vendredi 19 avril 2024

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Bourrage de crâne

En bas d’article:

un exercice et sa correction à télécharger

Ce sont les soldats de la première guerre mondiale qui ont inventé l’expression « bourrage de crâne ». Ils voulaient dire que les journaux donnaient sans cesse les mêmes informations à la population. Les journaux répétaient et mettaient en avant les bonnes raisons de faire la guerre. Ils montraient les « bons » côtés de la guerre. Mais les journaux cachaient les mauvais côtés de la guerre. Et parfois, ils donnaient de fausses informations.

Un grand journaliste de l’époque, Albert Londres a repris cette expression.
Le bourrage de crâne, c’est ce que l’on appelle aussi la propagande. La propagande influence notre jugement. En période de guerre, il y a toujours de la propagande. Parfois, la guerre est nécessaire. Comme la guerre de 1940-1945 contre l’Allemagne nazie de Hitler. Mais la guerre ne doit pas nous empêcher de nous poser des questions. En 2001, Anne Morelli professeur d’histoire à l’Université libre de Bruxelles a publié un livre : Les 10 principes de la propagande en période de guerre. Il n’est pas inutile d’y penser en cette période de guerre.

1. Nous ne voulons pas la guerre, nous ne faisons que nous défendre

C’est ce que disent les Américains et les Européens. L’Etat islamique, Daech a égorgé des Occidentaux. Il se déclare en guerre contre les Etats-Unis et leurs alliés. On bombarde l’Etat islamique qui occupe une partie de l’Irak. C’est l’Irak qui demande de l’aide. C’est légal au niveau du droit international. Mais on bombarde aussi l’Etat islamique en Syrie. La Syrie ne l’a pas demandé. Ce n’est donc pas légal au niveau du droit international. Le président Obama a dit : « Nous pourchasserons les terroristes qui menacent notre pays où qu’ils se trouvent ». Cela rappelle ce que disait George Bush après les attentats du 11 septembre 2001 et Vladimir Poutine qui a dit, il y a quelques années, qu’il fallait « buter les terroristes jusque dans les chiottes ». Les dirigeants occidentaux et les journaux ont beaucoup hésité à utiliser le mot « guerre » contre l’Etat islamique.

2. L’adversaire est le seul responsable de la guerre

Daech attaque en Syrie et en Irak, c’est vrai. Mais il n’est pas tombé du ciel. En 2003, les Etats-Unis attaquent l’Irak et occupe le pays pendant des années. C’est à cause de ça que Daech a été créé et s’est développé.

3. Le chef du camp adverse a le visage du diable (l’affreux)

C’est ce qu’on a dit du dictateur irakien Saddam Hussein quand on a attaqué l’Irak en 2003. C’est ce qu’on a dit du dictateur libyen Khadafi quand on a attaqué la Lybie en 2011. Et pourtant, on a vendu des armes, on a acheté du pétrole et on a fait du commerce avec Saddam Hussein et Khadafi.

4. C’est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers

Quand on fait la guerre, on dit que c’est pour sauver des vies, pour faire la paix. On ne dit pas que c’est pour avoir plus de pouvoir dans la région ou le pays qu’on attaque. On ne parle pas des intérêts économiques, ni des richesses comme le pétrole par exemple.

5. L’ennemi provoque exprès des atrocités, et si nous faisons des bavures ce n’est pas exprès

Pourtant, les armées occidentales ne font pas toujours la guerre de la même façon. Par exemple, les pilotes d’avion belges essaient de tuer le moins possible de civils et d’innocents. Les pilotes américains sont moins « regardant ». Les avions sans pilote américains utilisés en Afghanistan tuent beaucoup d’innocents.

6. L’ennemi utilise des armes non autorisées

Pour attaquer l’Irak en 2003, on a dit que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive très dangereuses. On n’en a jamais trouvé. C’était un mensonge.

7. Nous avons très peu de pertes, les pertes de l’ennemi sont énormes

Les Occidentaux ont l’idée de la guerre « zéro mort » du côté occidental. On sait que si on veut vraiment faire la guerre à Daech, il faut des soldats au sol. Il y aura donc plus de morts.

8. Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause

Bernard-Henry Lévy apparaît souvent dans les médias pour demander la guerre au nom des « droits de l’homme et de la démocratie » contre « les barbares ».

9. Notre cause a un caractère sacré

En 2003, le président américain, George Bush a parlé de « croisade » pour justifier la guerre. La croisade, c’est la guerre des chrétiens contre les musulmans, il y a plus de mille ans. On utilise la religion pour influencer la population. Tous ceux qui font la guerre ont tendance à utiliser la religion. C’est évidemment le cas de l’Etat islamique.

10. Ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres

Si on n’est pas d’accord avec la guerre, on est accusé de défendre l’ennemi. Si on dit que la guerre contre l’Etat islamique va déstabiliser encore plus une région et n’apportera pas vraiment la paix, alors, on est accusé d’être avec les islamistes et les égorgeurs.
Pourtant, c’est ce qui s’est passé après la guerre en Irak et en Libye.

Un exercice à télécharger

exerbourrage.doc

Et son corrigé

correcbourrage.doc

A lire

Anne Morelli , Principes élémentaires de la propagande de guerre, utilisables en période de guerre chaude, tiède ou froide (édition Labor puis Quartiers Libres).
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Le livre d’Albert Londres
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