demander si certaines questions
trouveront un jour une réponse. En effet, le dossier est énorme.
L’enquête a demandé des années de travail et tout
n’a pas pu être vérifié. Pour bien des éléments,
aussi, il n’y a pas de témoins. Donc, on n’a que la version
des faits données par les accusés. Autre constatation: Marc Dutroux
est manifestement plus manipulateur
que jamais.

Le 25 mars, le président de la Cour d’assises a d’ailleurs
dit aux familles des victimes et à leurs avocats que certains éléments
ne seraient sans doute jamais éclaircis. Pourquoi? Parce qu’il
n’y a pas moyen de faire autrement! Soulignons que ce président
mène particulièrement bien les débats. En effet, il arrive
à éviter au maximum les incidents. Et il fait preuve de beaucoup
d’humanisme. Car il ne faut pas oublier que, en un mois de procès,
il y a déjà eu des moments très douloureux pour les familles,
d’abord, mais aussi pour les jurés.

Trois positions inconciliables

L’évolution des débats montre aussi de plus en plus que
trois positions inconciliables
se dessinent à propos de l’affaire et de l’enquête.
La première position est celle de Sabine Dardenne. Ses avocats l’ont
exprimée le 25 mars. Ces derniers ont remercié les enquêteurs
pour leur travail. Ils leur sont reconnaissants d’avoir réussi
à faire parler Dutroux et d’avoir ainsi permis de sauver la vie
de Sabine. Pour la jeune femme et ses défenseurs, les choses sont claires:
Marc Dutroux a agi seul et ne fait pas partie d’un réseau pédophile.
D’ailleurs, Sabine a été victime de Dutroux uniquement.

La seconde position est celle des avocats de Laetitia Delhez. Eux non plus
ne parlent pas vraiment de réseau. Par contre, ils reprochent au juge
d’instruction d’avoir estimé que Michel Nihoul n’a
rien à voir avec l’enlèvement de Laetitia. Pour eux, cet
homme était bien complice de Dutroux. Par ailleurs, ils estiment que
le juge Langlois n’a pas été assez loin dans son enquête.
A cela, le juge répond qu’il ne peut s’en tenir qu’aux
faits et aux témoignages. Les avocats et les parents de An et Eefje,
eux, ne parlent pas non plus de réseau. Mais ils s’interrogent
et estiment également que le juge d’instruction n’a pas poussé
son enquête assez loin. Le juge leur a fait la même réponse.

Enfin, la troisième position est défendue par les parents de
Julie et Melissa. Depuis toujours, ils contestent le déroulement de l’enquête
et s’opposent au juge Langlois. Pour eux, il existe des réseaux
pédophiles et la justice n’a pas fait son travail correctement.
Le juge Langlois a beau leur répondre, tout le monde a l’impression
que le dialogue est de toute façon impossible. Et hélas, rien
n’indique que cela va changer…

Marc Vandermeir

 

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