On ne peut pas ignorer les chiffres : de plus en plus de réfugiés arrivent en Europe ces dernières semaines. Rien que pour le mois de juillet, au moins 107 500 personnes sont arrivées aux frontières de l’Union européenne. Parmi elles, presque 50 000 sont arrivées en Grèce par la mer. La plupart de ces personnes fuient la guerre en Syrie. En Belgique, le nombre de réfugiés augmente aussi : 3 000 personnes ont demandé l’asile en juillet.
Les guerres
L’arrivée de réfugiés risque de ne pas s’arrêter tout de suire. Pourquoi ? Parce que la plupart de ces personnes viennent de pays en guerre : la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, la Somalie, l’Erythrée. Ce sont des femmes, des hommes et des enfants qui fuient les guerres et les persécutions. Ils viennent en Europe, le plus souvent au risque de leur vie, parce qu’ils veulent être protégés. Selon la Convention de Genèverègles des Nations unies qui accordent le statut de réfugié. et la réglementation européenne, ces personnes doivent être accueillies dignement. Elles doivent pouvoir faire une demande d’asile et être protégées si elles remplissent les critères pour avoir le statut de réfugié ou de protection subsidiairedroit de vivre dans un autre pays pendant une courte durée mais sans être reconnu comme réfugié.
Donc, la toute grande majorité des personnes qui arrivent en Europe actuellement sont des personnes qui doivent être accueillies et protégées par les pays européens. Les pays de l’Union respecteraient ainsi leurs engagements internationaux. Les réfugiés qui arrivent en Europe sont nombreux, oui. Mais, contrairement à une idée fausse, la plupart ne viennent pas en Europe : 86% des 19,5 millions de réfugiés dans le monde en 2014 ont été accueillis par des pays en développementpays du Sud de la planète plus pauvres que les pays du Nord.. Par exemple, le Liban et la Turquie accueillent chacun plus de 1,5 millions de réfugiés.
L’Europe
Et que fait l’Europe ? Elle n’arrive pas à trouver un accord pour répartir 40 000 réfugiés sur deux ans dans les différents États membres et ainsi soulager la Grèce et l’Italie. Car c’est dans ces deux pays qu’arrive la grande partie des migrants. En plus, le chiffre de 40 000 réfugiés n’est rien : 70 000 réfugiés sont arrivés sur les côtes de Grèce et d’Italie. C’est pourquoi la Commission propose un plan pour accueillir 120 000 réfugiés. Certains pays d’Europe de l’Est ont, eux, décidé de refuser d’accueillir les réfugiés et de construire des murs. Les populismes et les attitudes xénophobes ressurgissent, ici et là, quand il s’agit d’accueillir les demandeurs d’asile dans les villes et villages.
Europe, réveille-toi !
Il n’est plus temps de discuter pour répartir quelques milliers de réfugiés. Et construire des murs pour tenter d’empêcher l’arrivée des réfugiés ne sert à rien. Les migrants, forcés fuient des situations insoutenables. Ils trouveront donc toujours d’autres routes, même plus dangereuses, pour rejoindre l’Europe.
La situation appelle une réponse forte de tous les pays européens. L’Europe a le devoir légal et moral d’accueillir ces réfugiés. Le devoir légal : l’Europe doit respecter les règles qu’elle a signées. Le devoir moral : l’Europe s’est créée sur les valeurs de dignitéRespect pour l'être humain humaine, de liberté, d’égalité et de solidarité. Et elle dit défendre toujours ces valeurs. Comme l’Allemagne, les autres États de l’Union européenne gagneraient à voir les migrations comme une chance et pas comme une menace.
Que faire ?
Des solutions immédiates existent. Une solution est d’appliquer la directive européenneloi qui doit être respectée par les pays de l'Union européenne sur la protection temporaire. Cette directive met en place un accueil exceptionnelqui est rare, pas dans les habitudes dans les cas d’arrivée massive dans l’Union européenne d’étrangers qui ne peuvent pas rentrer dans leur pays, à cause d’une guerre, de violences ou de violations des droits humains. Cette directive permettrait de répartir de manière plus juste les demandeurs d’asile sur tout le territoire de l’Union européenne. Elle permettrait aussi de donner aux réfugiés une protection temporaire rapide. Cette directive n’a jamais été appliquée par manque de volonté politique.
L’Union européenne doit aussi changer le règlement de Dublin : selon cette règle, la demande d’asile du réfugié doit être examinée par son premier pays d’entrée en Europe. En effet, ce règlement est inutile. La Grèce et l’Italie, par exemple, ne peuvent faire face à toutes les demandes.
Enfin, l’Europe ferait mieux d’engager des moyens pour garantir la paix et le développement dans les pays en développement. Au lieu de cela, elle diminue les budgets d’aide au développement et se barricadebarrière faite de pavés et d'objets divers pour bloquer une rue et se défendre derrière des forteresses qui coûtent de plus en plus cher.
Aujourd’hui, l’Europe ne peut plus faire semblant de ne pas voir ce qui se passe à ses portes et sur son territoire. Il est urgent que les États membres réagissent ensemble et prennent enfin leurs responsabilités.
Informations sur la manifestation du 27 septembre
Signez la pétition Bienvenue aux réfugiés
Malou Gay est co-directrice du CIRÉ (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers)
Le CIRE
Arnaud Zacharie est secrétaire général du CNCD-11.11.11 (Centre national de coopération au développement)
Bienvenue aux réfugiés: le clip