jeudi 25 avril 2024

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Ni sursis, ni jugement

L’ancien président serbe, Slobodan Milosevic, est mort le 11 mars
d’une crise cardiaque dans sa cellule du tribunal international de La Haye.
Cet homme a dirigé la Serbie d’une poigne de fer pendant treize
ans. Soutenu par les nationalistes serbes, il a démantelé la Yougoslavie
du maréchal Tito pour créer une «Grande Serbie». Avec
pour résultat, les guerres en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et
au Kosovo. Il devait être jugé devant le tribunal de La Haye. Sa
mort en décide autrement.


Photo: Belga

«
Slobo-sloboda », ce qui signifie « Slobo-la-liberté ».
C’était le surnom que les nationalistes serbes donnaient à Milosevic.
Il y a peu de chances pour que les pauvres gens déplacés ou réprimés
par ce même Milosevic l’appellent de la même façon.
Devant le Tribunal pénal international, Milosevic était poursuivi
pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre
contre des Croates, des Bosniaques et des Kosovars. Malheureusement pour les
victimes et pour les défenseurs d’une justice internationale, le
dictateur ne sera jamais jugé. Avec sa mort, la procédure s’éteint.
Sa culpabilité ne sera jamais prouvée par la justice de La Haye.

Suicide involontaire!

Milosevic souffrait de troubles cardio-vasculaires. Il recevait des soins
réguliers.
Depuis plusieurs semaines, il demandait à aller se faire soigner en Russie.
Ses avocats avaient déposé une demande de mise en liberté provisoire.
Mais le tribunal pénal international l’avait refusée. L’ancien
homme fort de la Serbie aurait-il joué avec sa santé sans mesurer
les conséquences ? C’est en tout cas ce que révèle
l’autopsie pratiquée à l’Institut médico-légal
néerlandais de La Haye. Les analyses montrent qu’il a pris des médicaments
qui combattaient les effets de ses médicaments pour le coeur. L’homme était
un habile manipulateur. Il a très bien pu penser que son état de
santé se dégraderait un peu et qu’il pourrait ainsi être
hospitalisé à Moscou. C’est là que vit Mira Markovic,
la mère de ses deux enfants. Si c’est exact, Slobodan Milosevic
s’est put-être suicidé sans le vouloir !

Sa dernière tribune politique

Le procès de Slobodan Milosevic durait depuis quatre ans. Il touchait
doucement à sa fin. Au cours de ce procès, Slobodan Milosevic
s’est
montré arrogant et déterminé. Il s’est servi de
son procès comme tribune pour faire passer ses idées. Il a bravé ses
juges et n’a jamais reconnu aucun des 66 chefs d’accusation qui
lui étaient
reprochés. Il a fait l’historique de son règne et a affirmé qu’il
avait toujours agi dans l’intérêt de son peuple. Il considérait
que le tribunal était illégal, que l’acte d’accusation était
un faux. Il criait sans cesse au complot organisé. Pour lui l’acte
d’accusation n’était pas légitime. Il n’en
tenait pas compte, pas plus que des nombreuses victimes des crimes commis dans
l’ex-Yougoslavie.
Il a traité ses victimes avec mépris en affichant une totale
insensibilité.
Il a même été jusqu’à déclarer que
Srebrenica était «un
mythe mensonger»! Ceux et celles qui attendaient la fin de cet interminable
procès n’en connaîtront jamais le verdict. Slobodan Milosevic
est mort sans jugement, sans condamnation, sauf celles de l’opinion publique
et de l’histoire. C’est une maigre consolation, mais les victimes
pourront toujours se dire que la mort ne tue pas la culpabilité.

Nicolas Simon

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