samedi 20 avril 2024

L’ESSENTIEL L’information simple comme bonjour

Jour de lutte et jour de fête

Il y a plus de 200 ans, les machines commencent à changer complètement la manière de fabriquer des produits. C’est le début de la révolution industrielle en Europe et aux Etats-Unis. Pour faire tourner l’industrie, il faut beaucoup de travailleurs. C’est la naissance de la classe ouvrière. Les travailleurs vivent dans la misère. Ils travaillent 15 à 16 heures par jour. Pendant la première moitié du 19e siècle, les ouvriers ne peuvent pas ou ne savent pas comment réagir. Les patrons ont tous les pouvoirs. Quand des ouvriers réclament de meilleures conditions de travail, quand ils font grève ou quand ils manifestent, la police et l’armée rétablissent l’ordre presque toujours avec violence.

Les débuts de la lutte

Peu à peu les ouvriers s’organisent. Ils créent des mouvements et des associations, des partis, des syndicats. En 1864, l’Internationale est créée. C’est la première Association internationale des travailleurs. L’Internationale veut influencer et orienter les luttes locales et nationales vers l’internationalisme. Pour gagner, il faut unir les forces du mouvement ouvrier. En 1866, c’est le premier congrès de l’Association internationale des travailleurs. On y pose le principe de la journée de 8 heures de travail. Les syndicats américains réclament la journée de 8 heures le 1er mai 1886. Pourquoi le 1er mai ? D’abord parce que dans beaucoup de pays, le 1er mai c’est l’arrivée du printemps et le renouveau de la nature. Et surtout parce que dans plusieurs Etats des Etats-Unis d’Amérique, c’est, à l’époque, le jour de la fin des contrats de travail avant l’engagement de nouveaux ouvriers. Les travailleurs résumaient ainsi leur situation: « jour de mai, jour de paie, prends tes affaires et va voir ailleurs ».

Le premier 1er mai

Le 1er mai 1886, aux Etats –Unis, 300.000 ouvriers sont en grève . A Chicago, ce jour-là, 80.000 ouvriers manifestent. La police tire et tue des ouvriers. La tension monte dans la ville. Le 4 mai, les travailleurs organisent une grande réunion politique avec discours : un meeting. La police intervient à nouveau. Une bombe éclate et tue des policiers. Les policiers tirent dans la foule. Ils tuent 7 ou 8 ouvriers. On ne sait pas qui a jeté la bombe. Le lendemain, les patrons et la police voient chaque ouvrier comme responsable des violences. Pour les patrons et la police, il faut des coupables. Huit dirigeants du mouvement ouvrier sont condamnés sans aucune preuve : 4 seront pendus, un autre se suicidera. La « bonne » société voulait donner un exemple.

Le premier 1er mai international

Pour les classes privilégiées de l’époque (les patrons et les bourgeois), les ouvriers étaient coupables de lutter ensemble pour améliorer leur vie dans leur pays et dans le monde. En 1889, le congrès socialiste international décide de créer un jour de fête et un jour de grande manifestation internationale. Le 1er mai de Chicago a marqué les esprits. On choisit donc le 1er mai. Dès 1890, le 1er mai devient un symbole. De plus en plus de travailleurs refusent de travailler le 1er mai et revendiquent la journée de 8 heures de travail et plus de droits. Souvent la police intervient violemment contre les manifestants.

Nouvel élan

En 1917, c’est la révolution russe. Le Parti communiste arrive au pouvoir. Le 1er mai prend une nouvelle dimension. Les communistes russes fêtent la révolution et l’arrivée au pouvoir du Parti communiste. Les socialistes, les communistes et tous les groupes liés au mouvement ouvrier font du 1er mai un jour de lutte et un jour de fête. Tous ces groupes ne sont d’ailleurs pas toujours d’accord sur ce qu’il faut changer pour améliorer la vie des travailleurs. Mais malgré la puissance des patrons, malgré les crises économiques, malgré les divisions internes du mouvement ouvrier, il y a beaucoup de progrès.
Dans les années 1920, les travailleurs obtiennent des lois sur les 8 heures de travail par jour. Leur slogan devient réalité: 8 heures de travail, 8 heures de sommeil et 8 heures de temps libre pour la culture et le délassement. Dans les années 1930, il y a eu, par exemple, des lois pour les congés payés. A la même époque, il y a eu de grands rassemblements contre le fascisme et le nazisme. Juste après la fin de la 2e guerre mondiale, le 1er mai devient jour de congé payé dans plusieurs pays comme en Belgique et en France. Aujourd’hui, le 1er mai est officiellement la fête internationale des travailleurs dans plus de 170 pays du monde.

1er mai récupéré

Pour les organisations de la gauche politique, le 1er mai est toujours l’occasion de réclamer de meilleures conditions de travail, de vie et plus de libertés. Mais le 1er mai est devenu un jour de fête autant qu’un jour de lutte. Et même plusieurs organisations qui ne sont pas liées au mouvement ouvrier fêtent, elles aussi, le 1er mai. C’est le cas, par exemple, des libéraux en Belgique qui font la fête du travail. En France, le Front National a choisi le 1er mai pour fêter Jeanne d’Arc. Cette fête de l’extrême droite est le contraire de ce qu’ont voulu les travailleurs en manifestant le 1er mai. Contre l’extrême droite et pour les idées de progrès, d’égalité, de solidarité et de liberté, celles et ceux qui se réclament du mouvement ouvrier ont toutes les raisons de se retrouver, encore aujourd’hui, le 1er mai.

[(Brin de muguet
Le 1er mai, c’est aussi le muguet que l’on offre aux femmes que l’on aime et c’est le muguet porte-bonheur. Le muguet est une fleur qui montre que le printemps est bien là. Le muguet n’a pas toujours été la fleur des manifestations du 1er mai. Autrefois, l’églantine rouge et le coquelicot ont été les fleurs du 1er mai. La couleur de ces fleurs rappelait le rouge des drapeaux des manifestations du 1er mai. Il semble que l’idée de remplacer l’églantine par le muguet vient surtout de France. Pendant la Deuxième guerre mondiale, les Allemands occupent une partie de la France, un gouvernement français qui collabore avec les Allemands dirige l’autre partie du pays. C’est le régime de Vichy dirigé par le maréchal Pétain. Pour le régime de Vichy, les communistes, les syndicats et la gauche politique en général sont des ennemis. Le rouge de l’églantine et du coquelicot est donc très mal vu. On les remplace par le muguet, blanc. Il faut ajouter que, dans le passé, on trouvait beaucoup d’églantines et de coquelicots, notamment dans les haies ou au bord des routes. Le paysage a changé : on en trouve beaucoup moins aujourdhui. Par contre, on peut cultiver le muguet, en produire et en vendre beaucoup.)]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos

Par son existence même, le site de l’Essentiel mène des actions pour encourager la lisibilité des textes écrits. Les articles du site www. journal-essentiel.be sont écrits dans un langage accessible à tous, quelque soit son niveau de lecture de départ. Et les mots incontournables sont expliqués dans un glossaire qui accompagne l’article. Mais le site s’inscrit aussi dans un combat plus large.

Articles récents
arton3358
Pouvoir d'achat en baisse, inégalités en hausse
arton3348
Les animaux malades de la peste
arton3317
« Merci Patron ! », pour passer à l’action !
Newsletter

Restez informé, inscrivez-vous à notre newsletter, c’est gratuit et utile !

Nous suivre