Depuis plusieurs mois, il y a des manifestations en France contre la loi sur les retraites. Retraite est le mot que l’on utilise presque toujours en France pour parler de ce que nous appelons en Belgique “pension”. C’est une différence de vocabulaire, mais cela ne change rien à ce que c’est: une indemnitéargent versé à quelqu’un pour compenser une perte, pour réparer un dommage qui remplace le revenu du travail quand on arrête de travailler. Petit historique de ce mot dans la langue française.
On peut lire dans Le dictionnaire historique de la langue française à la fin de la longue définition du mot “pension”:
L’idée d’une somme versée régulièrement s’est maintenue en parlant d’une allocation versée régulièrement à quelqu’un (1664, semble rare avant 1790, décretloi du 3-22 août), en particulier dans pension de retraite (1868), qui a pour synonyme retraite (d’invalidité, etc.), d’où absolument pension, terme plutôt administratif en France, à côté de retraite, très courant. En revanche, pension est le mot usuel pour ce sens de retraite, en Belgique et au Luxembourg, ainsi qu’au Québec, et l’on dit prendre sa pension, et être à sa pension (Québec) ou partir à la pension (Belgique).et à partir du mot “Parallèlement (…)”
Pour les amateurs, voici toute la définition. Et à la lire, c’est plutôt les Belges qui ont raison:
PENSION n. f. est emprunté sous la forme pension (1216), puis pension (XIVᵉ s.), au latin pensio, -onis, dérivé de pensum, supin de pendere « peser », spécialement « peser le métal pour payer », d’où « payer » (> pendre, peser). Pensio désigne la pesée et, à certaines époques, le paiement, spécialement celui du loyer et de l’impôt.
▪ Le français a repris le mot au latin pour désigner un paiement, une récompense, et notamment la somme d’argent payée annuellement par un prince, un État à une personne que l’on veut gratifier ou récompenser (1315), ainsi que les gages (1428). C’est de ces sens, sortis d’usage, que procèdent celui de « nourriture donnée à qqn » (1535), puis les sens modernes, « argent donné pour être nourri et logé » (1607) et, par métonymie, « maison dans laquelle on est nourri et logé moyennant un certain prix » (1606).
D’autres emplois métonymiques correspondent, dans un contexteLes circonstances, les conditions, les explications d'un événement, d'un fait, d'une action scolaire, à l’établissement d’enseignement où l’on dispense aussi le logement et la nourriture (av. 1615) et à l’ensemble des élèves pensionnaires (1721 ; en pension 1564). En hôtellerie, pension complète, formule qui s’oppose à demi-pension (ci-dessous), correspond au logement et à tous les repas.
L’expression pension de famille, désignant un hôtel familial à prix modéré où les hôtes sont nourris, est attestée à partir de 1904.
▪ Parallèlement, l’idée d’une somme versée régulièrement s’est maintenue en parlant d’une allocation versée régulièrement à qqn (1664, semble rare avant 1790, décret du 3-22 août), en particulier dans pension de retraite (1868), qui a pour synonyme retraite (d’invalidité, etc.), d’où absolument pension, terme plutôt administratif en France, à côté de retraite, très courant. En revanche, pension est le mot usuel pour ce sens de retraite, en Belgique et au Luxembourg, ainsi qu’au Québec, et l’on dit prendre sa pension, et être à sa pension (Québec) ou partir à la pension (Belgique).