jeudi 25 avril 2024

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Arno, une interview dans Le Soir

Les journalistes du journal Le Soir Béatrice Delvaux et Thierry Coljon ont rencontré Arno en septembre 2019. Nous reproduisons ici des extraits de l’interview. Pour faciliter la lecture: les questions des journalistes sont en gras.

Au début de son interview les journalistes disent: «(…) On sait Arno peu désireux de parler de son histoire personnelle, c’est pourtant lui qui d’emblée va nous y plonger, au départ de son nouvel album « Santeboutique ».»
Arno: « C’est l’être humain qui m’inspire. Il fait des bêtises, il tombe amoureux, il fait des guerres. Ce qui se passe dans le monde, c’est lui qui le fait. Et aujourd’hui, on est dans le monde, dans un vrai Santeboutique, un bordel, un bazar, une misère.»

  • Arno parle de la montée de l’extrême droite et du racisme dans plusieurs pays d’Europe, de la façon dont l’Europe accueille les réfugiés

Arno: « Avec ce qui se passe autour de moi en Europe, je ne sais pas, je me sens dans les années 30. » Il nous regarde, puis enchaîne : « Parce que tu sais, je viens d’une famille de réfugiés. Mon père Maurice, durant la guerre, était pilote à la Royal Air Force en Angleterre. Mon grand-père Charles avait décidé, à peine les nazis entrés en Belgique, de partir là-bas en bateau, avec toute la famille : mon grand-père, ma grand-mère, mon père et sa sœur. »

«Il avait peur…»
Arno: «Oui car il était sur la liste des nazis. Il était gauchiste. Comme mon père syndicaliste. Ils sont donc partis…»
(…)

«Cette lutte contre le fascisme vous a donc marqué très tôt…»
Arno: «J’ai été éduqué avec cela. Je suis né en 1949. Je me souviens encore de mon père parlant avec ses copains. Certains sont allés dans les camps… C’est mon enfance, tout ça. Du côté de ma mère, mon grand-père Ernest a pris le maquis dans la résistance. À la fin de la guerre, les SS sont venus chez ma grand-mère pour arrêter son mari. Elle a fait une telle scène qu’ils sont partis bredouilles, apeurés.»

  • Arno parle maintenant des nationalistes extrémistes flamands

«Aujourd’hui, le monde vous inquiète…»
Arno: «Oui, j’ai peur. Quand vous parlez d’Hitler à certains jeunes, ils ne connaissent pas. C’est un autre siècle… Dans les festivals, ils sont là maintenant avec leur drapeau, leur lion… Des jeunes qui agressent la petite Anuna De Wever qui se bat pour le climat… C’est le contraire qui devrait se passer. J’ai peur… Les plus grands partis d’Ostende sont devenus la N-VA et le Vlaams Belang… A Bruxelles, on me demande si on peut encore parler le français à Ostende.»

  • Arno parle de la force des femmes de sa famille qui l’ont élevé

Arno:« (…) Moi j’ai été élevé par ma grand-mère et mes tantes. Dans la famille, la patronne, c’est la femme.» (…)»

«Aujourd’hui vous diriez que vous ne seriez pas devenu ce que vous êtes si…»
Arno: «J’ai toujours cherché la liberté. Ça vient de ma mère et de mes tantes. Ma grand-mère m’a toujours dit : « Les hommes pensent tout savoir mais ce sont les femmes qui comprennent tout ». Ma mère m’a aussi dit : « Arno, tu ne dois pas être comme les autres. Reste toi-même car c’est du boulot d’être quelqu’un d’autre… »»
(…)
Seriez-vous ce que vous êtes si vous ne l’aviez pas perdue si jeune ?
Arno: «Elle m’a montré des chemins. Comme ma grand-mère. Être libre sans faire trop de bêtises. Un petit peu seulement… Elles m’ont laissé beaucoup de liberté et mon père était plus inquiet que ma mère.»

«Chez vous, les principes et les idéaux étaient forts…»
Arno: «Oui mais mon père ne m’a jamais poussé à devenir gauchiste. Je me demande toujours pourquoi… Il ne m’a jamais parlé de politique. Jamais. S’il était encore là pour voir l’évolution de la société, il se retournerait dans sa tombe. Après s’être battu contre les nazis durant la guerre, il a continué à se battre en tant que syndicaliste. Tous les 1er mai, il était là avec sa rose rouge et son costume, poing levé…»

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