On le sait, les multinationales veulent gagner beaucoup d’argent. Par exemple, les grandes enseignes de mode font fabriquer leurs vêtements en Asie ou en Afrique depuis longtemps. Les travailleurs sont très mal payés et n’ont aucun droit. Ceci se passe aussi dans le secteur de l’informatique et de l’intelligence artificielle.
Cette vidéo de 3 minutes d’Arte TV montre l’envers du décor de l’intelligence artificielle. Une intelligence qui nous rend bien des services. Des services dont on ne pourraient plus se passer aujourd’hui. Mais à quel prix pour les travailleurs des pays pauvres ? De jeunes informaticiens sont employés ou plutôt exploités. Ils n’ont pas de contrat et pas de droits sociaux. Mais ils ont évidemment des chefs, des supérieurs et beaucoup d’heures de bureau, ce sont les forçatsPersonnes obligées de s'épuiser au travail de l’intelligence artificielle.
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Ci-dessous la transcription de la vidéo :
Dans la pénombre de sa chambre d’un quartier pauvre de la ville de Cagayan de Oro, Chaïro entraine les algorithmes des véhicules autonomes d’un grand constructeur automobile occidental.
« Ca, c’est l’emprunte laser d’un véhicule, je renseigne ces données pour que l’intelligence artificielle sache différencier une voiture d’un animal ou d’un panneau. Ils disent que grâce à ça, l’IA remplacera bientôt les conducteurs ».
Sur l’île de Mindanao, des milliers d’informaticiens participent ainsi à la révolutionchangement véritable et profond de l’intelligence artificielle. La plupart travaille dans une grande précaritéle fait d'être dans une situation fragile, incertaine.
« Nous travaillons depuis un cybercafé, car nous n’avons pas d’ordinateur personnel, on bosse la nuit car sinon il y a beaucoup trop d’enfants dans les cybercafés et on ne peut pas se concentrer. On travaille de 8 heures du soir à 5 heures du matin. »
« Ici, je dois entrainer l’IA à reconnaitre des aliments, chaque tâcheun certain type de travail vaut moins de 20 centimes. J’en fais une cinquantaine chaque nuit, ça me rapporte en moyenne 4 euros. »
Les trois hommes travaillent pour REMOTASK, une plateforme américaine spécialisée dans la fourniture de données pour les leaders mondiaux de l’intelligence artificielle. L’entreprise s’est installée aux Philippines en 2020. Elle a transformé ce discret bâtiment en véritable usine à données. Nous parvenons à rentrer à l’intérieur. Plusieurs centaines de jeunes y travaillent et alimentent en données les algorithmes de Google, Open AI ou Apple. A visage caché l’un de ces employés décrit ses conditions de travail.
« Nous sommes entre 500 et 1000 à travailler ici, en moyenne 6 jours par semaine. Il y a un poste de 6 heures à 13 heures, un autre de 13 heures à 20 heures, puis un autre la nuit. Nous travaillons comme des indépendants, on nous a dit que c’était la condition pour obtenir le job. »
Cet ex-cadre de REMOTASK a formé des centaines de personnes. Selon lui l’entreprise se livre à du travail dissimulé.
« Remotask emploie au moins dix mille travailleurs dans la région. Ils sont très peu payés, n’ont aucun contrat mais ils des supérieurs hiérarchiques et des horaires de bureau, c’est clairement de l’exploitation. »
Le responsable local de l’inspection du travail soupçonne lui aussi une situation illégale mais ses équipes ne peuvent guère lutter contre ce modèle économique
« Dans le cas d’une entreprise étrangère, il est très difficile de faire respecter les convocations et lorsque les employés officient depuis chez eux ou dans des cybercafés, cela rend les choses encore plus difficiles. »
Les autorités locales ont promis d’enquêter sur Remotask mais sans donner de calendrier. La multinationale emploie déjà 240 000 travailleurs dans le monde et après l’Asie, commence à s’étendre en Afrique.