jeudi 1 mai 2025

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Relents du passé

Au mois d’avril, à travers toute la Chine, des manifestants s’en
sont pris – parfois très violemment – à tout ce qui pouvait représenter
le Japon: ambassade, consulats, commerces, entreprises. Le gouvernement chinois
a dit que ces manifestations avaient été spontanées. Pourtant,
au début du moins, c’est bel et bien le gouvernement qui les a discrètement
encouragées. La Chine reste une dictature: une manifestation ne peut se
dérouler que si elle est autorisée par le pouvoir.

Ces périodes de tension entre les deux grandes puissances économiques
de l’Asie reviennent assez régulièrement, toujours au départ
de la Chine. Au nom de l’histoire. Car, pendant la Seconde guerre mondiale,
le Japon (allié de l’Allemagne) a envahi la Chine. Cette invasion
a été très sanglante et a coûté la vie à des
millions de personnes. La Chine a alors été réduite à l’état
d’esclavage, avec une sauvagerie inimaginable. Elle a aussi été particulièrement
humiliée. Un exemple: des milliers de jeunes filles chinoises ont été enlevées
et ont été mises à la disposition des troupes japonaises
pour devenir leurs esclaves sexuelles.

Un manuel d’histoire

Cette fois, c’est la publication, au Japon, d’un nouveau manuel
d’histoire pour les élèves qui a mis le feu aux poudres.
Pour les Chinois, en effet, ce livre minimisait les atrocités commises
par l’armée japonaise lors de l’occupation de la Chine.
Les manifestants chinois exigeaient que ce livre soit retiré. Ils exigeaient
aussi et surtout, des excuses du gouvernement japonais pour ces atrocités
du passé. Le livre a été retiré puis, au fil des
semaines, les deux gouvernements ont réussi à ramener la situation
plus ou moins à la normale. Mais le Japon ne s’est pas excusé.
Pas par mauvaise volonté ou par mépris. Mais tout simplement
parce qu’il l’a déjà fait à plusieurs reprises,
depuis déjà un certain temps. Au Japon, d’ailleurs, ces
coups de gueule chinois à répétition commencent à énerver.
Tout d’abord parce que les excuses ont déjà été faites,
mais aussi parce que le pouvoir communiste chinois «oublie» que,
depuis qu’il a pris le pouvoir, ce sont au moins 60 millions de Chinois
qui sont morts… Enfin, au Japon, on estime que la Chine ne veut pas voir
que le Japon n’est plus une puissance militaire (il n’a plus d’armée)
et qu’il participe à de nombreux efforts de paix dans le monde.
Sans oublier que c’est une démocratie.

Manipulation?

Il faut, pour expliquer cette tension, regarder au-delà de l’histoire.
Provoquer d’une manière ou d’une autre les manifestations
est, pour le gouvernement chinois, une manière de se
légitimer
.
Si le peuple manifeste, c’est en effet qu’il est d’accord
avec ce pouvoir qui n’est pas démocratiquement élu. C’est
du moins la manipulation que le pouvoir arrive à faire. Puis il y a
encore autre chose. La Chine, c’est vrai, a souvent été humiliée
dans son histoire. Elle a souvent été victime. Mais ce temps-là appartient
au passé. La Chine est maintenant une grande puissance économique
et politique. Où la démocratie fait toujours défaut. Mais
le peuple chinois a gardé des humiliations du passé, ce sentiment
d’être une victime. C’est ressenti plus fortement avec le
Japon parce que les deux pays ont, en grande partie, une culture commune.

Mais il n’est pas possible de réécrire l’histoire.
Et il faut que la Chine et les Chinois apprennent à ne plus agir en
fonction de leur passé.

Marc Vandermeir

 

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