Grosse émotion à Fort de France, en Martinique, un des territoires d’outre-mer de la France. Aimé Césaire est mort jeudi à l’âge de 94 ans. Les Martiniquais ont rendu hommagegeste de respect à celui qu’ils appelaient «Papa Césaire». Des milliers de personnes ont assisté à ses obsèques. Des anonymes, mais aussi des personnalités, des hommes politiques de gauche, mais aussi de droite, et même le Président de la République, Nicolas Sarkozy.
Mais le seul homme politique qui a parlé aux funérailles d’Aimé Césaire est son compagnon de lutte Pierre Aliker, 101 ans. La famille du défunt voulait que l’hommage national soit sobre. Sans risque de récupération d’aucune sorte…
Mais qui était donc Aimé Césaire, cet homme qui refusait les honneurs et qui disait de lui-même : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime »
Aimé Césaire était un poète et un homme politique. Il a été le symbolePersonne ou chose qui représente bien un sentiment, une idée, qui sert d'exemple et la personnalité politique la plus importante de la Martinique pendant plus de 50 ans. Mais surtout, Aimé Césaire a toujours combattu contre la colonisation et le racisme. Dans les années 1930, il a inventé avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon-Gontran Damas, l’idée de "négritude". Un mot nouveau pour dire qu’il fallait être fier d’être noir, fier de ses racines africaines. Aimé Césaire a ainsi influencé plusieurs générations d’écrivains et d’intellectuels dans le monde.
Aimé Fernand David Césaire est né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe (Martinique), dans une famille de sept enfants. Son père était enseignant et sa mère couturière. Son grand-père a été le premier enseignant noir en Martinique. Sa grand-mère savait lire et écrire alors que beaucoup de femmes de sa génération ne savaient pas. En septembre 1931, Aimé Césaire arrive à Paris avec une bourse du gouvernement français. Il rencontre Léopold Sédar Senghor, qui deviendra son ami … Une amitié qui durera jusqu’à la mort de Senghor en 2001.
En septembre 1934, Césaire fonde, le journal L’étudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaît pour la première fois le mot «négritude». Une idée née en réaction contre l’oppression culturelle du système colonial français. Cette idée remet en valeur l’Afrique et sa culture.
Aimé Césaire rentre en Martinique en 1939. Comme son épouse, il enseigne les lettres au lycée Schœlcher. Les Césaire fondent en 1941 la revue Tropiques. Une revue qui s’oppose aux idées en vogue à l’époque et au pouvoir en place. Cette revue paraîtra jusqu’en 1943. Pendant la guerre, Aimé Césaire rencontre à la Martinique le poète surréaliste André Breton. André Breton dira de Césaire qu’il était « le prototype de la dignité humaine ».
En 1945, Aimé Césaire est élu maire de Fort-de-France. Maire communiste, il donne la priorité aux logements, aux écoles et à la santé. Il est également élu député. En 1950, il publie "Discours sur le colonialisme", où il met en évidence les parallèles entre nazisme et colonialisme.". Aimé Césaire quitte le PC en 1956. Il reproche au Parti communiste français de ne pas rendre ses distances avec Staline et l’Union soviétique de l’époque. Il fonde deux ans plus tard le PPM, Parti progressiste martiniquais. Aimé Césaire sera député de la Martinique de 1945 à 1993. Il sera aussi maire de Fort-de-France de 1945 à 2001.
En 2001, Aimé Césaire se retire de la vie politique. Mais il réagira à la loi française du 23 février 2005. Cette loi prévoyait de faire apparaître dans les programmes scolaires « le rôle positif de la présence française outre-mer ». C’est pour cela qu’Aimé Césaire a refusé de recevoir Nicolas Sarkozy en 2005. Il ne le recevra qu’en 2006, quand un des articles de la loi du 23 février 2005 sera supprimé.
Mais le cœur de Césaire reste à gauche. Durant la campagne de l’élection présidentielle française de 2007, il soutiendra activement Ségolène Royal.
Sur la tombe de ce vieux rebelle, quelques mots de son "Calendrier lagunaire", des mots qu’il a choisis lui-même :
"La pression atmosphérique ou plutôt l’historique
Agrandit démesurément mes maux
Même si elle rend somptueux certains de mes mots".
Les œuvres d’Aimé Césaire Œuvres complètes (trois volumes), Fort-de-France, Desormeaux, 1976. Poésie Cahier d’un retour au pays natal, Paris, Présence africaine, (1939; 1960) Théâtre Et les chiens se taisaient, Paris, Présence Africaine, 1958; 1997 Essais Esclavage et colonisation, Paris, Presses Universitaires de France, 1948. Réédition : Victor Schoelcher et l’abolition de l’esclavage, Lectoure, Editions Le Capucin, 2004. Histoire Toussaint Louverture, La révolution Française et le problème colonial, Paris, Présence Africaine, (1962. Entretiens Rencontre avec un nègre fondamentaltrès important, de base, Entretiens avec Patrice Louis, Paris, Arléa, 2004. Enregistrement audio Aimé Césaire, Paris, Hatier, "Les Voix de l’écriture", 1994 |
Une réponse
Entendu ce dimanche à la radio la voix d”Aimé Césaire … Ah, la voix de ce”vieux rebelle”. Elle est poésie à elle seule…
C’était aussi l’occasion de réécouter les textes de Césaire, sa poésie taillée dans la chair et le sang de ceux qu’on opprime…
Quelle drôle d’idée de vouloir enfermer ce vieux rebelle dans ce Panthéon
poussiéreux, loin du soleil de La Martinique… A quoi elle pensait Ségolène Royal pour proposer ça?