Bohémiens ? Romanichels ? Gitans ? Voleurs ! Mendiants qui exploitent leurs enfants et qui kidnappent les enfants des autres ! Individus qui ne savent pas s’intégrer à la société ! Etc. Il y a beaucoup de préjugés sur les Roms.
Car c’est par ce nom que ces communautés ont choisi de s’appeler. Dans la langue des Roms, le romani, Rom veut dire homme, au sens d’être humain en général. Mais dans nos sociétés, les Roms ont moins de droits que les autres hommes. Les Roms sont la plus grande minorité d’Europe : ils sont 10 à 12 millions en tout et 6 millions dans les 28 pays de l’Union européenne. Et dans tous les pays d’Europe, ils sont victimes de préjugés, ils sont discriminés et même parfois renvoyés à l’état de sous-homme…
Les Roms à part
Dans les villes, on met les Roms dans des quartiers « à part ». A l’école, leurs enfants sont mis « à part ». Ce sont des citoyens mis « à part ». Les Roms sont parfois victimes de violences racistes et dans certains pays d’Europe, leurs droits humains sont niés. Pour que ces citoyens « à part » deviennent des citoyens à part entière, il faut qu’ils interviennent dans le débat démocratique. Il faut que des responsables politiques les écoutent. Il faut que les pouvoirs publicsL'Etat, le gouvernement, les administrations les encouragent à participer à la vie sociale et démocratique.
Pour des Roms dans la ville
Depuis quelques années, le Parlement européen et le Conseil de l’Europe se soucient de la situation des Roms. Le Conseil de l’Europe a créé l’Alliance européenne des villes et des régions pour l’inclusionparticipation à la vie sociale comme les autres citoyens, le contraire d'exclusion des Roms. Plus de 120 villes et régions d’Europe sont dans cette Alliance. En Belgique, les villes d’Anderlecht et de Gand, par exemple, y participent.
A Charleroi, le CRICabréviation de Centre Régional d'Intégration de Charleroi veut stimuler la réflexion et l’action des villes de la région pour une meilleure politique en faveur des Roms. Pour cela, le CRICCentre régional d'intégration de Charleroi a, par exemple, organisé une rencontre à Charleroi. Des représentants de villes comme Charleroi, Thuin ou Châtelet, des acteurs de terrain, de services communaux ou de CPASCentre public d'action sociale y étaient invités. Lors de cette rencontre, on a décrit la situation sociale et économique des Roms. On leur a donné la parole et on a lancé le débat.
Des hommes et des femmes à part entière
Lors de cette rencontre, Corinne Torrekens, docteure en sciences politiques et sociales de l’ULB a retracé les grandes étapes de l’histoire des Roms . Puis elle a décrit la difficile situation sociale et économique des Roms en Belgique. Un exposé clair, court mais complet. Retenons-en au moins une chose : méfions-nous du mot Rom comme catégorie fourre-tout. Les Roms, ce sont des communautés différentes avec des styles de vie différents, des religions et des nationalités différentes. Certains Roms sont les descendants de Roms arrivés chez nous…il y a 600 ans. Et d’autres Roms viennent d’arriver en Belgique. Il y a des Roms sédentaires, d’autres nomades. D’autres encore qui ne se déplacent qu’à certaines périodes de l’année. Il est important que ce peuple soit reconnu et obtienne les mêmes droits que les autres citoyens. Mais il ne faudrait pas oublier sa diversité.
Lors de cette rencontre, les Roms avaient aussi la parole. Elvira Hasan, présidente du Conseil des Roms, Sintissans doute des descendants des Roms arrivés en Belgique au 15e siècle et Gens du voyage en Belgique a parlé des difficultés des Roms. Car un des problèmes roms, c’est leur difficulté à se déclarer rom. C’est normal : il y a tellement de préjugés contre les Roms. Pourtant, Elvira Hasan croit qu’il faut oser se déclarer rom… même si c’est difficile de franchir le pas.
Car pourquoi un Rom cache-t-il qu’il est Rom ? Parce qu’il veut s’intégrer dans la société. Et il se dit que s’il se déclare Rom, il ne pourra plus s’intégrer. C’est cette difficulté-là qu’il faut surmonter. C’est cette difficulté-là qu’elle a surmontée. Venue de Macédoine, elle est arrivée en Belgique à 10 ans. Après un parcours scolaire compliqué, cette jeune femme est maintenant traductrice, médiatrice interculturelle et suit des études universitaires en sciences politiques. Elle croit en l’exemple : c’est aux Roms d’ouvrir la voie. Et ouvrir la voie, c’est ce que fait cette jeune femme lucide et passionnée.
Voir un reportage de Télésambre
Une interview d’Elvira Hasan