Les apprentis de la langue connaissent les difficultés qu’il y a à écrire correctement des mots qui se prononcent de la même façon que d’autres mots et qui ont les mêmes lettres ou presque. Ainsi, les « classiques » : ses/ces/c’est/ ; on/ont/ ; mon/ m’ont/ mont ; a/à ; seau/saut, etc. Ces mots sont des homophones. Des suites de mots peuvent être homophones. Et on peut jouer sur leur homophonie. On prend un groupe de mots et on essaie de le remplacer par d’autres mots qui se prononcent de la même façon et qui ont un sens différent. On écrit ensuite une petite histoire pour justifier l’homophonie. Ce qui est gai, c’est quand l’homophonie n’est pas tout à fait exacte, le son n’est pas tout à fait le même. C’est le jeu des « homophonies approximatives ». On peut en trouver sur internet, on peut en inventer. Une fois la petite histoire écrite, dite aussi fable-express, on la lit à haute voix aux autres participants.
Exemples de fables-express à partir d’homophonies « classiques »
Un bon appartement chaud
Lors de la retraite de Russie, il faisait très froid et l’empereur des Français était frigorifié. Il regardait passer ses troupes battues par l’armée russe. C’était une défaite mais l’empereur essayait de se réconforter en pensant qu’il allait bientôt rentrer dans son confortable château de Fontainebleau. Comme à son habitude, il avait une main glissée sous son gilet, l’autre main dans le dos. Le maréchal de l’armée passe devant l’empereur, il pense lui aussi au retour dans son pays et il croit voir un Bonaparte manchot.
La musique adoucit les mœurs
Une jeune fille de Sibérie fait une expédition au Pôle Nord. Sur une banquise, elle voit des phoques qui se battent, d’autres qui grognent. Elle s’approche et tout à coup les phoques se calment. La « mujik » adoucit les morses.
La Belle de Cadix a des yeux de velours (chanson chantée par Luis Mariano)
Parti de la gare du Nord, le train roule vers l’Espagne. Luis est content, il va revoir le pays et la famille. Confortablement installé, il s’endort. Tout à coup, il est réveillé par le grincement des roues du train sur les rails. Luis essaie de ne pas y penser mais rien à faire, ce bruit l’obsède. Heureusement, le train ralentit puis s’arrête, on est à la gare frontière. Luis change de train pour la dernière étape. Il a encore le grincement des roues dans l’oreille. Le train espagnol démarre, accélère et, surprise, aucun grincement, les roues glissent sur les rails. Luis s’étonne et, au moment du contrôle des billets, il pose la question à l’agent des chemins de fer qui lui répond : la bielle de Cadix a des essieux de velours.
Montserrat Caballé (célèbre chanteuse d’opéra)
Enfant déjà elle chantait. Du matin au soir, à la maison, dans la rue, à l’école, elle chantait. Sa voix mélodieuse faisait l’admiration de tous. Elle voulait aussi chanter là-haut sur la colline mais ses parents le lui défendaient. Elle était encore trop petite pour comprendre : c’était une colline sacrée. Un jour, bravant l’interdit, elle s’en est allée chanter sur la colline. Son chant a attiré les villageois mécontents qui criaient, qui hurlaient. Elle a pleuré et n’est plus jamais allée chanter sur la colline.
Elle est maintenant une grande diva. Elle chante sur toutes les grandes scènes et dans tous les grands festivals. Cependant, elle ne veut jamais chanter au festival de Bayreuth. Pourtant, la salle de Bayreuth est une des plus célèbres du monde. Traumatisée par son souvenir d’enfance, elle ne peut pas chanter dans cette salle d’opéra située en hauteur, sur ce que l’on appelle la « colline verte ». Car elle sait que : où mont sera, cabale y est.