«Le cinéma a cette capacité à rapprocher les peuples: Almodovar m’aide à comprendre l’Espagne, Fellini l’Italie, Emir Kusturica l’ex-Yougoslavie, Milos Forman, la République tchèque : ils parlent tous de choses qui ne peuvent pas être montrées ou dites autrement.» Ce sont les mots de Cédric Klapisch. Dans le même ordre d’idées, on peut dire que Cédric Klapisch est un des cinéastes qui a le mieux aidé à comprendre l’Union européenne.
L’Union européenne de Cédric Klapisch, ce n’est pas celle des Institutions, ni celle des chefs d’Etat. L’Union européenne de Cédric Klapisch est quotidienne. Elle est l’Union des Européens que nous sommes. Cette Union-là est née de la rencontre entre des jeunes, venus de toute l’Europe. Klapisch nous raconte un bout de la vie de ces jeunes Européens dans deux films qui se suivent : «L’Auberge espagnole» et «Les Poupées russes».
Dans «L’Auberge espagnole», sorti en 2002, nous faisons la connaissance de Xavier. Ce jeune étudiant français de 25 ans part en Espagne, pour terminer ses études d’économie… Et y apprendre l’espagnol… Pour cette année Erasmus, il sera séparé de sa petite amie Martine…
En Espagne, Xavier trouve finalement un appartement dans le centre de Barcelone. Il partage cet appartement avec d’autres jeunes de son âge qui viennent tous d’un pays différent d’Europe.
L’idée de ce film, Cédric Klapisch l’a eue quand il a rendu visite à sa jeune soeur lorsqu’elle était étudiante Erasmus à Barcelone. «Tout ce côté discontinu, dépareillé et polyphonique, c’est avant tout une source de comédie. Le partage d’un appartement avec des gens qui parlent des langues différentes, c’est forcément amusant mais ce ne sont pas que les langues qui se mélangent (…) C’est une matière scénaristique extraordinaire! C’est à la fois une source de comédie, de réflexion et de questionnement sur l’Europe et plus globalement sur la différence.»
«L’Auberge espagnole» a été tourné très rapidement, sans grands moyens. Ce film a pourtant été un gros succès du réalisateur. Il a fait
3 000 000 d’entrées.
Un succès inattendu… qui a amené le réalisateur à vouloir poursuivre, approfondir le destin de ces jeunes Européens.
Les «Poupées Russes»
C’est d’abord pour retrouver ces personnages attachants que Cédric Klapisch a réalisé «Les Poupées russes». Ce film est sorti en 2005. On retrouve d’abord Xavier, le personnage central, le double de Klapisch! 5 ans ont passé. Il a trente ans. Il gagne plus ou moins sa vie comme écrivain: des articles pour un journal, des histoires à l’eau de rose, des scénarios pour une série télé, et même les mémoires d’une mannequin. Il a des problèmes avec sa banque. Il a du mal à se fixer avec une fille. Il a du mal à se fixer tout court. Il bouge sans cesse. A Paris, il squatte chez Isabelle, une copine lesbienne, spécialiste de la Bourse. Il drague une vendeuse black. Il fait du baby-sitting pour Martine. Il travaille sur un scénario en Angleterre avec Wendy. Il file à Saint-Pétersbourg en Russie pour assister au mariage du frère de Wendy… Et y retrouver les copains de Barcelone…
Xavier est toujours sincère et émouvant. Sincère dans ses aspirations, ses amitiés, ses amours. Emouvant à toujours chercher, après la fille qu’il tient dans ses bras, la fille qu’il aimera et qui reste introuvable, comme dans un jeu de poupées russes.
Nicolas Simon