samedi 20 avril 2024

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Le prof face à la police, la photo symbole

La réaction d’Olivier De Schutter

Chers Amis de Facebook,
Beaucoup d’entre vous ont réagi à la vision de photos qui me montrent face à un policier qui s’apprête à m’envoyer une giclée de spray au poivre alors que je parlemente. Je vous remercie de ces gestes de solidarité. Aux journalistes qui m’ont demandé de réagir, j’ai fait part de mon souhait de discrétion: mon cas en effet n’est pas, de loin, aussi grave que celui de ces familles, y compris avec des jeunes enfants et des personnes âgées, qui étaient là pacifiquement, pour exprimer leur inquiétude face à la lenteur de l’action sur le climat — et inquiet, franchement, on le serait à moins, compte tenu des alertes à répétition des scientifiques. Mais je peux rompre mon silence pour parler non pas de mon expérience, mais de la situation que nous vivons. Je constate que nos gouvernements sont dans une complète schizophrénie: on prend des engagements sur le climat, mais on continue de négocier des accords commerciaux qui vont à rebours de ces engagements, et de promouvoir des modes de consommation et de production qui ne sont absolument pas durables, y compris en subsidiant les énergies fossiles et en investissant dans la bétonnisation, pour la voiture ou pour l’avion. Ces jeunes disent leur désarroi. Ils le font pacifiquement. On leur répond par des matraques, des chiens et des auto-pompes. C’est totalement inacceptable. Nous avons besoin que les politiques tiennent des propos qui apaisent, qui réconcilient notre société avec elle-même: c’est ensemble, unis que nous pourrons gagner le combat contre les changements climatiques. Au lieu de cela, on parle de ces manifestants comme s’il s’agissait de dangereux radicaux. Mais ce n’est pas en décrédibilisant leur combat que l’on répondra à l’urgence climatique.

La réaction de Bernard De Vos, le délégué aux droits de l’enfant

La photo d’ Olivier qui circule abondamment sur les réseaux est bien plus inquiétante que ce qu’on en dit.
Le policier n’a pas en face de lui le professeur de droit international à l’ UCL, « Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation » de 2008. à 2014. Il n’en sait rien.
Il a en face de lui un citoyen blanc, dans la cinquantaine, habillé de façon bourgeoise, qui lève les mains en guise de soumission. Même courroucé, on se doute qu’ Olivier lui parle respectueusement avec un vocabulaire choisi, malgré la bombe au poivre qui le toise à moins d’un mètre. Le tout sous les objectifs de plusieurs photographes de presse.
Alors on se prend à penser que, peut-être, les nombreux témoignages d’autres citoyens, plus jeunes, habillés de façon ouvrière, avec d’autres couleurs de peau, au vocabulaire moins policé ne sont pas si fantasmés que les autorités aimeraient le laisser croire.
Que les injures et les insultes racistes , jamais reconnues, sont certainement plus fréquentes que les rares plaintes déposées contre les agents qui les profèrent. Qu’il se pourrait bien que, sans témoin et sans personne pour le défendre, ce jeune MENA ait bien passé la nuit à poil, attaché à un radiateur. Que l’histoire difficile à croire de cet autre gamin de 15 ans, arrêté suite à un vol à l’étalage qui se retrouve plaqué ventre à terre, tenu fermement par un policier à chaque bras pendant qu’un troisième joue à Tamborine Man sur son dos, n’a sans doute pas été inventée de toute pièce. Et que les chutes accidentelles dans l’escalier du commissariat ne sont sans doute pas aussi fréquentes qu’on le dit.
Voilà ce que dit aussi en creux la photo d’Olivier. Et c’est terrifiant.

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