L’Opération 11.11.11 réclame la souveraineté alimentaire. Les femmes sont des actrices importantes de la souveraineté alimentaire. Et plus encore depuis la rencontre de Nyéléni.
Début 2007, 600 délégués de différents mouvements sociaux se sont rencontrés pour défendre la souveraineté alimentaire. La rencontre a eu lieu au Mali. Et les Maliens ont voulu symboliser la rencontre en l’appelant Nyéléni. Nyéléni est une paysanne du Mali. Elle a vécu, dit-on, au 13e siècle. Son histoire s’est transmise oralement de génération en génération. Nyéléni est devenu une véritable héroïne. Elle était fille unique. C’était considéré une malédiction en Afrique. La légende dit que Nyéléni a réussi à cultiver le fonio, une céréale d’Afrique de l’Ouest. Le fonio, ce sont de petits grains que l’on mange, par exemple, en couscous. Il est cultivé au Tchad, au Mali, au Burkina Faso, au Nigéria.
Nyéléni est aussi devenue le symbolePersonne ou chose qui représente bien un sentiment, une idée, qui sert d'exemple de la souveraineté alimentaire et du droit des femmes qui travaillent dans l’agriculture. Lors de la rencontre pour la souveraineté alimentaire du Mali, un participant témoignait sur Nyéléni : «A tout prétendant à son mariage, elle répétait inlassablement que cela pouvait attendre, d’abord qu’elle avait une mission à accomplir, un hommagegeste de respect à rendre à sa famille, à la femme et à toutes les femmes et que cela était sa priorité.» Le nom de Nyéléni a été choisi aussi parce que les femmes jouent un rôle très important dans l’agriculture. On estime que 60 à 80% des aliments des pays pauvres et 50% des aliments produits dans le monde sont produits par des femmes. D’ailleurs au Mali, beaucoup de femmes ont participé à la rencontre pour la souveraineté alimentaire. Elles ont même fait une déclaration et elles ne sont pas tendres. Voici un extrait de leur déclaration :
Nous, femmes en provenance de plus de 86 pays, de divers peuples autochtones, d’Afrique, des Amériques, d’Europe, d’Asie, d’Océanie et de divers secteurs et mouvements sociaux sommes réunies à Sélingué (Mali) dans le cadre de Nyéléni 2007 pour participer à la construction d’un nouveau droit : le droit à la souveraineté alimentaire. Nous réaffirmons notre volonté d’agir pour changer le monde capitaliste et patriarcal qui priorise les intérêts du marché avant le droit des personnes.
Les femmes, créatrices historiques des connaissances en agriculture et en alimentation, qui continuent de produire jusqu’à 80 % des aliments dans les pays les plus pauvres et qui sont aujourd’hui les principales gardiennes de la biodiversité et des semences fermières, sont particulièrement affectées par les politiques néolibérales et sexistes. Nous subissons les conséquences dramatiques de ces politiques : pauvreté, insuffisance de l’accès aux ressources, brevets sur le vivant, exode ruralqui concerne la vie dans les campagnes et migration forcée, guerre et toutes les formes de violences physiques et sexuelles.
Cela fait longtemps que ce que l’on appelle « l’aide au Tiers-Monde » est en fait une coopération entre personnes et organisations du Nord et du Sud où chacun participe et a son mot à dire. Ces dernières années, les femmes, elles aussi, prennent leur droit à la parole pour défendre leurs actions.