La Turquie sera sans doute le 13e pays à rejoindre l’Union européenne.
Après les dix pays qui entreront le 1er mai 2004. Et après la Roumanie
et la Bulgarie en 2007. Mais quand la Turquie, ce pays de 70 millions d’habitants
va-t-il être autorisé à faire partie de l’Union? Tout
va se jouer cette année…
![]() La Turquie et l’Union Européenne iront-elles bientôt dans la même direction (Photo: Belga) |
En janvier, Romano Prodi, président de la Commission
européenne,
s’est rendu officiellement en Turquie. C’est une visite historique.
La dernière visite d’un président de la Commission dans ce
pays remonte à 1963… La visite de Prodi ne tombe pas par hasard. Après
40 ans, le temps presse. Pourquoi? Pour deux raisons. Le plus urgent est de régler
le problème de Chypre qui entre dans l’Union européenne le
1er mai prochain. Or, une partie de l’île est occupée militairement
par la Turquie. Ensuite, à la fin de l’année, les dirigeants
européens diront s’ils acceptent de négocier officiellement
avec la Turquie son entrée dans l’Union. S’ils disent oui,
la Turquie deviendra, dans quelques années, le 28ème pays de l’Union
européenne.
Tache dans l’Union
Chypre est une île de la Méditerranée qui est divisée
en deux depuis 30 ans: une partie que l’on appelle “ grecque ” (au
sud) et une autre que l’on appelle “ turque ” (au nord). En
1974, des nationalistes grecs de Chypre font un coup
d’Etat. Ils veulent
que l’île soit rattachée à la Grèce. En réaction,
la Turquie occupe militairement le nord du pays. Entre temps, La partie grecque
de l’île est devenue démocratique. Elle est reconnue comme
un Etat par la communauté internationale. Le nord de Chypre est toujours
considéré comme occupé par la Turquie. Malgré les
pressions de l’ONUOrganisation des Nations unies, presque tous les Etats du monde sont à l'ONU. L'ONU a été créée pour défendre le droit international, la justice, la sécurité et la paix. et surtout de l’Union européenne, aucun
accord n’a été trouvé.
La visite du président de la Commission européenne en Turquie n’est
donc pas un hasard de calendrier. Il s’agit de rappeler à la Turquie
qu’elle doit, elle aussi, faire pression sur le gouvernement turc de Chypre
pour trouver une solution. Trente mille soldats turcs sont encore aujourd’hui
en Chypre du nord. Si rien ne change, le 1er mai, une partie du territoire d’un
Etat de l’Union européenne sera occupée illégalement
par la Turquie. Or la Turquie demande depuis longtemps à entrer dans cette
même Union. Cela fait donc tache…
Zones d’ombre
Le problème de Chypre n’est pas le seul obstacle à l’entrée
de la Turquie dans l’Union. Le pays doit encore prouver qu’il respecte
bien les Droits de l’homme et les grandes règles démocratiques.
Le mois dernier, la peine de mort a été supprimée. C’est
un bon début, mais cela ne suffit pas. Les Kurdes ont aussi un peu plus
de libertés que dans le passé. Mais juste un peu. Et l’armée
a encore beaucoup de pouvoir. Sur le plan des libertés, la Commission
et l’Union européenne veulent donc une amélioration.
Pour compliquer le problème, la Turquie est dirigée depuis un an
par le Parti de la justice et du développement. C’est un parti d’origine
islamistequi veut imposer son interprétation des règles de l'islam à l'Etat et à la société.. La Turquie est composée, c’est vrai, en majorité de
musulmans. Mais c’est un Etat laïc. Le foulard islamique, par exemple,
est interdit dans les administrations et la plupart des écoles. La population
musulmane a, en général, une idée moderne de l’islam.
L’actuel parti au pouvoir se veut d’ailleurs rassurant. Il se dit
un parti démocrate et conservateur. Mais ce parti musulman inquiète
certains dirigeants européens. Car la Turquie est un immense pays de 70
millions d’habitants. Si elle entre dans l’Union, elle aura beaucoup
de poids et jouera donc un rôle très important…
Thierry Verhoeven