Le « revenge porn » est une expression anglaise qui veut dire « revanche pornographique ». Le revenge porn est publié sur des comptes appelés Fisha. Fisha est une expression qui vient du verbe « afficher » à l’envers, c’est ce que l’on appelle du verlan, un parler argotEnsemble de mots inventés par un groupe de personnes pour pouvoir parler sans que d'autres personnes ne comprennent ce qui se dit.. Sur les comptes fisha, des personnes mal intentionnées publient sur les réseaux sociaux (Instagram, Telegram, Snapchat) des photos et vidéos sexuelles et intimes d’une personne sans son autorisation.
Tout cela pour humilier cette personne, la menacer et se venger, suite par exemple à une rupture amoureuse. Même si la personne qui apparaît sur les images était d’accord pour prendre la photo ou la vidéo, il est interdit de diffuser ces images sans son autorisation. Car ces images intimes sont vues sur la toile par tous et toutes. Y compris la famille, les amis, les voisins, les copains d’école…
Conséquences terribles
Cette forme de cyberharcèlementpublications faites sur internet pour faire du mal à une personne peut toucher tout le monde, mais la plupart des victimes de comptes fisha sont des femmes, souvent mineures. Selon l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, 80 à 90 % des victimes de revenge porn sont des femmes. Et selon une étude européenne, 1 jeune femme sur 5 déclare avoir été victime d’au moins un cyberharcèlement d’ordre sexuel depuis ses 15 ans. Et parfois, les victimes sont encore plus jeunes.
Les conséquences de la diffusion de ces images sont évidemment terribles. Les victimes, honteuses, s’isolent, tombent en dépression, angoissent. Certaines se suicident… Le journal français Le Monde a publié des témoignages de jeunes filles dont des ex-petits amis ont publié des photos ou vidéos sur les réseaux sociaux. « Malgré le nombre très élevé de victimes, très peu portent effectivement plainte, explique Le Monde. D’abord, parce que peu d’entre elles savent qu’il s’agit d’un délitaction contraire à la loi.. Ensuite, la plupart sont encore mineures et se disent envahies par la honte, notamment vis-à-vis de leurs parents, ce qui renforce leur isolement. »
Pire en confinementenfermement dans un certain espace
En cette période de maladie du Covid, et donc de confinement, ces harcèlements en ligne ont augmenté. Rachel-Flore Pardo, une avocate française, en parle : « Le confinement a 3 effets amplificateurs. D’abord parce qu’il y a une augmentation du temps passé sur internet et sur les réseaux sociaux – donc les auteurs ont plus le temps de publier les contenus, et ce contenu a plus d’audience que d’habitude. Mais, surtout, l’impact est plus fort sur la victime, car elle est confinée, donc isolée. C’est pour cela qu’il y a urgence à agir. »
Pour lutter contre ces agressions, des groupes de citoyens et citoyennes agissent derrière leurs écrans. C’est le cas du collectif StopFisha. Ces internautes bénévoles s’organisent pour lutter contre les comptes fisha. Ils identifient et tentent de supprimer ces comptes le plus rapidement possible en les signalant aux plateformes de réseaux sociaux. Si certaines plateformes réagissent rapidement en supprimant l’image ou la vidéo, d’autres ne le font pas ou peu.
Une loi et un soutien aux victimes
En Belgique, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes aide les victimes de revenge porn à faire retirer les images des plateformes en ligne et à porter plainte. En avril 2020, une loi a été adoptée pour punir ceux qui font du revenge porn. Avec cette loi, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes pourra aussi introduire une action en justice avec l’accord de la victime.
Mais pour porter plainte, il faut avant tout réussir à sortir de son isolement pour parler et se reconnaître comme victime. Car comme l’explique encore l’avocate Rachel-Flore Pardo : « Trop souvent les victimes de revenge porn avec lesquelles je suis en contact s’en veulent au point de se dire que tout est de leur faute, que c’est elles qui sont en tort, et non l’auteur de l’infraction. Je leur dis et je le répète : NON ce n’est pas votre faute, vous n’avez rien fait de mal, vous n’avez pas à vous en vouloir. Vous êtes victimes et vous pouvez porter plainte. »
[(En savoir plus
Stop cybersexisme
Le compte Facebook de StopFisha
L’initiative de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes )]